Dans un monde de plus en plus chaotique, les décideurs ont besoin de signaux forts sur la conjoncture. La compétition internationale acharnée, exacerbée, transforme les informations stratégiques en enjeux stratégiques. Pour le Maroc, si l'Europe s'enfonce dans la crise, il faut surveiller le canal bancaire. Dans cette période très tumultueuse, le risque-pays continue de hanter les esprits. Et pour cause, la crise financière qui s'est déclenchée à la fin de l'année 2007 s'est traduite par une remise en cause du système de fonctionnement des économies de marché. Certains pays ont vu leur note se dégrader du jour au lendemain à cause d'un surendettement excessif, d'autres, par contre, ont pu la maintenir. Dans ce sillage, le colloque qui s'est tenu récemment à l'occasion de la déclinaison régionale du risque-pays de la Coface qui tient régulièrement sa session annuelle à Paris, se veut une rencontre pleine de promesses. Ledit colloque est coorganisé avec la SMAEX, la CGEM et la CFCIM. Tout au long de cet événement, des économistes, des chefs d'entreprise, des universitaires ont apporté leur pierre à l'édifice pour examiner les tendances majeures de l'année 2012 tout en évaluant leur impact sur la situation économique locale et régionale. Comme l'a expliqué N. Lahrichi, présidente de la SMAEX, «ce colloque se tient aussi à l'occasion du séminaire de CreditAlliance, réseau mondial spécialisé dans les métiers du poste client et permettant à ses membres un accès à l'information sur des millions d'entreprises et un développement continu en terme d'ingénierie de l'information». Au cours des dernières années, l'information a occupé une place de choix dans les prises de décision en raison de la révolution des technologies de l'information et du développement des réseaux sociaux. Aussi, d'après la présidente de la SMAEX la compétition internationale acharnée, exacerbée, transforme les informations stratégiques en enjeux stratégiques. Les compétiteurs avertis l'ont compris et c'est pourquoi l'anticipation devient déterminante et c'est précisément ce qui caractérise l'assurance-crédit dont le cœur de métier repose sur l'anticipation des probabilités de défaillances des entreprises fondée sur une analyse dynamique du risque. Ceci laisse prédire que le système de notation regroupe les perspectives économiques et politiques d'un pays, l'environnement des affaires et l'analyse de solvabilité de l'entreprise. Dans le même sillage, un système d'intelligence économique est en cours de mise en œuvre au sein du Conseil National du Commerce Extérieur. Le but étant, bien entendu, d'assurer un suivi régulier de l'information. Pour N. Lahrichi, si l'assurance-crédit couvre le risque d'insolvabilité du client, sa dimension est plus politique que commerciale car elle est l'outil de promotion des exportations et des investissements. Yves Zlotowski, économiste en chef à Coface, a tenu à rappeler dans son intervention que le risque-pays mesure l'influence du cadre macro-économique et institutionnel du pays sur le risque de crédit des entreprises. En matière d'évaluation du pays, Coface mesure le niveau moyen de risque d'impayés présenté par les entreprises d'un pays. Les évaluations se situent sur une échelle de 7 niveaux. Pour ce qui est de l'environnement des affaires, elle mesure la qualité de l'environnement et notamment les fiabilités et disponibilités des comptes et le caractère efficace et équitable du système juridique sur les créanciers. Crise locale vs crise systémique La crise financière s'est traduite par une récession et une contraction de l'activité qui a eu comme effet une crise des impayés globale. Pour le Maroc, l'économie présente un rythme de croissance assez stable. Aussi, dans un cadre macro-économique sain, les entreprises marocaines paient bien. L'évaluation du risque Maroc est stable depuis janvier 2007 (voir tableau). Toutefois, Zlotowski met en garde contre l'enfoncement de la crise en Europe qui risque de se répercuter sur les capitaux étrangers. «Si la crise s'aggrave, les banques peuvent se retirer massivement et d'où la nécessité de surveiller le canal bancaire», affirme-t-il. En ces moments de crise, nous avons assisté en Europe à des dettes de plus en plus pesantes. Sur le plan micro-économique, les entreprises s'endettent mais pas trop. Par contre la dette publique a énormément augmenté depuis le déclenchement de la crise. «L'intégration financière transforme la crise locale en une crise systémique», ajoute Y. Zlotowski. Cela veut dire qu'on ne peut plus raisonner crise par crise, mais d'une manière globale. Et tout traitement de la dette souveraine affectera les entreprises. Si on prend l'exemple des entreprises espagnoles et italiennes, on remarque que ces dernières souffrent beaucoup de la crise. L'Allemagne dépend de la performance des entreprises exportatrices. Si les pays partenaires de l'Allemagne s'enfoncent dans la crise, son tissu économique risque de flancher. L'Europe du Sud est appelée à relever les défis à long terme et le problème qui se pose pour les entreprises espagnoles et italiennes est qu'elles sont peu innovantes. Selon Coface, les incidents de paiement enregistrés par les entreprises de l'Europe du Sud ont atteint un taux de croissance annuel de 47%. Pages réalisées par S. E. & I. B.