Le Maroc, qui a connu deux séismes importants – 1960 et 2004 –, a renforcé sa réglementation antisismique en 2011 pour rendre les habitations plus résistantes aux secousses sismiques. Le RPS 2000 version 2011 a introduit un paramètre crucial, la vitesse sismique du sol, qui permet d'établir une carte de zonage sismique plus précise, divisant le Maroc en cinq zones en fonction du risque de secousses telluriques. Certaines régions, comme Al Hoceima et Agadir, sont classées en pole position en raison de leur passé sismique tumultueux. Cependant, il subsiste des défis, notamment dans les zones où l'intensité sismique est faible, et pour les constructions de petite taille. Les normes antisismiques ne sont pas toujours rigoureusement appliquées dans ces cas. «« Il y a beaucoup d'acteurs qui interviennent dans les opérations de construction dont la responsabilité est engagée en premier. Ils ont le devoir de maîtriser et de suivre à la lettre les dispositions en vigueur. Faute de quoi, ils exposent les populations, s'exposent eux-mêmes et exposent le corps professionnel», détaille Reda Semlali, directeur d'un bureau d'études. Le problème, selon lui réside également dans les contrôles et l'application des réglementations antisismiques. Constructions anciennes et informelles, le grand défi Les constructions anciennes, notamment dans les zones rurales, ainsi que les constructions informelles, sont vulnérables aux séismes. David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction souligne que, "Les structures plus modernes ont tenu relativement bien lors du récent séisme, tandis que les villages qui ont été détruits avaient été construits de manière différente, utilisant des méthodes plus traditionnelles avec des mélanges de chaume, de terre et de paille. Ces bâtiments n'étaient pas conçus pour résister aux secousses sismiques, et c'est la méthode de construction qui prévaut dans ces régions depuis des siècles". David Toledano. Il ajoute aussi qu'au Maroc, nous disposons de normes antisismiques, mais nous avons également des normes de construction en béton. Le béton joue un rôle essentiel dans la rigidité et la durabilité des constructions. Nous utilisons une structure de type poutre-poutrelle pour soutenir les bâtiments, mais cette approche n'est pas courante dans les zones rurales ». De son côté, Reda Semlali, note que les habitants dans les zones qui ont été les plus touchées ont l'habitude de construire des étages supplémentaires en ajoutant des dalles de béton sur des murs fragiles en briques crues, sans fondations adéquates. Cette pratique, d'après lui, expose ces structures à un risque accru lors des séismes. Toledano évoque aussi la problématique de la construction informelle. «Dans ce type de construction, il n'y a pas d'intervention d'architectes ni de bureaux d'études pour s'assurer que les conditions requises sont respectées », regrette-t-il. Il souligne par ailleurs que lorsque l'on demande un permis de construire, il faut fournir des plans architecturaux, des plans de béton, et l'architecte doit superviser le projet. Si ces conditions ne sont pas remplies, le permis de construire n'est pas délivré. Les bâtiments construits de manière informelle ne répondent généralement pas à ces normes. Revoir les normes. Une nécessité Suite au séisme récent dans la région d'Al Haouz, les normes devraient être revues. Toledano pense qu'il est difficile de tout démolir et de reconstruire selon les normes antisismiques. Mais selon lui, tout ce qui devrait être construit à l'avenir doit se conformer à ces normes. « il est compliqué, coûteux et souvent irréalisable de détruire et de reconstruire les anciennes structures », assure-t-il. L'expert, présent à Marrakech lors du récent séisme, souligne que la région et les villes avoisinantes ont résisté de manière exceptionnelle à cette tragédie, malgré son caractère dévastateur. Selon lui, il est indéniable que de nombreuses constructions à Marrakech et dans les environs, ayant subi des fissures, devront probablement être démolies et reconstruites pour assurer leur sécurité et leur conformité aux normes antisismiques.