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Comment sortir de l’impasse
Publié dans L'observateur du Maroc le 31 - 12 - 2009

Le conflit du Sahara ne sera pas résolu dans les mois à venir. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte pour toute évaluation de la position du Maroc. Le conflit ne peut être appréhendé correctement que si l’on se situe dans le cadre d’un affrontement maroco-algérien, voulu par nos voisins de l’Est et qui a trait à la position de chacun dans la région.
AHMED CHARA?
Les points engrangés par le Maroc auprès du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur de l’option d’autonomie sont importants, bien évidement. Mais il faut prendre en compte, dans cette affaire, le fait que ce Conseil refuse d’imposer une solution et que de manière globale l’ONU a rarement résolu un conflit de ce genre.
C’est donc dans la perspective d’un conflit qui s’éternise qu’il faut s’inscrire et inscrire la politique marocaine. Ceci n’empêche pas d’évaluer l’existant.
Le Maroc ne peut rester prisonnier d’une problématique algérienne. L’Etat voisin ne pourra revenir à la raison et accepter des relations normales, juste normalisées, que quand il aura pu pacifier son territoire, instaurer une vraie démocratie, assurer l’émergence d’une identité nationale qui n’a pas besoin d’ennemi extérieur pour assurer sa cohésion. C’est un processus dans lequel les Marocains ne peuvent rien, sauf à subir les retards.
Par contre, ce conflit ne doit en aucune manière retarder les avancées du Maroc dans son projet national. La construction démocratique doit s’accélérer par une crédibilisation accrue des institutions. Le choix de la décentralisation, de la régionalisation avancée doit être concrétisé. Cela signifie, au Sahara, la mise sur place de l’autonomie, après un large débat avec les populations concernées. Tous les Sahraouis de bonne foi, y compris ceux tentés par les sirènes de l’indépendance mais qui ne sont instrumentalisés par aucune force étrangère, doivent participer à ce débat. C’est de l’adhésion de l’extrême majorité des Sahraouis que dépend la réussite de ce projet.
Sus à l’Algérie !
Par ailleurs, l’Algérie agit sur tous les fronts comme un ennemi irréductible. La diplomatie marocaine, elle, est soft, très soft sur le sujet.
Les rares déclarations et les initiatives prises auprès du système onusien sur Tindouf sont insuffisantes. Il est scandaleux que l’Algérie fasse la leçon au Maroc sur les droits de l’homme. Défendre les droits des «refugiés» de Tindouf à la libre circulation est une bataille juste, qui peut avoir l’adhésion de l’ensemble des ONG de bonne foi, c'est-à-dire la majorité, et gêner fortement l’Algérie.
Dans une nouvelle attitude, moins conciliante, le Maroc peut rendre coup par coup, sans perdre les soutiens qui sont les siens. Ceux-ci sont déterminés par des enjeux géostratégiques de sécurité et de stabilité dans la région.
Elargir le débat à l’intérieur, démontrer plus d’agressivité face à l’Algérie et accélérer la construction du projet national sont les piliers de la stratégie gagnante dans ce conflit. Perdre de vue son origine et croire à sa solution rapide, c’est préparer de nouvelles désillusions.
Dangereux voisinage
L’Espagne au Nord, l’Algérie à l’Est, la Mauritanie au Sud. Quel voisinage ! C’est le lot du Maroc. Il doit faire avec.
hakim arif
Aminatou Haidar n’est finalement qu’un épiphénomène. Ce qui est sur la table, ce ne sont ni les droits de l’homme, ni l’indépendance du Sahara «occidental». C’est le Maroc lui-même qui est en jeu. Entre une Espagne, ni clairement amie, ni franchement ennemie et une Algérie qui ne cache plus son animosité envers tout ce qui est marocain, le pays joue très serré. Dans ces conditions, on imagine assez vite les dégâts que peut causer la moindre fissure dans la position des Marocains. Lorsque l’affaire Haidar a éclaté, tous les partis politiques ont réagi. Etait-ce une bonne initiative ? Mohamed Cheikh Biadillah (PAM), Abdelouahed Radi (USFP), Mohand Laenser (MP), Mustapha Mansouri (RNI) se sont tous déplacés dans l’urgence pour expliquer, convaincre et rallier les récalcitrants à la vision marocaine. Ont-ils réussi ? Le temps le dira. Aminatou Haidar crie sur tous les toits que son retour est une victoire et qu’elle est rentrée sans présenter la moindre excuse et sans signer le moindre document. Un fait a été établi. Un dangereux précédent. La loi peut ne pas s’appliquer dans certains cas. En l’occurrence lorsque des «pays amis» interviennent et suggèrent une intervention humanitaire. D’ailleurs c’est ce qui a été déclaré en France, en Espagne et aux Etats-Unis. Si Aminatou Haidar était une véritable militante ou une chaude activiste, elle n’aurait pas dû accepter de rentrer. De ce point de vue, elle a perdu «sa» bataille. Et le pouvoir algérien, ou du moins sa partie hostile au Maroc, peut constater que cette affaire ne lui a rien rapporté. Au contraire, elle a donné naissance à de nouvelles idées qui vont se révéler catastrophiques pour l’Algérie et donc aussi pour le polisario. Lorsque Fouad Ali El Himma déclare qu’il faut ouvrir le dialogue avec ce qu’on appelle le «polisario de l’intérieur», c’est une innovation politique qui fait d’une pierre deux coups. D’une part, il coupe l’herbe sous les pieds des critiques des droits de l’homme et, d’autre part, sur le plan politique, il récupère une population, composée essentiellement de jeunes qui peut ainsi s’exprimer chez elle, sans intermédiaire. Les choses vont peut-être commencer à bouger. Les partis politiques savent certainement que ce qui est en jeu c’est la stabilité et la paix en Afrique du Nord. L’Algérie n’y a aucun intérêt. Son business est plus fructueux dans la guerre larvée que dans la paix. Il n’est même pas dans une véritable guerre. Donc, pas d’entente avec le Maroc dont l’économie est fondée sur les industries de la paix. L’Algérie a donc toujours cherché noise au Maroc. Les archives déclassifiées de l’ancien chef de la diplomatie américaine, Henry Kissinger, le révèlent. Bouteflika, qui n’était alors que ministre des Affaires étrangères de Houari Boumedienne, incitait les Etats-Unis à arrêter l’aide économique et militaire au Maroc. C’était une solution alternative. Parce que le ministre algérien aurait voulu que les Etats-Unis interviennent pour empêcher la Marche verte. Son immixtion dans les affaires marocaines était déjà claire. On comprend alors que le plus grand perdant de la Marche verte n’était pas l’Espagne, mais l’Algérie de Boumedienne et Bouteflika. Son attitude n’a pas changé depuis ce temps. Et cela fait 35 ans. L’antimarocanisme algérien a atteint le summum avec l’assassinat le 29 juin 1992 du président Mohamed Boudiaf, auquel des généraux n’avaient pas pardonné sa prise de position en faveur de la Marche verte lancée par Hassan II. Bien sûr, il y avait d’autres raisons. Parmi les plus importantes, la découverte par le colonel Mourad chargé par le président Boudiaf d’enquêter sur un large réseau mafieux dans l’armée qui a détourné plus de 64 milliards de dollars logés dans des banques en Europe. Le colonel a été assassiné ainsi que d’autres proches du dossier. Mohamed Boudiaf allait payer plus tard pour sa détermination à contrer les généraux. Ils sont toujours aussi puissants. D’où l’instabilité qui règne dans le pays et partant dans la région tout entière. Avoir un voisin comme celui-là, c’est une grosse affaire à gérer. Ce ne sont pas les principes de démocratie et de droits de l’homme qui font autorité, mais les intérêts des dirigeants. Au Nord, le voisin est au contraire un pays structuré autour de la démocratie. Toutefois, ce n’est pas non plus une bonne nouvelle pour le Maroc qui devient un enjeu électoral très important. Dans ce pays, c’est l’opinion publique qui commande, d’où le grand danger. Si le Maroc ne maîtrise pas la communication vers cette opinion, il sera attaqué sans pitié. Si les campagnes antimarocaines se poursuivent et touchent les Espagnols, il est fort à craindre qu’un jour, même les «amis» socialistes se trouveront obligés de changer leur politique marocaine pour obéir à leurs électeurs. Même s’il paraît très ardu, l’effort à faire sur l’opinion publique espagnole et européenne reste jouable. Tout dépend de la stratégie adoptée.
Par contre, sur l’Algérie, il n’y a rien à faire. Plutôt, il y a tout à craindre. Un régime dirigé par des militaires puise ses références et ses stratégies, par réflexe, dans la terminologie et les pratiques militaires. Si le polisario s’est «diversifié» dans le terrorisme, la contrebande et le détournement des denrées alimentaires offertes par la communauté internationale, c’est qu’il est justement l’outil utilisé par l’Algérie pour maintenir le feu au braséro de cette «sale guerre» froide.
La complexité du voisinage monte d’un cran lorsqu’on évoque le cas de la Mauritanie au Sud. Le pays dirigé actuellement par Mohamed Ould Abdelalziz paraît acquis à la cause marocaine et veut vivre en paix. C’est de là justement que vient le danger. L’Algérie n’admet pas un pouvoir ami du Maroc en Mauritanie et elle fera tout pour le combattre par tous les moyens. Nous savons déjà que tous les moyens sont bons pour les généraux. Une autre politique vers la Mauritanie dont il faut renforcer et stabiliser le pouvoir s’impose. La tâche n’est pas facile.
Sahel, drogues, armes, trafics et terrorisme : Liaisons fatales
Mouna Izddine
Nous avons acquis des preuves que deux flux de drogues illicites - l'héroïne dans l'est de l'Afrique et la cocaïne dans l'ouest - se rejoignent désormais dans le Sahara, empruntant de nouveaux itinéraires à travers le Tchad, le Niger et le Mali. Les drogues n'enrichissent pas seulement le crime organisé. Les terroristes et les forces anti-gouvernementales dans le Sahel puisent des ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations, acheter des équipements et payer leurs troupes (…). La région est en train de devenir une zone économique franche pour toutes sortes de trafics: drogue, migrants, armes, déchets toxiques et ressources naturelles (…) Des répercussions dans les pays voisins, au Maghreb par exemple, sont inévitables. Ces propos ne sont autres que ceux d’Antonio Maria Costa, directeur du Bureau des Nations unies sur la drogue et le crime (ONUDC), basé à Vienne, et qui s’exprimait sur le trafic de drogue en Afrique, début décembre 2009 à New York, devant le Conseil de sécurité.
Une intervention que le haut responsable onusien illustre par la découverte le 2 décembre 2009 des débris d’un Boeing 727 vénézuélien non loin de Gao au Mali, une zone minée par la rébellion et le terrorisme islamiste, et qui a servi à transporter entre autres 10 tonnes de cocaïne avant son crash au décollage le 5 novembre. Un fait qui confirme l’utilisation de la voie africaine, depuis maintenant plus de cinq ans, par les cartels de la drogue d'Amérique latine pour l’acheminement de la cocaïne vers le Vieux Continent.
Autre marque du nouveau tournant pris par ce trafic autrefois fait par caravanes, et désormais «de taille supérieure, plus rapide et plus perfectionné», l’alimentation du marché européen via l’Afrique se fait aussi de l’autre côté du continent, où «entre 30 et 35 tonnes d'héroïne afghane sont écoulées chaque année en Afrique de l'est, provoquant une hausse de la toxicomanie et contribuant à répandre le sida», un phénomène facilité, selon Costa, par «la situation dramatique en Somalie». Antonio Maria Costa a ainsi qualifié de «terrifiante» la découverte de ces nouvelles preuves du lien entre drogue, crime et terrorisme. Estimant cette corrélation de plus en plus étroite et «source de préoccupation croissante», le Conseil a adopté une déclaration non contraignante dans ce sens, et appelé à l’intensification de la coopération transrégionale et internationale contre ce nouveau trafic de stupéfiants et les activités criminelles connexes. Cette sortie médiatique du haut responsable onusien intervient alors que, dans le même registre, Paris et Bamako, par la voix même du président malien Amadou Toumani Touré, multiplient les tentatives pour la libération de l’humanitaire français Pierre Camatte, 61 ans, détenu par Abdelhamid Abou Zaïd, le commandant de l'aile dure de la neuvième région d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), depuis son kidnapping le 26 novembre dernier à Ménaka au Nord du Mali (1.500 km environ au nord-est de Bamako) par trois hommes armés. Tout en appelant à la collaboration du Niger, de la Mauritanie et de l’Algérie dans la lutte contre la branche sahélienne de l'AQMI. L’enquête sur cette affaire, diligentée par la section antiterroriste du Parquet de Paris, a été confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Inquiétude généralisée
Madrid s’inquiète pareillement du sort de ses trois ressortissants humanitaires, enlevés en Mauritanie et vraisemblablement aux mains de Mokhtar Belmokhtar, un autre émir de l’AQMI. Les kidnappings, moyennant rançons ou prisonniers, ont de la sorte atteint un record sans précédent en 2009, révélant l’extension de l'activisme des groupes islamistes armés dans le Sahel, mais aussi leur besoin accru en liquidités. Mais pas seulement : «Il est intéressant de se pencher sur le mode de revendication. Il s'agit d'une vidéo fournie à un journaliste d'Al-Jazeera. C'est généralement la manière de fonctionner des groupes agissant dans le Sahel. Cela montre à la fois leur isolement, leur difficulté d'accès à Internet, mais aussi leur très grande autonomie par rapport à la branche "mère" d'AQMI en Algérie (qui utilise, elle, les sites djihadistes pour revendiquer ses actions)», explique ainsi Dominique Thomas, spécialiste des mouvements islamistes, dans une interview accordée le 8 décembre 2009 à TF1 News. Avant d’ajouter : «La situation dans le Sud (dans la zone Mauritanie, Niger, Mali), où s'est installée une économie de guerre, est très instable, entre groupes islamistes, contrebandiers, trafiquants d'armes... Dans cette région, l'AQMI n'est pas une entité définie, mais une nébuleuse. La direction centrale n'a pas de véritable contrôle sur les différents groupes locaux à qui elle a donné son "label". Il s'agit surtout d'une stratégie de cooptation. Ces groupes, peu structurés et dont la profondeur idéologique est limitée, ont intérêt à faire allégeance pour bénéficier d'un soutien logistique, financier ou humain. Leurs actions sont également souvent spectaculaires afin de justifier l'allégeance». Une obédience, qui n’empêche pas, d’après cet expert reconnu, les groupuscules islamistes du Sahel d’être largement autonomes, finançant leur fonctionnement par des rapts et des attaques… et confiant parfois ces opérations à «des groupes crapuleux intermédiaires, qui les revendent ensuite aux affiliés de l'AQMI, ce qui dans le cas de Pierre Camatte, pourrait d'ailleurs expliquer le délai entre l'enlèvement et la revendication». Un avis partagé par d’autres analystes. La branche sahélienne se détache ainsi progressivement de l’AQMI (ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), fondée en janvier 2007 par Abdelmalek Droukdel, ex-émir du Groupe islamique armé (GIA) algérien), mais aussi de l’organisation matrice d'Oussama ben Laden, à laquelle Droukdel avait prêté allégeance. Et plus l’AQMI faiblit en effectifs, en finances et en force de frappe en Algérie, l’armée du chef d'état-major algérien Gaïd Salah ratissant sans répit les maquis islamistes dans les hauteurs du pays et les policiers de Yazid Zerhouni (ministre algérien de l’Intérieur) traquant sans pitié les radicaux dans les villes, plus sa «filiale» sahélienne se renforce. Et pour cause. Les chefs de ces groupuscules terroristes, disséminés un peu partout dans cette vaste bande désertique nouent des alliances stratégiques avec les mafias de la région, des barons de la drogue aux caïds de l’immigration clandestine, du vol de voitures et de chameaux, en passant par les leaders de mouvements rebelles ou encore les vétérans du trafic d’hydrocarbures et d’armes.
Le polisario dans le coup
En 2008, Fouad Ali El Himma, alors ministre délégué à l’Intérieur, avait estimé à près de 80.000 le nombre de kalachnikovs en circulation dans le Sahel. Sans compter les milliers d’autres armes légères, de petit calibre (revolvers, pistolets mitrailleurs, fusils d’assaut, etc.) ou portatives (canons anti-chars, mortiers, etc.), faciles à utiliser et à entretenir, et «idéales» pour les guérillas urbaines ou les attaques terroristes. Ces armes, volées lors d’attaques de sites militaires de pays en conflit ou achetées auprès du mouvement séparatiste du Front polisario moyennant des pétrodollars sonnants et trébuchants (exemple : en 2005, des véhicules appartenant à l’organisation séparatiste ont été reconnus comme assaillants d’une caserne militaire par le GSPC en Mauritanie), atterrissent de la sorte entre les mains des rebelles et autres opposants aux régimes subsahariens et centre-africains, des mafias de stupéfiants, dans les camps d’entraînement secrets intégristes ou encore chez les tribus touarègues qui s’en servent pour protéger leurs campements et leur bétail contre les brigands du désert. Une population en proie au dénuement (plus de la moitié des Sahéliens vivent avec moins d’un dollar par jour), à la famine et à la désertification, vivotant d’un élevage décharné et d’une agriculture maigrelette pour la fange sédentaire parmi elle… Et auprès de laquelle les malfaiteurs de la région trouvent des complices silencieux et mouvants, et un vivier intarissable de mercenaires, jeunes et dociles, parfaits connaisseurs du terrain, mus par la seule rage de survivre dans ce mouroir cruel et ingrat. Peu surprenant dès lors qu’un ex-rebelle tchadien se retrouve garde du corps ou transporteur d’un trafiquant de drogue colombien en partance pour l’Espagne, qu’un jeune chômeur malien soit recruté comme guide par un passeur pour l’Eldorado européen ou revendeur d’essence par un contrebandier algérien à la frontière avec le Maroc… Ou encore qu’un ex activiste indépendantiste sahraoui soit enrôlé par le mouvement djihadiste de l’AQMI. Un fait que reconnaissait Mohamed Abdelaziz lui-même voilà 4 ans déjà quand il confiait au journal algérien l'Expression du 23 août 2005 «qu’il se peut qu'il puisse se trouver de jeunes Sahraouis intéressés par l'islamisme radical». Ces jeunes sont-ils d’anciens enfants de Tindouf partis étudier à Alger dès la fin des années 80, où ils se seraient «acoquinés» avec des militants du défunt Front islamique du salut (FIS), comme l’affirment certains analystes? Et combien sont-ils au juste parmi les près de 10.000 combattants séparatistes, devenus quasi inutiles au lendemain du cessez-le-feu de 1991 ?
Quoi qu’il en soit, cette contamination intégriste est favorisée par les dissensions croissantes au sein d’une organisation séparatiste totalitaire et obsolète, obnubilée par la seule crainte de décevoir un soutien algérien en quête d’un débouché sur l’Atlantique, dans le mépris total des attentes d’une population jeune et sans avenir, lassée par un conflit trentenaire, dans les geôles de Tindouf comme parmi les autres Sahraouis embrigadés par la propagande polisarienne. Trois ans plus tard, début octobre 2008, c’était au tour de l’European strategic intelligence and security center (ESISC) d’apporter la preuve de la jonction entre les deux mouvements islamiste et marxiste-léniniste, en révélant que près de 500 combattants islamistes formés en Afghanistan ont été embauchés comme instructeurs dans les bases arrières du polisario au Sahel. Un rapprochement très inquiétant, sachant les velléités de déstabilisation communes des deux mouvements envers le Maroc… Ces fatales alliances, que ce soit entre le polisario et l’AQMI ou le reste des organisations criminelles opérant au Sahel, font peser une véritable épée de Damoclès sur la sécurité de la région dans son ensemble, de l’Afrique noire au Maghreb en passant par l’Afrique subsaharienne et jusqu’en Europe. Faisant fuir par la même occasion les investisseurs d’un «ventre mou» fourmillant de richesses naturelles, entre pétrole, uranium, fer, manganèse, cuivre, phosphate, pour ne citer qu’eux. Une réalité dont les Etats-Unis, initiateurs du fameux Pansahel et du commandement pour l’Afrique (Africom, basé en Allemagne) paraissent pleinement conscients, eux qui consacrent près de 100 millions de dollars tous les ans à «la lutte contre le terrorisme au Sahel». Timidement suivis par l’Union européenne qui, depuis les attaques terroristes sur son sol, envoie régulièrement des émissaires dans les pays du Maghreb pour appeler à un combat plus acharné contre les groupuscules intégristes et les mafias du crime organisé dans le Sahel. Reste aux pays de la région à dépasser leurs divergences politiques pour venir à bout des résistances meurtrières du ventre mou de l’Afrique…


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