«Les entreprises marocaines doivent être plus prudentes à l'égard des pays émergents, notamment en Afrique», déclare un consultant dans un cabinet international de conseil stratégique. Pour lui, les PME n'ont même pas besoin de faire recours à des organismes tels que Maroc Export, SMAEX et autres. En effet, il suffit dans un premier temps de suivre les publications des agences de notation et des assureurs-crédits. Ces derniers produisent des rewritings au gré des changements économiques et politiques que connaissent les quatre coins du monde. S'agissant des critères d'évaluation, il faut prendre en considération l'évolution des principaux indicateurs économiques tels la croissance économique, le solde public, le PIB solde courant, mais surtout le PIB dette extérieure et le PIB réserves en mois d'importations. Pour rappel, le risque pays peut être défini par le déficit d'information, et le manquement d'application des lois. En effet, «dans sa formule d'après-crise, ce dernier inclut tous les incertitudes spécifiques à chaque environnement national», déclare notre expert en conseil stratégique. Ce sont généralement des composantes quantifiables, de type risque économique, risque financier, risque de transfert, risque opérationnel, risque de marché. D'ailleurs, «la bonne marche du projet est liée étroitement à ces variables, mais aussi des variables qualitatives et subjectives», déclare-t-il. Ces variables qualitatives ne sont autres que les risques sociopolitiques, légaux et contractuels, risque de contamination régionale, et risque systémique. Celles-ci renseignent sur la structure du pouvoir politique, l'analyse des risques de déstabilisation, de mauvaise gouvernance, et de corruption, «afin que l'investisseur puisse évaluer sa capacité et sa volonté d'adaptation avec les obligations contractuelles du pays», ajoute notre consultant. Toutefois, le patron de la PME doit savoir que la note risque pays publiée par les agences de notation ne concerne pas la dette souveraine puisqu'elle indique le niveau de risque moyen présenté par les entreprises d'un pays dans le cadre de leurs transactions commerciales. «Cette évolution moyenne ne préjuge pas de celle de la note de chaque entreprise, qui reste déterminée par ses caractéristiques propres. Il est donc indispensable pour les partenaires d'une entreprise d'un des pays cités de vérifier son évaluation spécifique par les agences de notation», explique-t-il. Et d'enchaîner : «il est nécessaire de prendre en considération la note environnement des affaires. Cette dernière évalue la disponibilité et la fiabilité des informations sur les entreprises et la protection juridique des créanciers et prend en compte la qualité de l'environnement institutionnel». À lire aussi: Risque pays, connait pas ! Interview de Nezha Lahrichi, Présidente de la SMAEX Les Echos quotidien : Quels sont les critères d'évaluation des pays que vous prenez en considération avant d'assurer un exportateur ? Nezha Lahrichi : Le système de notation permet de mesurer la capacité moyenne des entreprises d'un pays à respecter leurs engagements à court terme. Il existe une très forte corrélation entre le niveau d'activité du pays et le comportement de paiement de ses entreprises. La mesure du niveau moyen du risque d'impayé présenté par les entreprises d'un pays combine plusieurs éléments : les perspectives économiques et politiques, l'expérience de paiement des entreprises et l'environnement des affaires du pays. Celui-ci évalue la fiabilité et la disponibilité des données financières et le caractère efficace et équitable du système juridique. Lorsque les perspectives politiques d'un pays sont incertaines, l'exportateur peut renforcer sa protection et sa garantie de paiement en souscrivant, en plus de l'assurance crédit commerciale, une assurance publique qui couvre les risques politiques, catastrophiques et de non-transfert, autrement dit les difficultés d'ordre politique ou administratif, empêchant ou retardant le transfert des fonds. Dans ce sens, collaborez-vous avec des agences de notation ? L'information est une variable stratégique au cœur de l'assurance crédit, puisqu'il s'agit de prendre le risque sur la base de cette information, et si l'assureur crédit se trompe, il paie ! De ce fait, la prise de décision concernant un acheteur étranger pour anticiper sa probabilité de défaillance relève d'une démarche qui combine des données variées sur les entreprises. Celles-ci proviennent de plusieurs sources et sont analysées et confrontées afin d'avoir une information personnalisée à valeur ajoutée et conforme à l'objectif central de la SMAEX, celui d'être un outil d'accompagnement des exportateurs. La limite de cette démarche plurielle reste le coût de l'information qui est souvent élevé pour les destinations éloignées. Quels sont les pays que vous déconseillez à vos clients ? La liste des pays à risque change en fonction des aléas politiques et économiques. La notation s'étend sur une échelle qui est de 7 niveaux pour la Coface, à titre d'exemple. Le déclassement d'un pays signifie, de toute évidence, un accroissement du risque. Au Moyen-Orient, le printemps arabe a certes affecté la note de plusieurs pays mais si les modalités de paiement sont plus serrées, les relations commerciales ne seront pas interrompues. Par ailleurs, en Europe, la Grèce et le Chypre ont été dégradés à cause de la détérioration du comportement de paiement des entreprises. En définitive, la prise de risque sur un client étranger relève d'une analyse au cas par cas. Est-ce que les PME-PMI prennent en considération le risque pays ? Lorsqu'un exportateur souscrit une assurance crédit commercial, cela signifie qu'il réalise l'importance de la prise de risque dans un marché mondial marqué par la montée des risques. Aussi, lorsque la situation politique d'un pays est confuse, la SMAEX conseille à ses clients de souscrire l'assurance publique (PCT). Cette démarche est utile aux PME qui dépendent d'un nombre restreint de clients et auxquelles la SMAEX a dédié un produit spécifique et simplifié pour leur ouvrir la voie du marché international.