La fécondation in vitro (FIV), seule à même de permettre aux couples infertiles de concevoir un bébé, doit elle encore être considérée comme un sujet tabou par la société marocaine ? C'est la question que se posent les spécialistes confrontés à cette "maladie endémique". Par Mustapha El Kadaoui Au Maroc, un couple sur sept n'arrive pas à concevoir, d'où la nécessité pour le mari et la femme de passer par des méthodes médicales, notamment l'insémination artificielle, comme l'explique le Pr. Omar Sefrioui, gynécologue obstétricien venu animer une table ronde organisée à Mdiq par l'amicale des médecins généralistes privés de Tétouan et la région sous le thème "prise en charge de l'infertilité". Selon ce spécialiste de l' "Anfa fertility center", un centre de reproduction humaine, d'exploration et de préservation de la fertilité à Casablanca, aujourd'hui au Maroc, les méthodes de prise en charge de la fertilité sont extrêmement avancées et n'ont rien à envier aux pays européens. Avec une quinzaine de centres de fertilité dont le dernier vient d'ouvrir récemment à Tanger, les couples souffrant de ce problème, même les cas les plus difficiles, n'ont que l'embarras du choix pour se prendre en charge, souligne ce docteur qui tient cependant à préciser qu'en termes de résultats, "il faut savoir que le cent pour cent n'existe pas", d'où cet appel à "la patience et à la persévérance" de la part des couples souffrant de cette maladie". L'infertilité ce n'est pas comme un mal qu'on enlève et que la malade se lève le lendemain matin en estimant qu'il est guéri", souligne ce spécialiste en insistant que ces couples doivent bénéficier d'un processus de prise en charge. En fait, explique-il dans un entretien accordé à la MAP, aujourd'hui on ne peut parler que de tentative d'insémination artificielle, de fécondation in vitro, d'assistance ou d'aide médicale à la procréation. Quant aux traitements, ils passent du plus simple traitement antibiotique en cas d'une petite infection à la fécondation in vitro. 700 à 800 bébés naissent par an au Maroc grâce à la FIV. Selon le Pr. Sefrioui, au Maroc il y'a à peu prés 3000 tentatives de fécondation in vitro qui se font tous les ans dans les différents centres avec des taux de grossesse très honorables et pratiquement 700 à 800 bébés naissent par an grâce à cette méthode médicale. Seul problème et non des moindres, tient à souligner notre spécialiste, celui de la prise en charge des coûts par la sécurité sociale qui n'estime pas encore que l'infertilité est une maladie. "Il faut que dans le cursus ou dans le langage de la santé marocaine, l'infertilité soit considérée comme une véritable maladie", martèle notre interlocuteur pour qui "l'infertilité est plus qu'une maladie, c'est un mal qui ronge la société et qui est responsable d'un taux élevé de désastres dans le couple, de divorces, de dépressions, sans parler du déni de féminité que peuvent ressentir les femmes". Il lance à cet égard un appel pressant à la sécurité sociale afin qu'elle puisse au moins prendre en charge les médicaments. Le Maroc, un des leaders en matière de FIV en Afrique et dans le monde arabe. Le Pr. Sefriou souligne par ailleurs que l'espoir est permis pour tous ces couples qui vivent ce problème au Maroc, un pays qui peut s'en s'enorgueillir en termes de savoir-faire dans ce domaine, ce qui le classe parmi les leaders en Afrique, et probablement aussi du monde arabe ou des centres très avancés existent notamment en Egypte grâce à la prise en charge de l'infertilité. L'Islam, première religion à légaliser la fécondation in vitro. Ce spécialiste explique en outre que l'infertilité constitue encore un sujet tabou au Maroc où les gens n'arrivent pas à la démystifier et ont l'impression que c'est honteux alors que c'est parfaitement légal, d'où cet appel aux medias les invitant à mieux sensibiliser la société sur ce sujet. Selon lui, l'islam a été la première religion à légaliser la fécondation in vitro bien avant le christianisme et le judaïsme. Pour ce qui est du coût de la fécondation in vitro, le Pr. Sefrioui assure qu'il est relativement abordable comparé au coût européen qui est quatre à cinq fois plus cher, mais reste encore élevé au Maroc à cause de la faiblesse du niveau socio économique des populations. C'est pour cette raison, insiste encore ce spécialiste, qu'il faut que la sécurité sociale intervienne afin de sauver ces couples de "la détresse totale". A rappeler que le premier bébé-éprouvette a vu le jour en Angleterre en 1978. La naissance de Louise Brown, fut une véritable révolution dans le domaine de la reproduction humaine. Au Maroc, en l'absence de registre national pour les bébés-éprouvette, on estime que l'aîné de ces bébés devrait avoir aujourd'hui au moins 19 ans, selon la presse. La fécondation in vitro résulte de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde afin de former un embryon. Elle consiste à reproduire en laboratoire ce qui se passe naturellement dans les trompes et se pratique hors du corps de la femme, in vitro, à l'aide d'une éprouvette, d'où le surnom donné à ces bébés "les bébés éprouvettes". Les chances de réussites sont variables et s'élèvent en moyenne autour de 22 pc par cycle.