#Justiceforzouhair, لزهير_ العدالة #, depuis hier, ce hashtag est largement partagé sur les réseaux sociaux pour réclamer justice. La photo de Zouhair Âabouda est sur tous les mûrs sur facebook et ailleurs, pour rappeler l'atrocité de son triste destin. Jeune, beau et belle allure sportive, la victime est, selon les témoignages des voisins, un jeune homme tranquille sans histoires. Pourtant, sa fin tragique a ému la toile en soulevant une vague d'indignation et en provoquant un profond sentiment d'injustice. Le massacre Mercredi, Zouhair a été tué en plein public, dans un marché à ciel ouvert, à Âazib Darîi, à Safi. Son assassin n'est autre que le violeur revanchard de sa sœur. Une affaire que tout le monde connait à Safi. Comme si le viol et la stigmatisation de la famille entière n'étaient pas suffisants, le violeur n'a pas cessé de provoquer la victime. Hier, accompagné de ses amis, le tueur apostrophe Zouhair et le massacre sauvagement, à l'arme blanche devant les yeux de tout le monde. La vidéo du meurtre partagée sur youtube est d'une immense violence. Livré seul à son assassin, le calvaire de Zouhair aura une suite même après sa mort. Transportés dans la même ambulance, le tueur va mutiler sadiquement le corps de la victime. Il le défigure, lui coupe le bras, lui arrache la gorge... Des images dignes d'un film d'horreur. Sous le choc « C'est une affaire d'opinion public. Cette affaire ne devrait pas passer sans conséquences. Si on assiste à un tel carnage en plein public sans réagir, on doit rendre des comptes à l'humanité et à l'Histoire ultérieurement », commente l'artiste Achraf Tazi, sur sa page officielle à plus de 270.000 abonnés. Comme Tazi, ils sont nombreux les internautes sous le choc. Se constituant partie civile dans cette nouvelle affaire, ils réclament justice pour Zouhair, pour sa sœur et pour toutes les victimes de malfrats semant la terreur dans les rues et les villes marocaines. « Zouhair est une victime parmi des centaines, des milliers subissant tous les jours les assauts de criminels. Nous ne sentons plus en sécurité dans la rue », notent en chœur des internautes en colère. Peine de mort « Nous réclamons la peine de mort pour le tueur de Zouhair pour rendre justice à la victime mais aussi pour dissuader tout criminel. Aussi un jugement, pourquoi pas, pour ceux qui ont assisté à son meurtre sans bouger le petit doigt pour le sauver. Nous ne sommes pas dans la jungle ! » s'insurge l'artiste. Coupables, selon lui, de non assistance à une personne en danger, les témoins ne cachent pas leur terreur du tueur. Témoignant sur des chaines youtube locales, les amis et les voisins affirment être terrorisés par le criminel qui impose sa loi sur ce quartier et son marché. « Pire que le crime, le fait d'y assister passivement et surtout de le filmer. Comment peut-on rester assez calme pour filmer cette scène mais pas assez pour intervenir ? », s'interrogent les internautes, en traitant les témoins de « lâches ». Mais peut-on pour autant incriminer des témoins incapables de surmonter leur peur ? Des témoins qui, au lieu, d'intervenir ont préféré filmer ? Voyeurisme coupable « Les réseaux sociaux regorgent de vidéos relatant toutes sortes de violences filmées par des témoins qui, au lieu d'intervenir et de venir en aide aux victimes en danger, se contentent de braquer leurs téléphones et de filmer leur malheur ! », nous explique auparavant, Hassan Baha, chercheur en sociologie de l'image ( Voir notre article : « Nous, voyeuristes coupables »). Certes une tendance internationale selon Baha mais qui prend des couleurs bien locales en dévoilant un autre visage d'une société marocaine mutante. Mais d'où vient justement ce besoin de filmer un viol, une agression physique ou parfois verbale ? Quelle est la motivation première d'enregistrer ses agissements violents au risque de s'auto-incriminer ? Aussi quel plaisir éprouve-t-on en visionnant le malheur de pauvres victimes de viol et d'autres violences ? Comment devient-on simplement des coupables de non assistance à une personne en danger ? En répondant à ces questions, le chercheur note cette grande fascination par la violence. «Nous pouvons même aller plus loin et dire qu'elle suscite du plaisir », s'aventure Baha. D'après le chercheur, lorsqu'un individu assiste à une scène de violence et la filme, il marque par une telle attitude «une sorte de volonté de participer à la scène. Inconsciemment, il échappe à son état habituel de passivité, de simple spectateur, à son inertie et devient acteur, complice. Souvent, il se convainque qu'il participe au changement et la lutte contre la violence par ses vidéos », analyse le chercheur en sociologie de l'image. Le désir de savoir, d'être le premier informé, s'est accentué chez l'individu avec l'apparition des réseaux sociaux. « Cette tendance a développé en lui une forme de curiosité malsaine », enfonce-t-il le clou. Ainsi le fait d'«informer», d'avoir « le scoop », prime sur tout autre chose et ceci au détriment d'autres qualités humaines telles l'empathie ou la solidarité. Au-delà de son aspect criminel, le meurtre de Zouhair aurait ainsi choqué mais surtout interpellé les consciences en s'interrogeant sur notre humanisme et sur les valeurs fédératrices d'une société en pleine mutation.