A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l'Association de lutte contre le sida rappelle la nécessité d'inclure les besoins spécifiques des femmes, particulièrement les plus vulnérables, en matière d'accès aux droits à la santé. La célébration de la Journée de mobilisation pour les droits des femmes s'inscrit cette année dans un contexte particulier en termes d'accès aux droits à la santé. Au lendemain de la validation par le Conseil des Ministres de la loi-cadre du projet de réforme du système de protection sociale, l'Association de lute contre le Sida lance un appel pour inclure les besoins spécifiques des femmes en matière d'accès à la prise en charge médicale. Le Sida se féminise
L'association s'alarme d'ailleurs par rapport à la féminisation de l'épidémie du VIH ces dernières années. « Alors que la part des femmes ne représentait que 18 % des cas entre 1986 et 1990, celle-ci a atteint 42 % entre 2001 et 2005 (Rapport Plan National de Lutte contre le Sida, 2007 » note un communiqué de l'ALCS. Représentant aujourd'hui 38% des nouvelles infections au VIH, les femmes sont infectées à hauteur de 70% par leurs conjoints. D'après l'ALCS, cette féminisation particulièrement inquiétante s'explique principalement par des facteurs socio-économiques, les inégalités juridiques et culturelles et les inégalités en matière d'éducation. Des facteurs aggravants qui favorisent la stigmatisation des femmes vivant avec le VIH ou particulièrement vulnérables à ce virus. Ceci tout en entravent leur accès au diagnostic et au traitement, note-t-on auprès de l'ALCS. Une situation critique que les violences basées sur le genre viennent aggraver en accentuant davantage la vulnérabilité des femmes et des jeunes filles. « Ces éléments contextuels aggravent les obstacles institutionnels d'accès au droit à la santé », ajoute la même source, en faisant valoir les données avancées dans la revue de l'environnement législatif et réglementaire lié au VIH/Sida au Maroc menée par le CNDH et le ministère de la Santé en 2016. Grand écart
Cette dernière confirme en effet l'existence d'écarts majeurs entre la législation nationale et le référentiel international traitant du VIH et des droits humains, notamment en ce qui concerne les libertés individuelles. « En effet, l'existence de textes législatifs coercitifs dissuade les personnes particulièrement vulnérables au VIH/Sida d'avoir recours aux services de prévention et de soins qui leur sont pourtant destinés », explique l'ALCS. Cette dernière rappelle d'ailleurs la nécessité de mettre en œuvre les recommandations de cette revue portant sur la mise en conformité de la législation marocaine aux référentiels internationaux traitant du VIH et des droits humains. L'ALCS évoque en guise d'exemple le renforcement des lois pénalisant la violence à l'égard des femmes ainsi que les discriminations à l'encontre des personnes vivant avec le VIH et celles qui sont les plus exposées au risque d'infection par ce virus.