A quelques mois de la fin de la législature, les membres de la majorité multiplient les sorties pour défendre le bilan, plus figue que raisin, du gouvernement. Devant les élus de la nation à la première Chambre, Saâd Dine El Othmani, connu pour son attitude opiniâtre, s'est même permis de fustiger les critiques constructives de l'opposition, appelant ses contradicteurs à «présenter leurs excuses aux Marocains». Car, noyé dans le déni, le chef de l'Exécutif n'arrive toujours pas à s'accommoder du droit de regard d'une opposition parfaitement dans son rôle de garde-fou visant à corriger les multiples échecs cumulés par sa majorité, et qui ont réduit comme peau de chagrin le capital confiance des Marocains. Car si les élus de la nation, et parmi eux ceux de l'Istiqlal, dénoncent les nombreuses tares de l'Exécutif, c'est surtout du fait que toutes leurs propositions se sont heurtées à l'entêtement d'un gouvernement, qui, au lieu de se concentrer sur la réforme et l'amélioration des conditions de vie des Marocains, est resté préoccupé par les conflits internes entre ses composantes et les calculs électoralistes des prochaines élections. Il ne faut donc pas s'étonner si vous lisez sur nos pages que 60% des citoyens n'ont pas confiance envers les partis politiques. Il ne faut pas non plus croire que cette désapprobation de l'électorat trouve racine dans la crise sanitaire, car bien avant l'avènement de la pandémie, l'Institut marocain d'analyse des politiques avait soutenu, dans une enquête ciblant les jeunes, que quelque 41% de cette population (considérée comme moteur de la nation) ne font aucunement confiance au gouvernement et que 77% des Marocains sont déçus par l'action gouvernementale. Partant de ces chiffres, le constat d'échec est donc sans appel : au bout de cinq années au pouvoir, la majorité El Othmani a mené le Maroc et sa population dans une direction obscure où on peine à voir le bout du tunnel, rendant ainsi la mission du prochain gouvernement encore plus ardue. Saâd JAFRI