Fort d'une carrière de plus de 40 ans en football, Dominique Cuperly, nommé entraîneur adjoint de l'équipe nationale, essaie d'apporter son expérience et son savoir-faire aux Lions de l'Atlas qui cherchent à se refaire une santé. Dans cet entretien, Cuperly, conscient du travail qui l'attend en compagnie d'Eric Gerets, demande de la patience aux supporters et à la presse nationale. Le Matin : La rencontre contre la Centrafrique est un match à oublier ? Dominique Cuperly : Il faut se tourner vers le futur et positivement. J'assume complètement la responsabilité du résultat du match contre la Centrafrique et des choix qui ont été faits. J'ai lu ce que la presse a écrit, elle a le droit de juger, mais il faut avoir un tout petit peu de mesure par rapport à la situation actuelle. Il faut nous laisser le temps de construire une équipe compétitive sur le moyen terme tout en continuant à gérer le court terme parce que nous sommes en pleine éliminatoire de la CAN-2012. Une équipe, ça ne se construit pas du jour au lendemain surtout que l'équipe n'a pas pu disputer le moindre match depuis plusieurs mois. De ce fait, il n'est pas évident d'avoir des automatismes nécessaires dès les premiers matchs et des répercussions positives immédiatement sur le jeu. Il faut avoir la bonne mesure de la valeur actuelle de l'équipe sans minimiser, bien sûr, le dernier résultat face à la Centrafrique. Nous avons quelques éléments de qualité sur lesquels on va bâtir un groupe. Il faut dire aussi que le temps presse pour retrouver des choses fortes au niveau de jeu, de l'ambiance et des comportements. Ce sont des ingrédients sur lesquels on doit travailler sans relâche. Quelles sont les actions que vous allez mettre en œuvre pour préparer cette équipe à moyen terme ? Je vais d'abord regarder à nouveau le match contre la Centrafrique et faire un débriefing pour voir ce qui n'a pas bien fonctionné. Nous allons probablement rappeler trois ou quatre nouveaux éléments qui seront en mesure d'élever le ton par rapport à ce qui est le football africain notamment dans les duels et l'engagement. C'est un peu le souci que nous avons en ce moment. On a vu lors de ce dernier match que l'équipe n'a pratiquement pas de milieu de terrain ? C'est vrai qu'on n'a pas lors de ce match de joueurs capables de prendre leur responsabilité en dehors de Boussoufa qui à un moment donné veut en faire trop. Disant qu'il y a une réflexion à avoir dans se sens à savoir si des joueurs qui ont joué dans ce compartiment de jeu face à la Centrafrique sont capables de faire évoluer leur jeu par rapport au football africain ou non. C'est une question qu'on doit se poser. La défense n'est pas non plus une assurance tout risque ? En ce qui concerne la défense, on cherche à l'heure actuelle non pas à renforcer ce secteur mais à faire venir des éléments pour qu'on ait plusieurs joueurs de qualité au niveau défensif. Pour l'instant, il n'y en a pas. J'ose espérer des joueurs très forts. Depuis votre prise de fonctions, vous avez suivi plusieurs matchs du championnat, avez-vous repéré des joueurs capables de venir alimenter l'équipe nationale ? Je n'ai pas encore du recul par rapport à cela. J'ai vu cinq ou six match. Il faut absolument que je continue d'en regarder pour avoir un jugement exact sur ces joueurs. Je ne peux pas arrêter mon jugement sur un joueur sur un seul match sauf si c'est un garçon très au-dessus du lot et qui permet d'avoir un jugement très rapide sur lui. Est-ce que des démarches ont été faites auprès de Mehdi Carcela pour le faire venir en sélection ? Effectivement, il y a des démarches qui ont été faites. On a eu des contacts avec le joueur qui a manifesté son désir de jouer pour le Maroc. Maintenant, il faut vite mettre en place des procédures administratives pour qu'il vienne le plus rapidement possible. Est-ce que vous avez touché d'autres joueurs binationaux? Oui, on eu des contacts avec d'autres qui évoluent dans les différents championnats européens comme Aissati, Lamerabet et bien d'autres. Ce sont des garçons qui ont manifesté leur volonté de jouer pour le Maroc, mais il faut faire vite. Avez-vous senti une envie chez ces joueurs de défendre le maillot du Maroc ? Il y a un bon travail effectué par la fédération. Il y a une prise de conscience aussi bien chez les dirigeants de la fédé que chez les joueurs que l'on a rencontrés et qui souhaitent se mettre à la disposition de l'équipe nationale marocaine. Il y a eu un discours franc délivré par les dirigeants à savoir que l'envie d'opter pour le Maroc doit être forte. Il n'y a pas d'obligation ni de pression sur personne, mais une liberté totale de choisir. Par le passé, les représentants de la fédération promettaient aux joueurs binationaux des places de titulaire pour les convaincre de rejoindre les rangs de l'équipe nationale, chose qui crée souvent des problèmes au sein du groupe si ces joueurs, pour des raisons tactiques, sont laissés sur le banc ou s'ils sont sortis en cours du match. L'attitude d'El Hamdaoui lors du dernier match en est le parfait exemple. Est-ce que la fédération a encore promis à ses joueurs des places de titulaires ? Non. Il n'y a aucune garantie donnée à qui que ce soit. Comme je vous ai dit, le discours est professionnel et franc. Il n'y a aucune promesse. La seule chose c'est de sentir chez ces garçons l'envie de venir porter le maillot du Maroc. Est-ce que vous avez également touché les joueurs de Montpellier : Aït Fana, El Kaoutari et Belhanda ? Oui, il y a eu aussi des contacts avec eux. On a vu tous les garçons évoluant en Europe et qui sont susceptibles de venir à moyen terme renforcer les rangs de l'équipe nationale marocaine. Qu'est-ce qui manque à cette équipe nationale ? Ce qui manque c'est déjà de retrouver les vertus de ce que représente le football au niveau du Maroc parce qu'il y a une grande ferveur au niveau du football. Le fait d'avoir une grande ferveur est un point positif, ça doit transcender ceux qui aiment le football et ceux qui jouent au football. Il y a un grand travail en profondeur qui se fait au niveau des clubs et au niveau de la formation de façon à disposer dans le futur de plusieurs joueurs de qualités capables de permettra aux équipes marocaines d'exister au niveau des compétitions africaines. Est-ce que vous avez senti au sein du groupe des tensions entre joueurs ? A mes yeux, je n'ai pas senti de forces négatives à travers les cinq ou six jours qu'on passé ensemble. Certes, quand on regroupe des garçons qui viennent d'horizons différents (Golf, Europe, locaux), il y a quelques petites différences. Mais l'état d'esprit quand on est en concentration doit être irréprochable. Et ça, c'est un travail à faire et je l'ai fait lors des deux rassemblements qu'on a organisés. Comment allez-vous préparer le prochain match contre la Tanzanie ? Je vais me rendre la semaine prochaine en Tanzanie pour préparer l'arrivée de l'équipe nationale et pour savoir l'atmosphère là-bas. Ensuite, il y aura le rassemblement qui sera fait une semaine avant comme l'autorise le règlement FIFA. J'irais voir le maximum de joueurs.