Invité de la Chambre de commerce britannique au Maroc (BritCham), le ministre de l'Enseignement supérieur, Lahcen Daoudi, a dressé l'état des lieux du secteur ainsi que les perspectives pour les prochaines années. Après la mise en œuvre des principales mesures contenues dans le cadre du plan d'action 2013-2016, le ministre peaufine, désormais, une nouvelle stratégie d'ensemble qui s'inscrit dans la droite ligne de la vision 2015-2030. C'est un bilan assez succinct que le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi, a présenté, jeudi dernier à Casablanca. Le ministre était l'invité de la Chambre de commerce britannique au Maroc (BritCham) pour tracer l'état des lieux et les perspectives de l'enseignement supérieur marocain. L'occasion donc pour le ministre de dresser le bilan du plan d'action 2013-2016 qui arrive à échéance cette année, mais aussi de dévoiler les grands axes de la nouvelle stratégie 2015-2030 que peaufine actuellement son département. La nouvelle feuille de route de développement du secteur s'inscrit dans le cadre de la vision du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique sur les quinze prochaines années et devrait constituer la thérapie de choc pour le grand corps malade qu'est le secteur de l'Education au Maroc. Selon les annonces du ministre, la stratégie s'articulera autour de quatre principaux axes qui concernent, en priorité, l'amélioration de l'accès à l'enseignement supérieur ainsi que celle de la qualité de l'enseignement supérieur «en vue de son adaptation aux exigences du marché de l'emploi». La feuille de route visera, également, à promouvoir la recherche scientifique, en relation avec les objectifs de développement global, en plus du développement du système de gouvernance de l'enseignement supérieur, afin d'accroître sa performance. Il s'agit, à l'évidence, d'objectifs assez généralistes, mais qui se grefferont aux différentes stratégies et projets réalisés ou lancés, ces dernières années, notamment le plan d'action du département pour la période 2013-2016 qui s'est traduit par des résultats probants, selon l'appréciation de Daoudi. Réforme Selon les explications du ministre, le plan d'action a constitué une véritable feuille de route qui a visé à «insuffler une nouvelle dynamique au développement du système d'enseignement supérieur national, permettant ainsi d'accélérer la cadence des réformes et de relever les défis majeurs auxquels ledit système est confronté». C'est, du reste, pourquoi il a été décliné en projets et actions concrètes qui ont été structurés autour de six axes stratégiques prioritaires dans la continuité des réalisations précédentes enregistrés au travers du plan d'urgence 2008-2012 ainsi que la mise en œuvre des engagements souscrits dans la Charte nationale de l'éducation et de la formation qui a été promulguée en 1999 et qui a concerné la décennie 2000-2010. Ainsi, les actions, menées sur ces trois dernières années, ont visé à améliorer l'employabilité des diplômés avec un renforcement des filières professionnalisantes. À titre d'exemple, pour l'année 2015-2016, le pourcentage des filières professionnalisantes, de niveau bac+3, est de 52% et celui des filières bac+5 est de 56%. La capacité d'accueil des établissements universitaires a été, par la même occasion, élargie avec la construction de nouveaux amphithéâtres, laboratoires et salles de cours ainsi que leur équipement. Le taux d'encadrement a été également renforcé par le recrutement de plus d'enseignants, la transformation de postes pour les fonctionnaires titulaires d'un doctorat, afin qu'ils intègrent le corps des enseignants-chercheurs ainsi que le recrutement de doctorants contractuels. Les mesures du plan d'action ont consisté, également, en l'amélioration de la gouvernance des diverses composantes du système d'enseignement supérieur avec, entre autres, une «plus grande autonomie de l'université et le renforcement du principe de contractualisation». Les regroupements d'universités et autres établissements, comme les écoles d'ingénieurs, avaient comme objectif de mutualiser les moyens et de parvenir à «la création d'une masse critique en termes d'étudiants, d'offres et de formation» pour le secteur, avec, notamment, la création de plusieurs pôles technologiques, à Rabat et à Casablanca, en l'occurrence. La création d'instituts polytechniques à travers la fusion des EST, ENSA et des FST s'inscrit également dans le cadre de cette dynamique et à l‘horizon 2013, ce n'est pas moins de 18 instituts du même genre qui verront le jour au Maroc. La création de l'Agence nationale d'évaluation et d'assurance qualité de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, dont le directeur a été déjà désigné, s'inscrit dans le cadre des mêmes orientations, notamment pour une meilleure gouvernance de la qualité du système marocain, tant pour le public que pour le privé. La stratégie a aussi consisté en un renforcement des conditions d'accueil et des prestations sociales au profit des étudiants, avec une augmentation substantielles du nombre de boursiers qui sont passés de 182.500 en 2011-2012, à 330.000 boursiers, cette année ; soit une progression de 81%. La conséquence, c'est le rehaussement du budget alloué aux bourses, qui est passé de 718 millions DH à 1.928 millions sur la même année, avec en sus, «la revalorisation du montant de la bourse» et la généralisation du système de couverture médicale aux étudiants. Financement La réforme a, certes, un coût et en plus des sommes consacrées à la construction de nouveaux amphithéâtres, de laboratoires et de salles de classe ainsi que leurs équipements, le plan d'action de Daoudi a surtout mis le paquet sur la promotion et la valorisation de la recherche scientifique et de l'innovation. «Le plus important investissement, c'est dans la science», n'a cessé de marteler le ministre, qui a ainsi annoncé que, dans le cadre de la mise en œuvre du plan, une enveloppe globale de 300 millions DH a été mise sur la table pour le financement de projets de recherche dans les domaines prioritaires. De même, le ministère a signé plusieurs conventions avec des entreprises publiques ou autres ministères ainsi que des fondations, afin de renforcer et diversifier les sources de financement par le biais d'une coopération sectorielle. Avec l'OCP, un premier appel d'offres a déjà été lancé en 2015 (90 MDH), ainsi qu'avec les départements des transports (10 MDH) et de l'Agriculture (200 MDH). Des conventions similaires ont été signées avec le Groupe Managem (60 MDH), la Fondation Lalla Salma (30 MDH) ou le Haut-Commissariat aux eaux et forêts (20 MDH).