Les forces syriennes ont affronté jeudi les rebelles soutenus par la Turquie dans la ville syrienne d'al-Bab, a rapporté un groupe de veille. Il s'agit de la première confrontation entre les deux parties pour le contrôle d'al-Bab, le dernier bastion de l'Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, non loin de la frontière turque. De violents combats ont eu lieu près d'al-Bab entre l'armée syrienne, appuyée par le groupe libanais Hezbollah, et les rebelles syriens, soutenus par les troupes turques déployées dans le cadre de l'opération «Bouclier de l'Euphrate», selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. La partie syrienne est soutenue par des frappes d'artillerie russes, tandis que la partie rebelle bénéficie de l'appui des troupes et des frappes aériennes turques. Le ministère russe de la Défense a annoncé que des frappes russes avaient accidentellement tué trois soldats turcs et en avaient blessé onze autres jeudi à al-Bab dans le cadre de ces nouveaux affrontements. Le président Vladimir Poutine a présenté ses condoléances pour cet accident au cours d'une conversation téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, a affirmé jeudi Dimitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Un peu plus tôt dans la journée, l'Observatoire a déclaré que l'armée syrienne progressait vers al-Bab depuis le sud, tandis que les forces turques et leurs alliés rebelles avançaient vers cette ville stratégique depuis le nord. Des dizaines de combattants des forces turques et de l'EI auraient été tués dans les combats depuis jeudi, a ajouté l'Observatoire. En principe, les forces turques et syriennes combattent séparément, une situation qui est le résultat de la coordination russo-turque mise en place après que la Turquie et la Russie ont parrainé un cessez-le-feu en Syrie, entré en vigueur le 30 décembre. Mais après les combats de jeudi et la mort de plusieurs soldats turcs, l'avenir de la coopération entre la Turquie et la Russie dans leur lutte contre l'EI pourrait bien se trouver compromis. Pour les Turcs, la ville d'al-Bab est une ville stratégique pour empêcher les Kurdes d'unifier les régions qu'ils contrôlent dans le nord de la Syrie. Quant à l'armée syrienne, elle espère avant tout sécuriser la périphérie sud d'al-Bab, afin de protéger la ville d'Alep des attaques de l'EI. Objectif : chasser Bachar Par ailleurs, la nouvelle alliance de factions djihadistes syriennes, qui comprend l'ancien Front al Nosra, a juré d'intensifier le combat contre l'armée syrienne et ses alliés du Hezbollah libanais, dans le but de chasser du pouvoir le président Bachar al Assad. Hachem al Cheikh, le chef du Hayat Tahrir al Cham, alliance formée au mois de janvier, a également dit, dans son premier discours enregistré dans une vidéo, que ses forces aspiraient à «libérer» la totalité du territoire syrien. «Nous assurons au peuple que nous allons engager une intensification des opérations militaires contre le régime criminel. Nous attaquerons ses casernes et ses positions et mènerons une nouvelle lutte de libération», a-t-il expliqué. Hayat Tahrir al Cham, qui signifie Organisation de libération du Levant, résulte de la fusion du Djabhat Fateh al Cham (l'ancien Front al Nosra, naguère affilié à Al Qaïda) et de plusieurs autres groupes. L'alliance djihadiste a enrôlé des milliers de combattants qui ont déserté ces dernières semaines les groupes de l'Armée syrienne libre (ASL, plus modérée), indignés qu'ils étaient par la volonté de leurs dirigeants de prendre part à un processus de paix avec le régime Assad. Le rapport d'Amnesty une «fantaisie dangereuse» selon Moscou Sur un autre volet, la Russie, alliée du régime syrien, a dénoncé jeudi comme un «faux» et «une provocation visant à mettre de l'huile sur le feu» le rapport publié par Amnesty International faisant état que 13.000 personnes ont été pendues en cinq ans dans une prison près de Damas. «C'est encore une provocation ciblée, visant à mettre de l'huile sur le feu en voie d'extinction du conflit syrien», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova devant la presse. Elle a qualifié le rapport de «faux» qui «ne correspond pas à la réalité» et de «fantaisie dangereuse»: «Ces chiffres effrayants sont le résultat de décomptes arithmétiques sur la base de témoignages de personnes anonymes». Dans son rapport, Amnesty a indiqué que les personnes exécutées entre 2011 et 2015 dans la prison de Saydnaya, au nord de Damas, étaient en majorité des civils qui s'opposaient au régime de Bachar al-Assad. L'ONG a dénoncé une «politique d'extermination» et estimé que ces exécutions «constituaient des crimes de guerre et des crimes contre l'Humanité». Il y a de «fortes raisons de croire que cette pratique perdure jusqu'à ce jour», selon elle. Mercredi, le régime syrien, dont Moscou est un allié de longue date, avait dénoncé via son ministère de la Justice un rapport «totalement faux et destiné à ternir la réputation de la Syrie dans les instances internationales».