Les Echos quotidien : Qu'est ce qui a motivé l'organisation du 1er colloque de Coface au Maroc ? Jean-Marc Pons : Le contexte de la crise économique mondiale provoque des inquiétudes sur les performances des entreprises, qui sont un obstacle pour l'accès au crédit, moteur de croissance. Nous avons jugé opportun de mettre en lumière le Maroc, qui est l'un des principaux pays situé au cœur de notre plateforme Méditerranée, Afrique et Moyen-Orient et qualifié d'une évaluation A4, stable depuis 6 ans. Après l'Afrique du Sud, la direction commerciale du groupe a décidé de confier à sa filiale Coface Maroc, l'organisation de la 1ère édition marocaine du Colloque Risque Pays, dans le but d'informer sur les risques dans le monde, d'examiner les perspectives du marché national et de lancer des thèmes de réflexion, notamment sur les opportunités de développement à l'export. Quelles sont les retombées que l'on peut attendre d'un tel évènement ? Une plus grande sensibilisation aux risques, qu'ils soient commerciaux ou politiques, un intérêt accru pour les solutions d'information et de protection, une collaboration plus étroite entre les institutions financières et les assureurs-crédit, pour financer le besoin en fonds de roulement des entreprises. Que représente désormais un pays comme le Maroc pour Coface ? Le Maroc fait partie des pays qui appartiennent à la catégorie des meilleurs risques (de A1 à A4). Le Maroc représente un gisement de projets dont les donneurs d'ordres, grands offices, ou entreprises de toute taille, présentent un potentiel de développement se traduisant en croissance du PIB que nous prévoyons à 3,2% pour 2012, à égalité avec celle du Brésil et supérieure à celle de la Turquie, également évaluée A4, à celle des Emirats, à 2,8%. Le niveau de présence de Coface au Maroc va-t-il prendre une autre dimension ? Les entreprises marocaines sont devenues exigeantes en matière de qualité de services. Rappelons que Coface n'est pas assureur au Maroc mais opère à travers un partenariat technique conclu avec Axa Assurances Maroc. Le rôle de Coface Maroc est d'accompagner l'évolution des besoins de son partenaire en matière d'assistance technique. Nous avons créé un dispositif unique sur le marché marocain qui intègre au sein d'une même entité, toutes les composantes de la gestion du risque de crédit : information, protection et recouvrement, ainsi qu'un pôle relations clients, véritable interface entre les besoins de garantie exprimés et les centres de décision. Comment évaluez-vous les perspectives de l'économie marocaine entre la crise de la zone euro et le Printemps arabe ? Ce sujet sera traité au cours des exposés et de la table ronde pendnat le colloque. Nous pouvons cependant noter qu'en réponse à une insatisfaction politique et sociale grandissante, dans le sillage des révoltes dans le monde arabe, une réforme constitutionnelle, initiée par le roi Mohammed VI, a été approuvée par référendum en juillet 2011. Beaucoup dépendra de la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, mais aussi du progrès vers une plus grande justice sociale, par le biais d'une réduction de la pauvreté, des inégalités et du chômage. Les défaillances d'entreprises sont en progression au Maroc, est-ce un indice inquiétant ? Nous nuancerons le propos en relevant plutôt un allongement des délais de paiement, qui représente, certes, un risque majeur de défaillance des entreprises. Coface Maroc a mis en place un service adapté à la relance, qui permet aux entreprises d'intervenir dès l'émission de la facture pour garder d'une certaine manière le débiteur sous contrôle jusqu'au paiement à l'échéance. Les pratiques existantes ne sont pas une fatalité et les progrès que nous avons enregistrés sur les délais moyens de paiement sont significatifs. Sur le plan de la sinistralité, Coface mesure en continu la fréquence des incidents de paiement annonciateurs de défaillances. La sinistralité observée au Maroc est maîtrisée dans le sens des importations. Celle qui a été enregistrée sur le marché domestique est très faible. Ceci s'explique par une politique de gestion des risques rigoureuse, mais aussi –, il faut le dire – par un historique récent. Comment évaluez-vous le risque pays du Royaume ? Le Maroc combine la même évaluation A4 pour le risque pays et l'environnement des affaires. Comme déjà évoqué, il appartient à la catégorie des meilleurs risques. Le risque pays mesure l'influence du cadre macroéconomique et institutionnel du pays sur le risque de crédit des entreprises. L'évaluation pays mesure le niveau moyen de risque d'impayés présenté par les entreprises du pays. Pour le déterminer, Coface combine les perspectives économiques, politiques et financières du pays, l'expérience de paiement de Coface et l'environnement des affaires du pays. Les évaluations se situent sur une échelle de sept niveaux : A1, A2, A3, A4, B, C, D. L'évaluation environnement des affaires mesure la qualité de l'environnement des affaires et notamment la fiabilité et la disponibilité des comptes et le caractère efficace et équitable du système juridique pour les créanciers. Cette évaluation s'étend également sur la même échelle de 7 niveaux : A1, A2, A3, A4, B, C et D. Il y a un problème structurel lié à une déficience d'information sur les entreprises au Maroc. Comment gérez-vous cette donne ? D'abord, il faut souligner le formidable travail que fait l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale – Ompic – dans la publication et la mise à disposition des bilans. C'est une source indispensable pour nos analystes qui retraitent ces informations, pour qu'elles soient bien utilisées par nos centres d'arbitrage. L'accès à l'information est fonction de la taille de l'entreprise, du secteur d'activités, des habitudes liées à la culture des affaires. Le savoir-faire des équipes de Coface Maroc fait la différence. Les entreprises marocaines investissent de plus en plus l'Afrique. Que pouvez-vous faire pour les y accompagner ? Coface met à la disposition des entreprises son réseau en Afrique subsaharienne : 50 collaborateurs, analystes de crédit, agents de recouvrement, gestionnaires de portefeuilles, qui sont déployés dans neuf pays d'Afrique de l'Ouest et centrale : Sénégal, Côte-d'Ivoire, Mali, Burkina-Faso, Togo, Bénin, Ghana, Cameroun, Gabon. Les banques marocaines peuvent profiter d'une solution Coface intégrée : information, facto-services, assurance-crédit, qui leur permet de proposer à leurs clients de l'affacturage sans recours. Grâce à l'expertise de Coface dans l'analyse du risque acheteur, la mobilisation du poste client de PME, souvent fragile, offre aux banques de nouvelles capacités de financement et aux PME mêmes la possibilité d'accéder au crédit. Coface est également implanté en Afrique du Sud, à travers sa filiale d'assurance-crédit Coface South Africa. Quel est le niveau de votre collaboration avec des organismes comme la SMAEX ou encore la CGEM ? Smaex est membre du réseau Credit Alliance et, à ce titre, bénéficie d'une collaboration institutionnelle et technique de Coface. Coface s'appuie également sur Smaex au sein de ce réseau. Par ailleurs, Coface Maroc est membre de la CGEM et peut contribuer par son action à la promotion et à la défense des valeurs, qui sont partagées par les deux institutions : la qualité professionnelle, le respect des engagements, la responsabilité sociale.