Sans surprise, le chef du gouvernement a chanté lundi, devant les élus de la Nation, les louanges des mesures adoptées par sa majorité pour faire face à la crise sanitaire. Malgré moult observations «objectives», mais surtout constructives, exprimées par les parlementaires, Saâd Dine El Othmani persiste et signe en déclarant que la stratégie du gouvernement a démontré son efficacité du fait qu'elle ait empêché la détérioration de la situation épidémiologique dans plusieurs régions du Royaume, sachant que huit de ces dernières vivent un scénario catastrophe depuis plusieurs semaines. D'autant plus que la gestion de la crise ne se résume pas à l'endiguement de la propagation du virus, puisqu'il s'agit aussi de prévenir la pauvreté et la précarité, sauver les emplois et consolider la confiance des Marocains...et, sur ces points, le pays a fait de grands pas en arrière depuis l'avènement de la pandémie. Nous avons un million de personnes de plus qui ont sombré dans la pauvreté au cours des six derniers mois. Nous comptabilisons quelque 500.000 chômeurs de plus, avec un taux de chômage record qui a atteint 14%, sans parler du cri de détresse des secteurs de la Santé, sociaux et médico-sociaux, usés jusqu'à la corde par la pandémie. Autant de failles synonymes d'échecs de gestion qui n'ont fait qu'éroder la confiance de la population, la noyant davantage dans le pessimisme, comme en témoigne la dernière note du HCP. Il est donc indiscutable que la gestion gouvernementale n'a pas été d'une exemplaire efficacité. Ce qui n'empêche nullement El Othmani de claironner devant les élus de la Nation et à l'adresse des Marocains, sur un ton confiant, qu'ils «doivent être fiers» des réalisations du gouvernement. Plus facile à dire qu'à prouver...! Saâd JAFRI