Le Parti de l'Istiqlal est prêt à incarner le changement en 2021, tout en se déclarant capable d'apporter les solutions pour sortir le pays de la crise actuelle. Lors d'une interview accordée à la chaîne égyptienne Alghad TV, le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, est revenu sur le défi des prochaines échéances électorales, des élections qui détermineront le sort du Royaume après l'épreuve douloureuse de la crise sanitaire et le mettront dans la trajectoire du nouveau modèle de développement. Le Parti de l'Istiqlal, convaincu de sa capacité à assumer l'alternance et supplanter un gouvernement ayant perdu la confiance des Marocains, se dresse comme une alternative crédible, avec une vision claire pour sortir le pays de la crise sociale. 2021 sera le rendez-vous décisif pour le retour du Parti de Allal El Fassi aux commandes, après plus de 9 ans dans les bancs de l'opposition parlementaire. Après son discours à l'occasion du congrès du Conseil national où il a clairement déclaré la volonté de l'Istiqlal à se positionner en tête de la scène politique, Nizar Baraka a réaffirmé l'ambition de son parti, tout en faisant le point sur l'évolution des discussions sur la réforme du Code électoral. Le moment du changement 2021 sera l'année du renouvellement total de la représentation nationale aussi bien dans l'assemblée législative que dans les assemblées locales et régionales. Il s'agit d'autant plus d'un moment de dépasser le marasme politique ambiant que les Marocains ne cessent d'exprimer leur méfiance à l'égard de la majorité actuelle, jugée inefficace et impuissante face aux ravages de la crise liée à la pandémie, estime Nizar Baraka, rappelant que 80% des Marocains ont perdu confiance en l'équipe de Saâd Dine El Othmani, selon un récent sondage. Pauvreté exacerbée, creusement du chômage à 14%, récession de 7%, explosion des déficits, la situation sociale n'est guère réjouissante. Autant de raisons pour se douter de la capacité de l'Exécutif à conduire le pays. Lequel a raté toutes les occasions pour mener les réformes nécessaires au redressement de l'économie, de même qu'il n'a pas su gérer la crise sanitaire malgré les décisions audacieuses prises part SM le Roi, a martelé M. Baraka. Quoi qu'étant allié à la coalition du premier gouvernement d'Abdelilah Benkirane en 2011, le Parti de l'Istiqlal s'en est vite retiré, un an plus tard, à cause de ses politiques insoutenables, a rappelé Nizar Baraka. Bien qu'étant dans l'opposition, l'Istiqlal n'a de cesse de faire des propositions pour sortir de la crise, ce dont témoignent les mémorandums de la relance et de la réforme des lois électorales, a-t-il renchéri. Les élections de 2021 : l'Istiqlal se prépare En dépit de la conjoncture économique difficile, le Parti d'Allal El Fassi est persuadé qu'il a les solutions pour dépasser la crise actuelle, et rétablir la confiance des citoyens en leurs institutions. S'agissant des préparatifs pour les prochaines élections, Nizar Baraka a indiqué que les élections de 2021 seront d'autant plus importantes que tous les scrutins - à savoir législatif, local et professionnel - se tiendront le même jour. Cette réforme adoptée fera en sorte que la participation citoyenne soit plus forte, a-t-il poursuivi. A cet égard, le Parti s'apprête à choisir ses candidats et établir les listes pour couvrir toutes les circonscriptions électorales, a fait savoir M. Baraka. Parti de l'Istiqlal : la voix du peuple Depuis l'indépendance, le Parti de l'Istiqlal n'a pas échappé d'être taxé de formation d'élite, détachée des classes populaires. Une allégation que réfute résolument Nizar Baraka, qui estime que son parti dispose d'une base sociale considérable incluant toutes les catégories sociales, en témoigne son combat inlassable pour les intérêts des classes moyennes, des travailleurs, des auto-entrepreneurs et des agriculteurs, surtout dans l'action législative. Nizar Baraka a rappelé les amendements proposés par les députés et les conseillers istiqlaliens pour la loi des finances, qui ont accordé la couverture sociale aux auto-entrepreneurs et permis aux jeunes d'accéder au marché du travail par des incitations fiscales aux entreprises. Outre cela, l'Istiqlal est bien enraciné dans la société marocaine, dont les organisations parallèles et les associations culturelles, celles de la jeunesse et des femmes contribuent à encadrer la société civile. « Notre projet social émane de la réalité de la société marocaine », a insisté M. Baraka, poursuivant : « Nous ne nous sommes pas contentés d'importer des idées de l'étranger pour les vendre aux Marocains », a-t-il asséné. Code électoral : le quotient qui plombe la réforme À l'approche de la date des élections législatives, la réforme du code électoral a été une revendication d'une grande partie de la classe politique. Pour sa part, le Parti de l'Istiqlal a livré ses propositions dans le mémorandum commun avec le PPS et le PAM. Alors que 80% des propositions sont approuvées, la question épineuse de la réforme du quotient électoral, point de blocage des pourparlers avec le ministère de l'Intérieur, continue de diviser les partis de la majorité. En outre, le Parti de l'Istiqlal considère que le quotient électoral (lequel détermine la répartition des sièges dans une circonscription électorale entre les partis concourants) tel que pratiqué aujourd'hui pose une problématique démocratique du moment qu'il ne garantit pas le pluralisme, estime M. Baraka. En effet, le calcul actuel permet au parti dont le nombre de voix obtenues avoisine le quotient de rafler tous les sièges au mépris des autres partis, qui, quoiqu'ayant obtenu des voix, se voient privés d'avoir au moins un siège dans la circonscription en question. En plus, le calcul actuel ne permet pas une justice électorale et notamment l'inadéquation entre les voix récoltées et la proportion des sièges obtenus au Parlement, a affirmé M. Baraka. « Le Parti qui dirige le gouvernement a obtenu 27% des voix, pourtant, il a obtenu 32% des sièges », a-t-il justifié. L'enjeu de la réforme est de garantir une majorité forte et un gouvernement ayant une forte légitimité, sachant que le parti qui dirige la majorité est arrivé en tête des élections précédentes avec seulement 10% des voix des personnes inscrites dans les listes. En somme, le débat sera tranché au Parlement, a réitéré Nizar Baraka. Anass MACHLOUKH Sahara marocain Interrogé sur la stratégie du Maroc pour préserver son Sahara, Nizar Baraka a rappelé que le Royaume parie sur le développement des provinces du Sud, ce qui est en accordance avec le plan d'autonomie proposé en 2007 comme solution crédible au conflit artificiel. Le plan de développement, lancé par SM le Roi en 2016, en est la preuve palpable, dont les projets sont à 70% achevés. Ce vaste chantier fut élaboré en associant les habitants du Sud. Par ailleurs, Nizar Baraka a rappelé que la pauvreté a manifestement diminué à 2%. « Les habitants des provinces du Sud sont satisfaits de toutes ses réalisations », a-t-il indiqué, ajoutant : « Ils sont fiers et optimistes pour un avenir sous la souveraineté marocaine ». Ainsi, le développement du Sahara marocain serait en mesure d'ouvrir davantage le Royaume sur son voisinage subsaharien, a-t-il conclu. Repères L'Istiqlal réunit son Conseil national Lors de deux sessions tenues successivement le 28 novembre et le 05 décembre, le Parti de l'Istiqlal a tenue son Conseil national, à distance vu les circonstances impérieuses de la pandémie. L'objectif est de serrer les rangs et se préparer aux prochaines échéances électorales. L'ambition est claire : se situer en tête de la scène politique et assumer l'alternance afin de tourner la page d'une décennie de politiques impopulaires, engagées par les deux gouvernements précédents. La relance doit être « sociale » par excellence Lors de sa dernière rencontre avec les économistes istiqlaliens, Nizar Baraka s'est prononcé pour une relance économique, qui soit sociale, destinée en priorité à soutenir le pouvoir d'achat des citoyens et notamment de la classe moyenne. Selon le Secrétaire Général de l'Istiqlal, le Maroc est confronté à une crise sociale exacerbée par les effets de la pandémie : explosion du chômage (12,7%), creusement du déficit et de la dette publique (76% du PIB). Tout laisse entendre que l'économie du pays n'est guère rassurante. La réussite de la relance est plus que jamais une nécessité. L'Istiqlal : le Parti de l'opposition constructive En assumant pleinement son rôle d'opposition, l'Istiqlal ne s'est jamais contenté de l'exprimer de façon stérile et politicienne, restant ainsi une force de proposition, a rappelé le Secrétaire Général devant les membres du Conseil national. Lequel a listé les multiples initiatives de réforme initiées par le Parti telles que les mémorandums sur la relance économique et sur la réforme des élections. Il en est de même dans le domaine législatif, en témoigne le rendement prolifique des groupes parlementaires dans la proportion de projets de loi dont le dernier sur la pénalisation des conflits d'intérêts.