Après six jours, la grève de la faim menée par les candidats éconduits du concours d'avocats continue en provoquant inquiétude et indignation. Ravivant la polémique autour des résultats controversés de l'examen d'aptitude à l'exercice de la profession d'avocat, cette grève de la faim menée par 15 candidats dure depuis une semaine. Se réfugiant dans les locaux d'une association des droits humains à Temara, les grévistes réclament réparation de préjudice et l'annulation des résultats estimés « douteux » et « falsifiés ». Solution extrême « Chaque jour, les candidats grévistes s'approchent de la mort et chaque jour l'un d'eux est transporté en urgence à l'hôpital. Un drame qui risque de faucher des vies alors que le ministre de la justice continue d'ignorer nos requêtes légitimes », annoncent les représentants de la Commission nationale des victimes de l'examen d'aptitude pour l'exercice de la profession d'avocat lors d'une conférence de presse tenue le 28 février. Cette dernière affirme d'ailleurs que l'état de santé des grévistes s'est gravement détérioré au bout de six jours affilés de faim. « Leur état est très grave. Ils ont perdu beaucoup de poids, leurs corps sont très affaiblis et souffrent déjà de maux lancinants aux dos et aux articulations », rapporte la page officielle de la coordination, ce matin. Avant d'en arriver à cette solution extrême, les candidats éconduits ont déjà tenté de défendre leur cause en saisissant la justice pour exiger la révision de leurs copies. D'autres ont chois de manifester devant le parlement à Rabat en réclamant l'annulation des résultats controversés. Soupçonnés d'être falsifiés, ces résultats ont été à l'origine de réclamations populaires d'ouverture d'enquête et de multiples contestations de la part d'activistes des droits humains et de partis politiques. Des vies en danger Un véritable tollé qui n'a finalement pas abouti aux résultats escomptés par les candidats en colère. « Le ministre de la justice Abdelatif Ouahbi et le gouvernement continuent d'ignorer les doléances des candidats. Pire encore, alors qu'ils sont en train d'agoniser au bout de six jours de grève de la faim, Ouahbi continue de les ignorer et de camper, avec arrogance, sur ses positions anti-ouverture d'enquête à propos de ces résultats », s'insurge l'activiste usfpéiste Hanane Rihab. Accusant le ministre d'être incapable de gérer cette crise, Rihab estime que son attitude est « irresponsable » et met en danger la vie de citoyens marocains. Un appel parmi plusieurs d'autres adressés à Ouabi pour s'assoir à table avec les candidats et d'ouvrir le dialogue. « En vain ! Alors qu'ils agonisent pour leur cause, le ministère signe leur arrêt de mort en maintenant la date des épreuves orales de cet examen prévues les 1, 2,3 et 4 mars », regrette de son côté l'activiste des droits humains Mustapha Sahmi, sur la page facebook du leader des grévistes Amine Nasro-Allah, devenu un forum des sympathisants de la cause des candidats. Flash back Les résultats du concours des avocats dévoilés il y a deux mois ont immédiatement provoqué la polémique. La présence de plusieurs « noms de famille» qui se répètent dans la liste des admis dont celui du ministre de la justice Abdelatif Ouahbi était la principale cause de cette controverse. Objet de questions écrites et orales au parlement, les « dysfonctionnements » ayant entaché l'examen d'aptitude et ses résultats n'ont pas manqué de faire réagir la société civile et les activistes des droits humains. Se sont alors multipliées les réclamations d'ouverture d'une enquête approfondie par le Ministère public pour élucider les dessous de cette affaire et en dissiper les soupçons de corruption. De son côté, le syndicat des avocats du Maroc a contesté les différentes irrégularités et la « manipulation » des résultats du concours en appelant Ouahbi à en assumer la responsabilité « légale et politique ». Le syndicat a également réclamé l'annulation des résultats controversés et l'organisation d'un nouvel examen de telle manière à garantir l'égalité des chances pour tous les candidats.