Biden a appelé les dirigeants de pays du monde entier depuis qu'il est devenu président, mais aucun au Moyen-Orient. Par LAHAV HARKOV
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est vanté d'avoir d'excellentes relations avec les démocrates et le président américain Joe Biden, dans une interview accordée à Channel 12 lundi. Interrogé sur la raison pour laquelle le président Biden ne l'as pas encore contacté, près d'un mois après son investiture, le dirigeant israélien a répondu : «Nos solides liens d'amitié datent de près de 40 ans, puisque j'ai représenté Israël à Washington [en tant que chef de mission adjoint] alors que lui était au Sénat. Bien que nous soyons d'accord sur pas mal de sujets, nous avons des points de vue divergents sur l'Iran et les Palestiniens ». Alors que Biden a eu au téléphone les dirigeants de pays du monde entier depuis qu'il est devenu président, il n'en a contacté aucun dans la région du Moyen-Orient. Netanyahu a nié que ses mauvaises relations avec l'ancien président américain Barack Obama puissent avoir des conséquences négatives sur les relations américano-israéliennes aujourd'hui. «J'ai d'excellentes relations avec les démocrates», a déclaré Netanyahu. «Je rencontre des centaines de membres du Congrès et du Sénat qui viennent à Israël. J'ai vérifié, c'est bien 50-50 entre les partis. » Et le Premier ministre d'ajouter que sa préoccupation n'était «pas tellement les démocrates ou les républicains. Il est surtout question de politiques... En cas d'opposition [à la position d'Israël] en ce qui concerne l'Iran – une question fondamentale de notre existence, alors là j'en parlerai sans ambages », a-t-il souligné. Faisant référence au chef de Yesh Atid, le deuxième plus grand parti dans les sondages après le Likud, Netanyahu a déclaré: «Les citoyens israéliens doivent se demander … qui défendra les intérêts d'Israël, moi ou [Yair] Lapid ? … Avec tout le respect que je vous dois, qui saura résister à la pression internationale ? Qui sauvera l'économie, moi ou le médiocre ministre des Finances Lapid ? ». Le premier ministre a promis qu'il n'y aura pas d'alternance pour le poste de premier ministre et que les partis qui le soutiennent obtiendront plus de 61 sièges après les élections du 23 mars. Netanyahu a réitéré son engagement selon lequel le député Itamar Ben-Gvir, chef du parti Otzma Yehudit, qui se présente pour le bloc religieux sioniste, ne sera pas ministre dans son gouvernement bien qu'il puisse probablement faire partie de la coalition. Otzma Yehudit a été fondé par les disciples du rabbin Meir Kahane, qui a fait l'objet d'une interdiction de se présenter à la Knesset en 1988 en raison de son discours raciste. Ben-Gvir « n'est pas apte à remplir les fonctions de ministre », lança le premier ministre. Néanmoins, Netanyahu a défendu sa décision de contribuer à rassembler le bloc qui englobe le Parti sioniste religieux dirigé par Bezalel Smotrich, Otzma, et le parti anti-LGBT Noam, afin que les votes de droite ne tombent pas en deçà du seuil électoral. Face aux déclarations anti-arabes et homophobes de Ben-Gvir, Netanyahu a riposté : « Vous savez maintenant pourquoi il ne sera pas ministre … Les positions de Ben-Gvir ne sont pas les miennes. » Netanyahu a également parlé de «changer la société israélienne» et d'y intégrer davantage les citoyens arabes. Dans le même temps, il a rejeté toute coopération politique avec le parti Ra'am affilié au Mouvement islamique du Sud, et dirigé par le député Mansour Abbas. Ce dernier a exprimé une volonté inhabituelle de coopérer avec Netanyahu ces derniers mois. «Je ne dépendrai pas de celui qui s'oppose au sionisme. C'est mon adversaire », a déclaré Netanyahu avant de poursuivre : «Je me tourne vers les citoyens arabes … Je leur dis, ne choisissez pas les extrémistes. Venez avec moi. » D'autre part, Netanyahu a fortement insisté sur la nécessité, pour les Israéliens, de se faire vacciner contre le COVID-19, soulignant que la vitesse à laquelle Israël rouvrira son économie dépend de la rapidité avec laquelle seront vaccinés les 570.000 citoyens de plus de 50 ans. Un redémarrage complet de l'économie serait possible dans deux mois, «si les citoyens d'Israël sont obéissants – la plupart le sont – et si nous veillons à prendre progressivement les mesures que nous avons établies dans ce sens», précise le premier ministre israélien. Le Premier ministre a, par ailleurs, annoncé fièrement que «le monde est étonné» du succès vaccinal d'Israël, soulignant qu'Israël est de loin le leader en termes du nombre de personnes ayant reçu une vaccination complète. Selon Our World in Data, 29% des Israéliens étaient entièrement vaccinés contre le COVID-19 dimanche, tandis que le Royaume-Uni – en deuxième position – ne compte que 4,21% des résidents entièrement vaccinés. «Nous serons les premiers au monde à sortir de la pandémie », se vante Netanyahu. «Si nous nous comportons de manière responsable, nous nous en sortirons bien... grâce aux millions de vaccins que nous avons apportés et à un système de santé fantastique.» Netanyahu a également repoussé les accusations de violations massives des précautions contre la pandémie par la communauté haredi. «La tentative d'incitation contre cette communauté est une erreur », a déclaré Netanyahu. «Une bonne partie de la population haredi est très obéissante. Et la plupart des rabbins disent respecter la loi. Il y a [aussi] des violations dans les communautés arabe et laïque », a-t-il ajouté. Le Premier ministre a contesté l'argument selon lequel il cédait à la pression politique des partis haredi de sa coalition, affirmant «qu'il y avait des pressions dans toutes les directions». Il a d'ailleurs comparé ses réunions avec les grands rabbins à celles qu'il tenait avec les maires du secteur arabe. «Je leur parle, je ne mendie pas», dit-il. «Le virus attaque les foules qui se rassemblent que ce soit autour des funérailles haredi ou dans une manifestation dans la rue Balfour», devant la résidence du Premier ministre. Netanyahu a également répondu aux questions sur son procès, affirmant qu'il ne chercherait pas à conclure un accord de plaidoyer car les accusations de corruption tomberont en morceaux après examen. «Plus cela dure, vous voyez à quel point ces accusations sont fabriquées et bizarres... Il s'agit en fait d'un crime qui n'existe dans aucun pays démocratique. [Le bureau du procureur de l'Etat] a ouvert une enquête contre le Premier ministre sans l'autorisation du procureur général. Ce qui constitue une violation d'une loi fondamentale », a-t-il expliqué. Le Premier ministre dit être certain de gagner les prochaines élections, malgré les actions menées par le parquet «pour intervenir dans les élections». Face aux critiques de droite et de gauche disant qu'il ne peut pas être jugé pendant qu'il dirige le pays, Netanyahu met en avant l'opération de vaccination, la normalisation avec quatre pays arabes ainsi que ses efforts continus contre la menace nucléaire iranienne. «Ce que je peux faire en une heure, Lapid, mon adversaire, ne pourra pas le faire dans une vie», s'est-il vanté. Yesh Atid a répliqué que «Les 5388 personnes décédées du coronavirus sont les témoins de l'échec de Netanyahu dans la gestion de la pandémie. Un échec lié à la mesure tardive [de fermer] l'aéroport Ben-Gourion, et au fait d'avoir cédé au chantage au lieu de l'application de la loi. «Aux prochaines élections, les Israéliens auront à choisir entre un gouvernement sensé et libéral de Yesh Atid et un autre dirigé par le [ chef du Judaïsme unifié de la Torah Ya'acov] Litzman et Ben-Gvir», conclut le porte-parole de Yesh Atid.