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«Je ne permettrai jamais l'établissement d'un Etat fantoche au Sahara (1974)» : le roi Hassan II face au monde pour unifier le Maroc, selon les câbles déclassifiés de la CIA
En juillet 1974, le roi Hassan II a dépêché des émissaires auprès des cinq continents pour leur exposer le bien-fondé de la revendication par le Maroc de la souveraineté sur le Sahara. Qualifiée d'offensive diplomatique, l'action du monarque marocain voulait en effet s'opposer à la création par l'Espagne d'un Etat fantoche au Sahara, une idée soutenue par l'Algérie. «Logiquement, j'attends que l'Algérie nous fasse la guerre puisque le chef de l'Etat algérien considère que la question du Sahara occidental constitue une menace pour son pays», avait tonné un Hassan II quelques semaines après la marche de 1975. «Le Maroc voulait récupérer le Sahara à l'amiable comme cela avait déjà été le cas pour la cité d'Ifni en 1969, mais un accord bilatéral a été rendu impossible par l'Espagne. Elle voulait accorder une indépendance fictive à ce territoire, laquelle lui aurait permis de satelliser le futur Etat. Un projet inavouable centré autour du PUNS (Parti de l'unité nationale sahraouie), fondé pour ériger ce groupe comme un interlocuteur valable. D'ailleurs, le Polisario, c'est un peu le PUNS», raconte un haut ancien diplomate marocain. Dès 1974, le roi Hassan II du Maroc sentait que le Sahara menaçait de devenir une source de complications d'ordres divers, de difficultés et de gêne. L'enchevêtrement de causes et de circonstances faisaient ressortir la ténacité des efforts que le monarque a déployés pour contrecarrer les entreprises tentées par l'Espagne et l'Algérie pour imposer leur politique dans les provinces sahariennes. Au cours de ses laborieuses négociations avec l'Espagne, Rabat avait engagé aussi des pourparlers avec la Mauritanie également afin de régler d'une manière générale le sort du Sahara, le seul territoire africain encore occupé par une puissance européenne. En manifestant au gouvernement espagnol son désir de voir régler d'un commun accord la situation au Sahara. Un témoignage de bon vouloir du Maroc qui souhaitait régler dans un esprit de bonne entente mutuelle le dossier du Sahara conformément aux rapports de voisinage. «Lorsque le roi du Maroc Hassan II a appris au début de 1975 les plans de Madrid visant à modifier la législature territoriale du Sahara, il a immédiatement affirmé qu'il ne permettrait pas l'établissement d'un Etat fantoche au Sahara et a laissé entendre qu'en cas d'échec du dialogue, d'autres moyens seraient recherchés», notent les câbles de la CIA. Washington a qualifié les intentions du roi Hassan II de conquérir le Sahara d'«aspirations irréalistes». Les Mauritaniens, selon les câbles, ont craint que «le départ des Espagnols ne se traduise par une nouvelle guerre frontalière entre le Maroc et l'Algérie, semblable à celle de 1963. Les pourparlers tripartites entre ces pays ont eu lieu peu fréquemment depuis 1970, mais les revendications territoriales du Maroc et l'insistance de l'Algérie à jouer un rôle en tant que partie intéressée ont empêché tout accord sur des mesures pratiques pour accélérer la décolonisation du Sahara espagnol.» L'Algérie, ajoutent les Américains, «s'opposerait à toute action unilatérale forte du Maroc pour forcer la décolonisation du Sahara espagnol» laquelle a, par la suite, refusé de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara et prôné l'autodétermination du territoire en plus d'apporter un soutien matériel substantiel aux actions belliqueuses du Polisario. Les câbles reconnaissent que l'Algérie «continuera à soutenir le Polisario et s'efforcera de maintenir la question devant les instances internationales. L'Algérie ne cherchera cependant pas d'aide extérieure autre que diplomatique car elle ne souhaite pas diluer son influence sur le Polisario», qu'il est «peu probable que les Soviétiques s'impliquent à grande échelle dans le conflit, car ils ne veulent pas compromettre leurs relations avec le Maroc en apportant un soutien direct au Polisario.» Rabat a fait valoir, avant la Marche verte, qu'à l'époque précoloniale, «les dirigeants marocains exerçaient par intermittence des degrés variables de contrôle sur une grande partie de ce territoire (du Sahara), ainsi que sur des portions de l'ouest de l'Algérie, de la Mauritanie et de certaines parties du Mali» L'Algérie, indiquent les câbles, a menacé d'intervenir pour empêcher le Maroc de récupérer le Sahara. «Le président Boumédiène a convoqué les ambassadeurs de tous les membres permanents du Conseil de sécurité et leur a dit que des mesures concrètes devaient être prises pour arrêter la marche marocaine. Avec l'ambassadeur des Etats-Unis, il s'est montré un peu plus direct, notant qu'il pensait que les Etats-Unis avaient suffisamment d'influence sur le roi Hassan II pour le forcer à arrêter la marche.» L'Espagne, le Maroc et la Mauritanie ont convenu de mettre en place une administration provisoire conjointe pour gouverner le Sahara jusqu'à ce que l'Espagne se retire complètement au début de 1976. La décision de partition du territoire, donnant au Maroc la région nord, avec ses riches gisements de phosphate, et à la Mauritanie la partie sud, avec son minerai de fer, ressuscitée en 2024, date en effet de 1976. Temps figé. Alger n'approuverait aucun accord auquel il n'aurait pas été partie prenante, a-t-on dit. «Toute tentative de diviser le territoire serait une grave erreur, une telle action mettrait en péril les intérêts de l'Espagne, faisant apparemment référence au gaz naturel algérien. Les Algériens chercheront également à créer le plus de problèmes possible au Maroc. Ils continueront par exemple à fournir des armes, des formations et peut-être des soldats au Front Polisario», dévoilent les câbles américains.