Après la filiale de l'assureur allemand Allianz, Euler Hermes, qui a présenté la semaine dernière son rapport sur l'évolution conjoncturelle au Maroc, c'est au tour de la Coface, l'autre assureur crédit français de livrer son appréciation du risque Maroc. « Il ne s'agit pas de noter le risque souverain ou la capacité du pays à rembourser ses dettes, mais d'évaluer les risques d'impayés des entreprises », précisait Yves Zlotowski, économiste en chef, lors d'un point de presse, mercredi à Casablanca. Le colloque « Risques pays » que tient la Coface pour la première fois au Maroc, ce jeudi 10 mai, fut incontestablement une rencontre utile pour débattre, à la fois, de la crise économique et financière et de ses impacts sur le comportement des entreprises. Dans cet environnement volatil et complexe, comment se présente le Maroc et quelle est l'appréciation de l'assureur français ? « Le Maroc est dans ses beaux jours », dira Zlotowski. Dans cette région MENA, « le royaume s'en sort bien, mais la récession qui sévit en Europe du sud (Espagne, Italie, sans oublier la Grèce et le Portugal) impose de rester vigilant. Aujourd'hui, « on est dans une situation de contraction de l'activité. L'austérité budgétaire complique la donne pour les entreprises qui commencent à avoir plus de difficultés à se financer. Après un niveau record d'impayés en 2009, l'activité a simulé une nette reprise en 2010. Mais, tout de suite, début 2011, la crise frappe de plein fouet l'Europe (au Sud et à l'Est). Coface a enregistré une hausse moyenne de 25%, avec des pics au-dessus des 40% (Espagne, Italie). Les impayés ont augmenté en flèche, au-delà de la ligne rouge surtout au Portugal et en Grèce. Et face aux défauts de paiements, les fournisseurs font moins confiance aux PME et les assureurs-crédits, de plus en plus sollicités, versent plus de dédommagements. C'est le cercle vicieux. Pour la Coface, le scénario 2012 est moins sombre. Outre le comportement correct des économies américaine et japonaise, la région MENA évolue sous de bons auspices. Le « Printemps arabe » a amené les assureurs à placer la Tunisie sous surveillance négative. Mais il se trouve que si l'économie a souffert, les entreprises ont, cependant, réussi une tenue correcte. Le Maroc, selon l'économiste en chef de la Coface, est l'un des rares pays de l'Afrique du Nord à se maintenir dans son rang. Noté A4, sur une échelle qui compte 7 graduations (le meilleur risque étant le grade le plus élevé), le Maroc, en raison sans doute de sa stabilité politique et de la solidité de son système bancaire et financier, a bien mérité d'être classé parmi les bons risques à prendre. Le pays est parvenu, explique Zlotowski, à sortir de la volatilité de la croissance, en marchant sur ses deux pieds. Il a fortement réduit sa dépendance de l'agriculture et amorcé une croissance non négligeable du secteur industriel. De plus, les banques marocaines offrent toute une panoplie de produits aux PME, en termes de crédits et d'assurances contre les risques de défaillance. Résultat : le profil global des risques d'impayés des entreprises est resté inchangé et l'activité économique se poursuit dans des conditions favorables. Coface n'a pas divulgué son portefeuille ni le chiffre d'affaires réalisé au Maroc. Ses responsables ont plus focalisé sur l'évolution favorable du comportement des entreprises, dans le sillage de l'amélioration de l'environnement des affaires au Maroc. Pour l'assureur français, le Maroc, dans le contexte d'aujourd'hui, reste tout de même vulnérable pas seulement par le canal des échanges commerciaux, mais aussi via le canal transfert des MRE et celui des investissements. Zlotowski rappelle que les crédits des banques européennes représentent quelque 25% du PIB, et cela n'est pas sans effets sur la vitalité économique du Maroc. Une baisse de ces crédits serait fortement ressentie par le tissu économique et se traduirait, in fine, par un resserrement des crédits.