Depuis samedi dernier, date de la découverte dramatique du corps d'un enfant disparu à Tanger, une sorte de fièvre s'est emparée de la toile au niveau national et même plus. Les réseaux sociaux et autres plateformes d'information électronique n'ont de cesse de déplorer cette tragédie qui a ému le Royaume. Depuis, on assiste à la dénonciation des crimes ayant trait au harcèlement sexuel et au viol. Cela s'est accompagné du lancement de nombreuses campagnes de sensibilisation et de pétitions de protestation qui se sont diffusées sur les plateformes interactives. Comme en pareil cas, rumeurs et fausses nouvelles sur ces phénomènes sociétaux se sont glissés çà et là semant, zizanie, peur et panique au sein de la communauté des internautes, du moins pour les crédules d'entre eux. Des sentiments amplifiés ces derniers jours, lorsque la police de Tanger a sauvé un enfant d'une tentative d'agression sexuelle ou quand les forces de sécurité à Safi ont arrêté une personne impliquée dans l'agression d'un mineur, suivie de l'arrestation du violeur d'une femme, et autres interpellations. Tout cela a fait que de nombreux débats virtuels et discussions interactives mettant en lumière la profondeur ce phénomène de société, dénonçant ces crimes qui se doivent d'être châtiés à leur juste mesure, ont vu le jour sur la toile, chacun y allant du sien afin de converger vers le même but et ne pas laisser l'oubli social l'emporter comme ce fut le cas pour le pédophile Daniel Galvan. Mohssine Benzakour, chercheur et professeur de psychologie sociale à l'Université Hassan II de Casablanca (Faculté des lettres et sciences humaines), s'est livré à Hespress à propos de ces motifs émotionnels. S'arrêtant sur les débats sur le viol et les attentats à la pudeur il a déclaré « nous constatons un immense sentiment général de sympathie envers les victimes qui émane de la prolifération de ces crimes ». Se demandant ensuite « Cela signifie-t-il l'éveil de la conscience ? », avant que d'y répondre en soulignant que « c'est l'histoire qui le prouvera ». Benzakour a ensuite ajouté: « Si cette sympathie se transforme en attitude ou comportement, nous pouvons être convaincus que les Marocains se défendent les uns les autres », soulignant que « le passage de l'émotion à la responsabilité dépend du temps, car l'appareil de sécurité ne peut à lui seul lutter contre ce phénomène ». Puis le chercheur d'expliquer « les motivations émotionnelles doivent être investies en permanence pour devenir conscience, car la motivation émotionnelle est essentielle, mais la conscience est l'essence du problème », concluant que « la conscience est continue dans le temps, tandis que l'émotion est limitée à une étape spécifique. On peut l'observer dans la manière dont les Marocains traitent le coronavirus, alors que nous sommes passés de l'engagement à l'insouciance, qui est due à la peur et non à la citoyenneté ». Pour sa part, Ali Chaabani chercheur en sociologie, a estimé que « les sites sociaux et les médias ont contribué à la diffusion généralisée du problème de viol et attentat à la pudeur ». Le chercheur en sociologie a souligné, dans une déclaration à Hespress, que « la question doit également être liée aux droits de l'homme et à la conscience humaine de segments de la société, en particulier en ce qui concerne la violence, les meurtres et les enlèvements, afin qu'elle ne soit plus commise en secret, mais soit révélée en temps réel par les médias ». Chaabani a souligné que « le crime de Tanger occupe une place particulière parmi les Marocains, car il combinait enlèvement, viol, attentat à la pudeur, meurtre et enterrement, comme ces différents crimes se sont réunis dans un cas … ce qui a incité les familles marocaines à sensibiliser leurs enfants au danger du phénomène ».