Le Fonds monétaire international s'est prononcé sur la situation économique du Maroc à la lumière la crise du covid-19. Les experts du FMI estiment que le Royaume a pu riposter aux effets de la pandémie par des mesures monétaires et budgétaires audacieuses, toutefois l'économie nationale demeure fortement menacée par l'instabilité de l'économie mondiale et les difficultés de récession. Des réformes structurelles sont de mise pour accélérer la reprise de la croissance. Après avoir conclu ses consultations au titre de l'article IV de ses statuts avec le Maroc, le Fonds monétaire international a présenté son rapport final sur l'évaluation de la situation de l'économie du Royaume et les perspectives de sortie de la récession due à la pandémie du covid-19, dans une conjoncture internationale défavorable. Riposte à la pandémie : le Royaume s'en sort bien sur le plan financier Selon les experts de l'Institution financière internationale, le Maroc a résisté face aux effets dévastateurs de la pandémie ayant provoqué une récession de l'ordre de 7,2%. Ceci est dû à la politique monétaire accommodante menée par Bank-Al-Maghrib qui a pu assurer un financement stable de l'économie. La banque centrale a dû maintenir le taux directeur à un niveau très bas (1,5%), contribuant ainsi à accompagner le secteur bancaire dans le financement des entreprises. De même, le Maroc a su préserver sa soutenabilité financière en maitrisant son niveau d'endettement, ce qu'il a prouvé en procédant au remboursement par anticipation de sa dette vis-à-vis du FMI d'un montant de près d'un milliard de dollars. De l'autre côté, la situation financière du Royaume est jugée confortable à court terme vu le stock suffisant des réserves en devises qui permettent de couvrir sept mois d'importation. La pandémie perdure, ses effets également Cependant, le FMI a mis en garde le Royaume contre une sortie très dure de la récession provoquée par la pandémie, qui peut durer plus longtemps que prévu à cause du manque de visibilité sur la compagne de vaccination et sur sa capacité à éradiquer totalement le virus. Ce climat pèsera énormément sur la reprise de la croissance, estime le rapport du fonds sachant que le Maroc ne pourrait retrouver le niveau du PIB de 2019 qu'après 2022. La persistance de la pandémie et par conséquent des mesures restrictives ne manquerait pas de ralentir la demande intérieure et notamment l'investissement public, à cause du besoin de réduire la dépense publique pour assurer la réduction de l'endettement extérieur. L'investissement privé ne manquerait pas à son tour dans ses conditions de dégringoler à cause de l'effet d'éviction (les marchés financiers seraient plus enclins à financer l'Etat dans son plan de relance, ce qui priverait les entreprises d'accès confortable au crédit). Ce scénario demeure lié à l'hypothèse de la persistance de la crise sanitaire et les restrictions qu'elle impose. S'ajoute à cela la stagnation de la demande et notamment de la consommation. Fortement dépendant de son environnement international, le Maroc pourrait faire face à une conjoncture internationale défavorable, marquée par une baisse de la demande extérieure, le risque du protectionnisme et celui de la relocalisation de quelques industries européennes dont dépend le Royaume dans sa politique industrielle. Les pistes de sortie de la crise : les doléances du FMI En dépit de toutes ces contraintes, le Maroc garde plusieurs issues de secours pour sortir prestement de la crise économique actuelle, estiment les experts du FMI. Ces derniers recommandent une politique budgétaire tournée vers le soutien des entreprises et la préservation d'emploi par les plans de sauvetage et des mécanismes de prêts garantis. Ceci doit être accompagné en parallèle d'une rationalisation des dépenses publiques, insiste le rapport qui appelle également le gouvernement marocain à chercher d'autres sources de rentrées fiscales par de nouvelles formes d'impôt progressif. Sur le plan monétaire, le FMI préconise à Bank-Al-Maghrib de soutenir davantage les banques commerciales en renforçant leurs liquidités et leurs réserves, avec une possibilité de réduire le taux directeur le cas échéant. Le rapport recommande également d'assouplir davantage la flexibilisation du régime du change dans le but d'amortir plus les chocs externes.