Les principaux régimes de base de retraite au Maroc continuent de faire face à des difficultés financières majeures, comme le souligne le dernier rapport annuel de Bank Al-Maghrib, de l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), et de l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC). Selon ce rapport, les récentes résolutions salariales issues du dialogue social du 29 avril 2024 pourraient légèrement repousser les échéances de l'épuisement des réserves des régimes CMR-RPC et RCAR. Cependant, ces mesures ne garantissent pas une viabilité à long terme. Un équilibre financier fragile En 2023, les cotisations collectées auprès de 4,8 millions de cotisants ont connu une hausse de 7%, atteignant 61,3 milliards de dirhams. Les prestations versées aux pensionnés ont augmenté de 3,5%, totalisant 67,2 milliards de dirhams. Les placements des régimes de retraite ont également progressé de 2,5%, atteignant 317,4 milliards de dirhams. Toutefois, malgré cette hausse, la valeur de marché des placements des régimes CMR-RPC, RCAR et CIMR a montré une augmentation modeste, de 277,1 milliards à 283,4 milliards de dirhams. Des déficits persistants Le déficit technique du CMR-RPC a continué de se creuser pour atteindre 8 milliards de dirhams en 2023, contre 7 milliards en 2022. Cette dégradation est due à une augmentation des prestations (5,3%) plus rapide que celle des cotisations (3,1%). En revanche, bien que le régime général du RCAR présente un solde global déficitaire, une amélioration notable a été observée grâce à une meilleure performance financière, réduisant le déficit global à 317 millions de dirhams, contre 4,4 milliards de dirhams l'année précédente. Besoin urgent de réformes Le rapport indique que, malgré les récentes augmentations salariales, les flux de trésorerie supplémentaires ne retarderont que de deux à trois ans l'épuisement des réserves du CMR-RPC. De même, pour le RCAR, bien que les perspectives de trésorerie montrent une légère amélioration, la sous-tarification des droits continue de poser problème. Une réforme systémique est donc jugée indispensable pour rétablir l'équilibre financier des régimes. Une réforme paramétrique pour la CNSS Pour le régime général de la CNSS, la réduction de la durée minimale de cotisation pourrait précipiter l'apparition du déficit global. Bien que la branche long terme de la CNSS ait enregistré un excédent de 3,7 milliards de dirhams en 2023, une réforme paramétrique est nécessaire. Cette réforme devrait inclure la révision des taux de cotisation, le relèvement de l'âge de la retraite, et une révision du mécanisme d'acquisition des droits. Une situation plus favorable à la CIMR En contraste, la CIMR a affiché une amélioration significative de son solde technique, qui a augmenté de 14,6% pour atteindre 4,3 milliards de dirhams. Grâce à une hausse des cotisations de 9,1% et à une gestion financière prudente, la CIMR a vu son excédent global atteindre 7,9 milliards de dirhams. Les prévisions actuarielles indiquent que cet excédent devrait se maintenir, garantissant ainsi une tendance haussière des réserves.