En poursuivant en justice le président de l'Association marocaine de plasturgie, Chaabi entend contre-attaquer. Le bras de fer opposant la Snep, à l'Association marocaine de la plasturgie (AMP) vient de franchir un nouveau cap. Dans un communiqué, la filiale du Groupe Chaabi annonce sa décision de poursuivre en justice Mamoun Marrakchi, le président de l'AMP. En cause : un e-mail envoyé par ce dernier à l'ensemble des membres de l'association, dans lequel il déclare que celle-ci aurait obtenu gain de cause auprès du gouvernement sur l'ensemble des points en litige avec la Snep, au terme d'un «conseil des ministres» tenu le 21 octobre. Pour rappel, les réclamations des plasturgistes concernent la non-application de la clause de sauvegarde demandée par la Snep au gouvernement. Dans son courriel, dont un fac-similé est parvenu à la rédaction, Mamoum Marrakchi citerait en renfort un échange téléphonique avec Nizar Baraka, ministre chargé des Affaires économiques et générales, où ce dernier assurait son interlocuteur du refus du gouvernement d'accéder à la requête du Groupe Chaabi. Le communiqué de la SNEP dénonce la teneur de cet e-mail en des termes assez forts : «Choquée par ces surprenantes allégations, la SNEP a pris soin d'authentifier et de vérifier minutieusement l'ensemble de ces informations. Il s'est avéré naturellement que celles-ci étaient dénuées de tout fondement et donc totalement fausses. Provenant du représentant officiel de la profession de la Plasturgie, la SNEP regrette cet acte irresponsable qui porte atteinte d'une part à la crédibilité de l'association, d'autre part, aux intérêts directs et immédiats de la SNEP». Dans le prolongement de son argumentaire, la SNEP précise qu'en plus, «aucun Conseil des ministres ne s'est tenu la journée du 21/10/2009». Résultat, la Snep a décidé de déposer une citation devant le juge d'instruction du Tribunal de Casablanca à l'encontre de Mamoun Marrakchi personnellement pour «calomnie mensongère». À l'heure où nous mettons sous presse, nous n'avons pas réussi à joindre M. Marrakchi pour avoir sa version des faits. Griefs en série Le conflit entre la SNEP et l'AMP n'est pas à sa première salve de tir. Il y a quelques jours, l'association s'étaient lancée dans un véritable réquisitoire contre le producteur national due PVC. En cause : la demande par ce dernier d'une clause de sauvegarde, lui permettant de bénéficier d'une protection douanière face aux importations de PVC opérés sur le marché international par les plasturgistes. Ces derniers mettent en avant les tarifs 40% moins élevés que ceux pratiqués par la Snep. Autres arguments avancés par l'AMP : les capacités de production de la Snep sont insuffisantes pour satisfaire toute la demande nationale. Celle-ci est de l'ordre de 100.000 tonnes en PVC par an, alors que la Snep n'en produit que 60.000. Dans le même ordre d'idées, les membres de l'AMP dénonçaient le traitement de faveur accordé par la Snep à Dimatit (autre filiale du groupe Chaabi) au détriment de ses autres clients, sans oublier le racourcissement des délais de paiement (45 jours contre jusqu'à 120 jours chez les producteurs étrangers). Pour sa part, et par la voix de Omar Chaabi, vice-président exécutif de Ynna Holding, le groupe Chaabi justifie la demande de clause de sauvegarde par le phénomène de dumping dont est victime la Snep, notamment en provenance des Etats-Unis. Omar Chaabi défend la nécessaire sauvegarde d'une industrie locale, tout en annonçant le lancement d'un investissement pour augmenter les capacités de production de la SNEP. Affaire à suivre ! Mounir Arrami