Le guide suprême iranien, l›ayatollah Ali Khamenei, a affirmé dimanche qu›il valait mieux pas d›accord sur le programme nucléaire de Téhéran plutôt qu›un mauvais accord et s›est montré hostile au calendrier de négociations en deux étapes. En novembre, l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) s'étaient entendus pour parvenir d'abord à un accord politique avant le 31 mars et ensuite en finaliser les détails techniques pour un accord global avant le 1er juillet. Mais ces négociations piétinent, laissant craindre une nouvelle prolongation des discussions, déjà prolongées à deux reprises. L'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de l'Iran, s'est montré peu enclin au calendrier en deux étapes. L'expérience montre que c'est un moyen pour (les grandes puissances) de pinailler sur tous les détails (...) Tout accord doit se faire en une seule étape et comprendre le cadre général et les détails. Il doit être clair et non sujet à interprétation, a-t-il déclaré. Auparavant, à Munich, en Allemagne, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait estimé qu'un nouveau report de la date butoir n'était dans l'intérêt de personne. Zarif a rencontré son homologue américain, John Kerry, à deux reprises depuis le vendredi 6 février, en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, et le négociateur en chef iranien n'a pas jugé qu'une une nouvelle extension des négociations serait utile. Si nous n'arrivons pas à un accord, ce ne sera pas la fin du monde. On aura essayé, on aura échoué (...) on trouvera d'autres procédures, a-t-il indiqué après un entretien de 90 minutes avec M. Kerry, des discussions qui n'avaient pas été annoncées et desquelles rien n'a filtré. Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a indiqué que son pays veut montrer au monde que son plan nucléaire est uniquement pacifique, et a souligné que les négociations et le respect représentaient le seul moyen de parvenir à un accord sur ce sujet. Les sanctions imposées contre l'Iran, a-t-il ajouté, ont aussi un impact sur d'autres pays et n'aideront pas à résoudre les problèmes. Les grandes puissances exigent que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'empêcher que la République islamique dispose un jour de la bombe atomique. Téhéran, qui dément tout caractère militaire de son programme, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée totale des sanctions économiques internationales pénalisantes pour son économie. Ces négociations ont redémarré en 2013 sur la base d'un accord intérimaire gelant certaines activités sensibles de l'Iran en échange d'une levée partielle de ces sanctions. Pour le Guide suprême iranien, « nos négociateurs tentent d'enlever l'arme des sanctions des mains de l'ennemi. S'ils réussissent tant mieux, mais sinon tout le monde doit savoir qu'il y a de nombreux moyens dans le pays pour atténuer l'impact de ces sanctions ». M. Khamenei a aussi critiqué l'attitude des États-Unis et de quelques pays européens. Moscou réaffirme le rôle de l'AIEA Le ministère russe des Affaires étrangères a insisté, le 6 février, dans un communiqué sur le rôle de l'Agence internationale de l'Énergie atomique dans la réalisation de l'accord éventuel Iran/États-Unis. En marge de la réunion sécuritaire de Munich, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, l'a indiqué lors de sa rencontre avec le Directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, rappelant le rôle clé que cette Agence jouera, via ses inspections dans le cadre de l'accord éventuel à être conclu entre l'Iran et les 5+1. «Pour la poursuite de la mission durable de l'AIEA, en Iran, ces inspections sont d'une importance toute particulière», a dit le chef de la diplomatie russe. Selon les informations des médias, les inspecteurs de l'AIEA ont effectué environ 5.000 jours/inspection dans les sites nucléaires de l'Iran, ce qui est inédit dans l'histoire de cette Agence. Le nouveau tour de négociations entre l'Iran et les 5+1 a commencé avec l'arrivée au pouvoir d'Hassan Rohani, l'actuel Président iranien. Dans une première étape, les deux parties sont parvenues, en novembre 2013, à Genève, en Suisse, à un accord intérimaire ou plan d'action commune. En vertu de ce plan d'action commune, les deux parties se sont engagées à prendre des mesures de confiance, pour faciliter le processus de la signature de l'accord nucléaire global.