Selon l'ayatollah Ali Khamenei, «l'Europe et le monde entier ont besoin du gaz. L'Iran dispose d'un instrument qu'il peut utiliser à titre de sanctions». D'autre part, le haut responsable iranien des négociations sur le nucléaire, Abbas Araqchi, engagera, mardi prochain, des pourparlers avec le chef de l'AIEA, Yukiya Amano, sur la question du nucléaire iranien. L'Iran pourrait couper ou réduire les livraisons de gaz à l'Europe si l'Occident durcit ses sanctions, a déclaré jeudi à Téhéran le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. «Si l'Occident continue d'adopter des sanctions contre notre pays, l'Iran répondra par ses propres sanctions. L'Iran a des ressources pétrolières et gazières importantes. L'Europe et le monde entier ont besoin de gaz. L'Iran dispose d'un instrument qu'il peut utiliser à titre de sanctions», a indiqué l'ayatollah Ali Khamenei cité par l'agence IRNA. L'UE a décidé la semaine dernière de réinscrire la National Iranian Tanker Company (NITC) et l'homme d'affaires iranien Gholam-Hossein Golparvar sur la liste des entités et personnes faisant l'objet de mesures restrictives. Le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié cette décision de «démarche politique contraire à la nature des négociations sur le nucléaire iranien». L'ayatollah Khamenei a émis des doutes, quant à un possible levé des sanctions par l'Occident, en cas de succès des négociations sur le programme nucléaire iranien. «Je suis persuadé que si nous faisons des concessions à l'Occident et cédons aux pressions occidentales aux négociations, les sanctions seront maintenues, puisque les ennemis de l'Iran sont hostiles à l'existence de la République islamique», a-t-il ajouté. L'Iran dispose des 2èmes plus importantes réserves de gaz naturel et des 3èmes plus importantes réserves de pétrole au monde. Il produit 2,7 millions de barils de pétrole par jour et 600 millions de m3 de gaz par jour. Le budget iranien pour l'an prochain, qui commence le 21 mars, prévoit une réduction des revenus pétrogaziers de 30% à 25%. Les questions toujours sans réponses de l'AIEA L'Iran n'a toujours pas fourni de nouvelles réponses à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur une «possible dimension militaire» de son programme nucléaire, selon un rapport du gendarme nucléaire de l'ONU. «L'Iran n'a fourni aucune explication» sur deux points auxquels il s'était engagé à répondre, écrit l'AIEA dans son rapport trimestriel. Conformément aux ententes enregistrées, l'Iran n'a pas enrichi de l'uranium de plus de 5%, depuis le 20 janvier 2014, a, toutefois, précisé l'AIEA. Selon l'agence, les stocks d'uranium pauvrement enrichi en Iran ont diminué jusqu'à 7.952 kg, depuis début novembre dernier. Cette évaluation intervient à quelques jours d'une réunion prévue demain, à Genève, entre les chefs des diplomaties iranienne et américaine, Mohammad Javad Zarif et John Kerry, pour tenter de faire avancer la négociation d'un accord historique, qui garantirait la nature exclusivement civile du programme nucléaire iranien, en échange d'une levée des sanctions internationales contre la République islamique. En parallèle à cette négociation politique, et de façon distincte, l'AIEA demande à Téhéran de répondre à des allégations précises, formulées par l'Agence en 2011, selon lesquelles l'Iran aurait mené des recherches et des travaux concrets dans le passé pour se doter de la bombe atomique. L'Iran dément ces allégations, fondées selon le pays sur de faux documents, mais a toutefois accepté de répondre aux questions de l'AIEA. Le directeur général de l'AIEA, le Japonais Yukiya Amano, a rencontré à ce sujet Zarif à Munich le 7 février. Il devrait également recevoir le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, la semaine prochaine au siège de l'agence à Vienne. L'Iran et le groupe de grandes puissances des 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) se sont entendus en novembre dernier pour rechercher un accord politique sur leur controverse nucléaire avant le 31 mars, et en cas de succès, pour ensuite en régler les détails techniques d'ici le 1er juillet. Les grandes puissances exigent que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'empêcher qu'il puisse se doter un jour de l'arme nucléaire. Téhéran, qui dément tout caractère militaire de son programme, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée totale des sanctions économiques occidentales.