Dur mais nécessaire rappel d'une réalité inquiétante en ce 8 mars. L'Association de lutte contre le sida (ALCS) nous apprend à l'occasion de cette journée internationale des droits des femmes que près d'une personne sur deux vivant avec le VIH est une femme. La gent féminine représente ainsi 43% de l'ensemble des personnes touchées par le virus. L'évolution du taux de contamination féminine est d'autant plus inquiétante que dans les années 1990, on parlait de 18%. Ce bond ressort aussi dans la tendance mondiale. D'ailleurs, actuellement, la première cause de décès chez les femmes âgées entre 15 et 49 ans n'est autre que le sida. Si la vulnérabilité physiologique et anatomique des femmes les expose à deux fois plus de risque d'infection par le virus que les hommes, pour l'ALCS ce n'est pas pour autant la seule raison de l'évolution phénoménale du nombre des femmes porteuses du VIH. D'après l'association, les inégalités hommes-femmes et la propagation du Sida sont étroitement liées. Rappelant le classement peu honorable du Maroc sur l'indice d'inégalité de genre élaboréee par les Nations Unies, l'ALCS affirme que le 111e rang sur 162 en 2019 n'est pas sans conséquence. La vulnérabilité socio-économique des femmes les rend dépendantes économiquement et psychologiquement de leurs partenaires. Ce manque d'indépendance les fragilise considérablement et devient souvent un obstacle à l'adoption d'un moyen de prévention. Un constat confirmé par les chiffres avancés par l'ALCS : 70% des femmes infectées par le VIH ont été contaminées sur le lit conjugal par leur conjoint. Une corrélation que les différentes enquêtes sociologiques confirment, comme le soutient l'ALCS. Rappelons que l'enquête nationale sur la violence à l'encontre des femmes et des hommes, réalisée en 2019 par le Haut-Commissariat au Plan, a révélé que la prévalence de la violence à l'encontre des femmes est de 57.1%. La violence sexuelle avec ses différentes formes a enregistré une augmentation notable de l'ordre de 5 points entre 2009 et 2019 en passant de 9% à 14%. Une prévalence qui aurait de lourdes répercussions sanitaires et qui serait particulièrement fragilisante vis-à-vis du sida. D'après les données de l'ONUSIDA, les femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles de la part d'un partenaire intime ont 1.5 fois plus de risques de contracter le VIH que les femmes qui n'ont pas subi de telles violences. L'alerte ainsi donnée par l'ALCS devrait pousser le ministère de la Santé ainsi que l'ensemble des acteurs institutionnels concernés à élaborer une stratégie de lutte contre les inégalités, la violence et par extension contre le sida. En termes pratiques, l'Association en appelle à la publication en urgence de l'intégralité du rapport de l'évaluation genre de la riposte nationale au VIH 2019-2020. « Mettre en œuvre sans plus attendre la stratégie transformatrice sur le genre recommandée, former les prestataires de services de santé en matière de genre, de droits humains et de non-discrimination, concevoir en concertation avec la société civile et les représentantes communautaires un plan d'action précis et budgétisé », recommande l'ALCS dans son communiqué rendu public le 8 mars. L'ONG préconise également la généralisation, en concertation avec les ministères concernés, d'un programme d'éducation sexuelle sensible au genre tout en mettant fin aux inégalités de genre pour éradiquer l'épidémie du VIH d'ici 2023.