‘Malgré de nombreuses tentatives de réformes, l'enseignement supérieur public peine toujours à sortir de la crise qui s'aggrave d'année en année.' D'après le dernier rapport de l'UNESCO sur l'enseignement dans le monde, sur 150 pays, le Maroc se trouve dans la catégorie de 21 pays ayant les pires systèmes éducatifs. En dépit des programmes et actions menées au titre de la réforme instituée par la loi 00.01, l'enseignement supérieur public présente des déficiences tant internes qu'externes. Chaque année, de nouvelles réformes sont annoncées. Mais selon certains professionnels, il s'agit davantage de changements de forme que de fond. Mis à part, les établissements à accès régulé qui sont généralement à caractère professionnel et dont l'effectif des étudiants reste limité par le concours d'accès, les universités d'Etat pâtissent d'une mauvaise perception à cause de ses critères de recrutement, du manque de ressources humaines, de la faiblesse des débouchés et du fort taux de chômage de ses lauréats. «Les établissements de l'enseignement supérieur public ont besoin de décompression. Ils reçoivent de plus en plus de bacheliers (environ 12% d'étudiants de plus chaque année), alors que leurs capacités d'accueil ont déjà dépassé leurs limites », souligne un économiste. Depuis 2010, le taux de chômage est d'environ 10% pour le Maroc. Les difficultés des diplômés sur le marché du travail montrent les carences de l'enseignement supérieur. Une bonne partie de l'offre sur le marché correspond peu à la demande des entreprises. Selon la Banque mondiale, les universités sont critiquées pour leur incapacité à préparer leurs étudiants au marché du travail vu la trop grande place accordée à la théorie dans leurs enseignements, ce qui prive les étudiants des compétences pratiques indispensables à leur insertion dans la vie professionnelle. L'université est perçue comme une entité fermée sur elle-même et coupée du monde des affaires. Selon Ahmed Nejmeddine, président de la faculté Hassan 1er de Settat, l'université nationale a réalisé des avancées importantes. Plusieurs indicateurs satisfaisants peuvent être dégagés notamment en relation avec l'augmentation de la capacité d'accueil et de la mise à niveau de l'infrastructure universitaire, l'évolution du taux de scolarisation dans le secteur, l'accroissement de l'offre de formation professionnelle et du nombre de brevets innovants enregistrés. On peut également se féliciter de la réduction du taux d'abandon universitaire et de l'intérêt grandissant des étudiants pour les filières scientifiques et techniques. Un résultat obtenu grâce aux efforts fournis, dans le domaine de l'orientation et dans le choix des filières les plus prometteuses. Mais, «En tant qu'acteurs du système il faut mener une réflexion consistante sur la problématique du devenir des lauréats de l'enseignement supérieur, en particulier, et autour de la relation formation-emploi, de façon générale », reconnaît-il. Un secteur en pleine réforme Dans son plan d'action 2013-2016, Lahcen Daoudi se fixe plusieurs priorités pour réformer l'enseignement supérieur. À commencer par l'infrastructure universitaire qui devrait être modernisée avec le renforcement de la capacité d'accueil et la mise en place d'équipements adaptés aux exigences scientifiques. D'ailleurs, pour résoudre les problèmes liés à la sous-capacité de certaines universités, le département de l'Enseignement supérieur construit actuellement quelque 25 nouveaux amphithéâtres. Autre priorité de Daoudi : la gouvernance des universités. Pour une meilleure gestion, le ministère compte instituer l'obligation aux présidents et doyens de suivre une formation en gestion et finances. Par ailleurs, tous les chantiers de construction et d'extension des universités seront désormais confiés à un promoteur immobilier ✱