Toutefois, la crise syrienne a révélé la vraie nature du régime militaire d'Alger. Depuis le début de cette crise en 2011, il s'est positionné du côté du régime Assad. Il l'a soutenu autant qu'il a pu, c'est-à-dire, en fait, par les paroles et quelques menus services, comme il le fait avec ce qu'il appelle la cause palestinienne. Or, que s'est-il passé au moment où Hayat Tahrir Sham (HTS) était en train d'en finir avec le régime Assad? La diplomatie algérienne était en train de défendre au Conseil de sécurité le dictateur contre «Ces attaques (qui) ont provoqué des pertes tragiques en vies humaines, y compris celles de femmes et d'enfants, en plus de dommages causés à des infrastructures civiles et la suspension des services essentiels». Et comment qualifie-t-elle les rebelles? « Hayat Tahrir al-Cham, désigné comme groupe terroriste par le Conseil de sécurité». Sans détours. Visiblement, la dictature algérienne n'avait aucune idée de l'évolution des choses en Syrie. Pour elle l'ami Assad allait ratisser large et disséminer tous ses opposants armés ou non. Mauvaise lecture de la part d'un pays qui a tout raté dans bien des domaines. N'empêche, la junte algérienne se permet quelques conseils aux syriens qui «doivent mettre de côté leurs différends et faire front commun pour créer un avenir radieux ». Comment sera-t-il radieux cet avenir? « Un avenir où le pays sera débarrassé du terrorisme et où tous les Syriens pourront réaliser leurs aspirations légitimes de paix, de dignité et d'espoir.». Très joli conseil. Tellement joli qu'on pourrait penser qu'il émanait d'une vieille démocratie spécialiste de la construction d'avenirs radieux. On a néanmoins en tête la misère où vit le peuple algérien, toujours à la recherche de l'inaccessible confort économique qui permet d'obtenir des biens de première nécessité sans passer la journée dans une file interminable. La recherche du confort politique ne donne rien non plus. Au moindre post sur les réseaux sociaux c'est la case prison garantie. Les exilés politiques ne se comptent plus et les intellectuels, quelle que soit leur renommée peuvent être mis en cellule dès qu'ils osent parler du Maroc et de ses droits. Voilà le pays qui, quelque heures avant la chute du boucher de Damas, continuait à faire ses louanges. Maintenant, il s'agit de savoir si on peut faire confiance à une équipe dirigeante qui se trompe sur tout. C'est surtout pour les pays africains qui croient encore en ce pays. L'Afrique du Sud par exemple caresse la junte dans le sens du poil alors que le Maroc avait soutenu Nelson Mandela dans sa lutte contre l'apartheid. Mais on comprend bien le souci sud-africain. Des problèmes économiques poussent le pays à gratter là où c'est possible, surtout quand il y a des régimes faibles prêts à tout donner contre une petite déclaration favorable au pouvoir d'Alger. La Mauritanie aussi devrait se méfier de l'inconsistance de la politique étrangère algérienne. Il faut savoir où est l'intérêt des Mauritaniens. Les Syriens qui multiplient les déclarations contre les Algériens après leur libération savent déjà que la junte d'Alger ne comprend rien aux affaires internationales et qu'elle se range toujours du coté des perdants.