Les 7 et 8 novembre prochains, les négociations sur le nucléaire iranien vont reprendre à Genève entre les représentants de la république islamique et les Occidentaux. Sans tomber dans l'angélisme, il y a, en cet automne 2013, de bonnes raisons de croire dans la sincérité du nouveau président iranien, Hassan Rohani, dans ce nouveau cycle de négociations. Si ce religieux au visage affable de 64 ans est sincère, c'est tout simplement parce qu'en bon politicien, il juge que c'est son intérêt et celui de l'Iran. Cet homme du sérail, autrefois proche de l'ayatollah Khomeiny qu'il a accompagné en France, à Neauphle-le-château, vit dans le sillage de l'ayatollah Khamenei depuis 1979. C'est l'année où le Guide suprême lui a confié l'organisation de la cellule idéologique de l'armée, puis en a fait, pour seize ans, le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité de l'Etat, une institution importante qui dépend directement de Khamenei. Et lorsque Hassan Rohani devient, de 2003 à 2005, le responsable des négociations sur le nucléaire avec les Occidentaux – déjà – c'est en qualité de représentant de Khamenei qu'il gère directement ce dossier ultrasensible. L'Iran avait alors suspendu ses recherches sur l'enrichissement de l'uranium. Il n'y a donc aucune raison de penser que Rohani devenu président (parce que le Guide suprême l'a bien voulu) puisse faire cavalier seul dans les négociations actuelles. Le chef de l'Etat, comme le Guide ont pour premier souci de sauver la république islamique. Il leur faut donc obtenir la levée des sanctions économiques et financières qui saignent le pays et calmer le jeu sur le nucléaire. La question est de savoir qui va faire le premier pas. Va-t-on d'abord lever les sanctions ou l'Iran va-t-elle d'abord cesser d'enrichir l'uranium à 20% (seuil à partir duquel il est aisé d'aboutir au 90% d'enrichissement réclamés pour une bombe) ? Rien n'est encore joué. Deux autres faits plaident pour le sérieux de Rohani. Le premier : Barack Obama semble y croire. Il est vrai qu'il ne veut surtout pas avoir à bombarder l'Iran, c'est son cauchemar, alors qu'il est bien décidé à se désengager de tout conflit armé au Moyen-Orient. Donc, les Américains répètent sans cesse qu'ils sont optimistes pour créer une atmosphère favorable aux négociations. Le second, le plus important, est l'agitation qui s'est emparée de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien. Si celui-ci ne pensait pas que Rohani est crédible et qu'un accord est possible entre les Iraniens et les Occidentaux, en particulier les Américains, il ne répèterait pas à l'envi que l'Iran ment et que ses politiciens ne peuvent être cru. La droite israélienne, comme les pays du Golfe ou l'Arabie Saoudite, ne seront jamais rassurés tant que l'Iran restera une puissance régionale avec laquelle ils doivent compter et dans laquelle ils n'ont pas confiance. Est-ce à dire que tous les opposants à la négociation vont s'évertuer de la faire capoter ? Il ne faut pas l'exclure. C'est la raison pour laquelle Rohani est pressé de réussir. Car en Iran aussi, une partie des Gardiens de la révolution et des conservateurs, pour une fois d'accord, est bien décidée à lui tirer le tapis... persan, sous les pieds.