L'Observateur du Maroc : Quelles sont les filières les plus prisées par les bacheliers dans votre université ? Ahmed Nejmeddine : L'université a connu une évolution des effectifs des étudiants avec un taux de croissance de 163% entre 2010 et 2014 passant de 8055 à 21163 étudiants. Sur le plan qualitatif, actuellement les filières professionnalisantes représentent 71% de l'offre totale contre 62% en 2010. Mon ambition ne se limite pas au renforcement de cette dimension professionnelle des établissements mais aussi, et surtout, l'encouragement de l'innovation dans l'offre pédagogique à travers des filières professionnalisantes en adéquation avec nos spécificités socioéconomiques et répondant aux besoins des grands chantiers nationaux. L'analyse de la carte de formation de l'UH1 montre une richesse et une diversité de l'offre couvrant divers champs disciplinaires, sciences et techniques, management et commerce, économie, droit et gestion, lettres et sciences humaines, métiers du travail social, offshoring, sciences de l'ingénieur et sciences de l'éducation qui connaissent tous des demandes croissantes de la part des étudiants. Nous nous distinguons à l'échelle nationale par l'enseignement des sciences de sécurité. Quelle a été la principale nouveauté cette année ? Cette année, notre université a renforcé sa vocation professionnelle par la création de l'Institut Supérieur des Sciences de la Santé qui a ouvert ses portes en septembre 2013 comme première institution universitaire du genre au Maroc. Et actuellement nous oeuvrons, en partenariat avec un des organismes internationaux leader dans le domaine, pour la promotion de l'enseignement à distance, ce qui va permettre de surmonter le problème de la capacité d'accueil et des taux d'encadrement pédagogiques faibles dans certains établissements. Pourquoi l'université publique a-t-elle toujours une mauvaise image ? Il y'a les établissements à accès régulé qui sont généralement à caractère professionnel et dont l'effectif des étudiants reste limité par le concours d'accès. Et il y a les établissements à accès ouvert dont l'offre pédagogique est dominée par des filières fondamentales, Il s'agit de deux composantes d'un même système et donc on ne peut parler d'image négative ou encore de connotation positive. Toutefois on peut souligner des conditions d'apprentissage difficiles dans des facultés souffrant de contraintes liées principalement à la massification des étudiants et au manque des ressources humaines, créant ainsi des hétérogénéités dans la qualité des parcours au sein d'une même université. Quid alors des insertions des lauréats ? A ce niveau, je peux dire que l'image n'est pas aussi négative, les résultats des études de cheminement professionnel menés par notre université, en partenariat avec l'Instance Nationale d'Evaluation relevant du Conseil Supérieur de l'Enseignement, ont affirmé que le marché du travail marocain valorise et reconnait les compétences accumulées au sein du système universitaire. L'insertion professionnelle s'améliore au fil du temps puisque la cohorte démarre avec un taux moyen de 54% pour atteindre 80% d'insérés. Bien plus, l'examen précis des typologies de trajectoires sur le moyen terme (31 mois) a souligné que 50% des lauréats disposent d'un emploi durable, 37.7% poursuivent leurs études et seulement 12.7% sont victimes du chômage durable et persistant. Des indicateurs, certes positifs, mais ceci ne nous empêchera pas, en tant qu'acteurs du système, de mener une réflexion consistante sur la problématique du devenir des lauréats de l'enseignement supérieur, en particulier, et autour de la relation formationemploi, de façon générale ❚ Lire aussi :