Ce qui est généralement désigné comme fécondation in vitro (FIV) par les profanes, n'est en faite qu'un seul aspect de ce que les professionnels nomment la procréation médicale assistée. Une descendance comme tout le monde Ne pas pouvoir avoir d'enfant n'est plus une fatalité et encore moins une tare «incurable» résultant d'un châtiment divin. Des explications par trop simplistes se bornent parfois à considérer la chose comme un état de fait quand bien même, il existe actuellement diverses options. «Les solutions sont multiples et vont de la simple prise médicamenteuse à des interventions plus pointues telles que la fécondation in vitro ou encore l'insémination artificielle. Il est surtout question ici des méthodes applicables au Maroc» nous explique le Dr Laila Belghiti ex professeur à la faculté de médecine de Rabat. «Vue le large panel que nous offre le progrès médical dans ce domaine, et le nombre de cas que l'on aurait cru condamnés il y a quelques années de cela, je préfère parler de couple en attente d'un enfant plutôt que de stérilité» insiste-t-elle. En effet les témoignages regorgent de dénouement heureux, où les interventions pratiquées se sont soldées de réussites auparavant inespérées. A 43 ans et mariée tout juste depuis deux ans, S.T a décidé cette année de recourir à une FIV, celle-ci a marché du premier coup pour cette femme qui en est actuellement à son 5ème mois de grossesse. «J'ai eu des moments de doute concernant mon âge et les chances de réussite de la méthode, mais j'ai quand même voulu tenter ma chance» raconte-t-elle. Elle fait partie avec beaucoup d'autres de ces fameux cas trop hâtivement classés comme «sans appel». Crédit à la procréation Avoir des enfants oui, mais à quel prix? Les praticiens ne s'en cachent pas, les coûts de ces prestations sont plutôt élevés, dans la mesure où elles mobilisent une logistique importante et nécessitent également des traitements médicamenteux variés et eux aussi très chers. «Les prix dépendent de la méthodes et des médicaments utilisés. Une FIV ou encore une ICSI (injection de sperme) peuvent aller jusqu'à 25000dhs voire plus, des prix exorbitants dans une société comme la notre» déclare le professeur Chafik Chraibi chef de service de gynécologie obstétrique aux CHU Rabat et 1er Vice-président de la Société royale marocaine de gynécologie obstétrique. «C'est d'autant plus délicat que de telles sommes ne sont pas prises en charge par les assurance mis à part la CNOPS (Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale). Cette dernière ne rembourse qu'un forfait de 5000dhs pour une seule et unique tentative, là où dans d'autres pays la prise en charge peut aller de 5 fois à plus. Il est clair que l'Etat devrait créer des centres publics pour répondre aux besoins de la population et encourager les laboratoires pharmaceutiques à faire un effort sur les prix des médicaments». Vue les tarifs, certaines personnes finissent même par devoir contracter des crédits bancaires afin de s'acquitter des montants exigés. «C'est encore plus difficile en milieu rural où une certaine demande commence à voir le jour. Les moyens des gens y sont encore plus modestes, et le manque de proximité rend tout suivi sérieux tributaire de longs et fréquents déplacements vers les centres spécialisés» reprend le docteur Belghiti. Si fatalité il y a, elle est surtout d'un ordre pécuniaire Quand la foi s'en mêle Hormis l'aspect financier de la question, la procréation médicale assistée reste invariablement frappée de certaines interdictions aux niveaux des méthodes elles mêmes. Il s'agit plus précisément de toute pratique faisant intervenir une tierce personne dans un couple ayant des difficultés à procréer normalement ou sur qui les méthodes autorisées s'avèrent inefficaces. Ainsi les dons de sperme ou d'ovocytes ou encore les grossesses pour autrui (mère porteuse) sont formellement interdites d'un point de vue religieux et donc légal. Recourir à un donneur reste assimilé à une sorte de «rapport sexuel in vitro» entre des individus non mariés dissolvant d'emblée le principe d'une filiation légitime «Toute manipulation visant à permettre de procréer en faisant appel à une troisième personne est tout simplement illicite. Ceux qui s'adonnent à ce genre de pratiques sont totalement dénués de principes et de foi. La législation marocaine, ne pourra jamais admettre une telle chose et ce quelque soit alpha» parlementaire et ressortissant du PJD, Abdelbari Zemzemi est formel sur le sujet. «S'il est vraiment impossible pour un couple de concevoir un enfant, il reste possible d'en adopter un nos orphelinats en sont remplis!». Une solution plutôt relative dans la mesure où l'adoption en Islam reste partiel sur certains aspects (impossibilité pour les parents adoptifs de donner leur nom à cet enfant ou de l'inclure parmi leurs héritiers légaux). Autant d'enclaves qui poussent certains à aller chercher ailleurs ce qui est prohibé chez eux. «Parfois l'envie d'avoir un enfant est tellement grande au sein des couples, qu'ils finissent résolument par se diriger vers l'Espagne ou la Belgique et y faire appel aux services d'établissements spécialisés dans ce genre de dons» précise le professeur Chraibi. Seulement là encore une majorité se dessine dans la nature du recours lui même. «L'Islam tout comme notre société n'ont pas encore franchi cette barrière et sont à des années-lumière de pouvoir le faire. Ce qu'il faut savoir c'est que la plus part des personnes qui choisissent de faire appel à un donneur, sont à la recherche d'ovocytes et non pas de sperme. En général les hommes ont beaucoup de mal à accepter que leurs femmes portent l'enfant d'un autre, mais en revanche lorsqu'il s'agit d'implanter à l'épouse l'ovocyte d'une donneuse, cela passe mieux. Le mari n'a pas l'impression d'être lésé et sa femme est également satisfaite, puisque c'est en elle que grandit l'enfant», nous affirme Laila Belghiti. Quand il ne s'agit pas d'argent, il s'agit d'éthique religieuse, voire aussi d'ego à l'heure où la stérilité n'est plus censée être irrévocable et où ailleurs certains individus sont à même de choisir les critères génétiques de leurs progénitures