* Malgré la pression des groupes chimiques internationaux et l'évolution du prix des matières premières, la plasturgie marocaine dispose de plusieurs atouts pour se développer. * Les investissements du secteur sont passés de 267 MDH en 2003 à 293 MDH en 2004, mais le chiffre d'affaires n'a que peu progressé. * Suite à une analyse sectorielle, BMCE Bank recommande un accompagnement des entreprises sur le plan financier et sur le plan du conseil pour se mettre à niveau. En dépit de plusieurs contraintes comme la pression des groupes chimiques internationaux et l'évolution du prix des matières premières suite à la hausse des cours du pétrole, la production mondiale de matières en plastique a connu une forte évolution durant les trente dernières années. Elle a même dépassé celles de l'acier et de l'aluminium. Cette hausse de cours des matières premières a fortement pénalisé les entreprises marocaines, affectant ainsi les coûts de production. Plusieurs autres facteurs freinent l'évolution de la plasturgie au Maroc, notamment le retard de la mise à niveau des entreprises opérant dans le secteur. La contribution du secteur informel, représentant entre 20 % et 30 % du marché de la plasturgie, entrave son développement. Cette branche est pénalisée par une modeste expérience des entreprises de la plasturgie, la majorité des firmes étant nouvellement créées, ce qui limite leur compétitivité au niveau international. De même, les coûts de production élevés affectés par la hausse des prix des matières premières et de l'énergie constituent un autre frein pour l'activité. Afin de surmonter ces contraintes, plusieurs accords de partenariat ont été signés entre l'Association Marocaine de la Plasturgie (AMP) et des associations européennes. Ces accords de partenariat visent à favoriser la recherche d'opportunités de sous-traitance, à améliorer la production des entreprises et à encourager la formation du personnel. Ces accords visent à combler le déficit en formation dans le domaine et à activer la mise à niveau des entreprises de plasturgie. De plus, sur le long terme, la faible consommation domestique, l'instauration de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne ainsi que la diversification au niveau de la production, sont autant de facteurs favorisant le développement de l'industrie de la plasturgie. Depuis l'entrée en vigueur de l'accord, les droits d'importation sur les biens non produits localement sont nuls. Concernant les matières premières dont les droits de douane variaient entre 2,5 % et 10 %, elles bénéficient désormais d'une baisse de 25 % par an depuis mars 2000. Le reste des matières premières, dont les droits d'importation étaient compris entre 17,5 % et 35 %, a bénéficié d'un délai de grâce de trois ans. Ainsi, depuis le 1er mars 2003, ces droits reculent de 10 % par an pour disparaître en 2012. Des atouts à mettre à profit En 2004, la branche de la transformation des matières plastiques comptait 245 entreprises, soit 10,82 % des firmes constituant l'industrie de la chimie-parachimie. Si l'on tient compte des entreprises pour qui la transformation des matières plastiques est considérée comme étant une activité secondaire ainsi que le secteur informel, le nombre d'opérateurs s'élève à 400. Ces entreprises emploient 10.746 personnes, représentant 11,25 % de l'effectif total de l'activité. Le secteur de la plasturgie au Maroc compte plus de 100 unités de production et importe plus de 150.000 tonnes de matières plastiques dont 25.000 tonnes seraient utilisées dans la fabrication des sacs et sachets en plastique. Près de la moitié des exportations est orientée vers la France, le reste étant exporté vers le Maghreb et l'Afrique Subsaharienne. Les tubes et tuyaux, les produits pour revêtement de sol, plaques et feuilles sont les produits les plus exportés. Pour leur part, les importations ont enregistré une forte croissance entre 2002 et 2004 en s'établissant à 7,8 Mds DH, soit +65 %. Le produit le plus importé demeure la matière première avec 62,4 % du total des importations. Les investissements dans le secteur sont passés de 267 MDH en 2003 à 293 MDH en 2004, soit une hausse de près de 10 %. Par contre, le chiffre d'affaires n'a que très peu progressé, de 3,17 milliards DH en 1998 à 4,21 milliards DH en 2004. La valeur ajoutée, quant à elle, a fortement augmenté jusqu'en 2002, pour se stabiliser par la suite entre 2003 et 2004. Recommandations de BMCE Bank En dépit des contraintes structurelles qui entravent le développement de la plasturgie, celle-ci bénéficie des engagements de l'Etat et de l'Association Marocaine de la Plasturgie (AMP). Cette implication se traduit par l'amélioration de la production des entreprises, la recherche d'opportunités de sous-traitance au Maroc et l'encouragement de la formation du personnel. Outre l'engagement de l'Etat, les firmes ont besoin d'être accompagnées aussi bien sur le plan financier que sur le plan conseil afin de se mettre à niveau. Dans ce sens, il serait pertinent d'apporter le soutien financier dont ces firmes ont besoin. Bien que la plasturgie soit une industrie jeune, constituée essentiellement de PME, certaines entreprises ont pu s'imposer sur le marché, à l'image d'Offset Polyplas. Par ailleurs, la plasturgie affiche des perspectives de développement prometteuses. Aujourd'hui, l'offre est inférieure à la demande et les entreprises doivent s'aligner sur les exigences des donneurs d'ordres. En effet, certaines firmes textiles et agroalimentaires sont dans l'obligation de recourir à l'importation des emballages correspondant à leurs besoins. En outre, l'emballage à usage ménager et industriel est fortement consommé sur le marché local. Cette demande connaîtra une croissance importante du fait de la stratégie 2020 de développement rural et de l'ouverture au partenariat Sodea-Sogeta, comprenant 205 projets - dont 39 % destinés à l'agro-industrie. Absorbant près de 15 % de la production de la branche plastique, l'activité du bâtiment et des travaux publics constitue un catalyseur pour l'évolution des entreprises spécialisées dans la fabrication de tuyaux et de tubes en plastique. De même, les vastes programmes sociaux et les grands projets touristiques encourageront la consommation de produits plastiques. L'automobile représente un autre débouché de taille pour cette industrie plastique. La croissance des investissements des équipementiers ne peut qu'encourager l'intégration horizontale de ces deux métiers. Enfin, la baisse des droits de douane sur les matières premières, la demande croissante pour les produits en plastique, ainsi que la diversification et l'innovation dans la production, contribueraient fortement au développement de la plasturgie. Cependant, il convient de nuancer ces constats. Avec l'arrivée des produits chinois sur le marché marocain, les entreprises locales ont vu leur part de marché se réduire. Elles pourraient alors suivre l'exemple de la SNEP, qui entrera en Bourse courant 2007, et opter pour une intégration verticale. La concentration du secteur limiterait les effets de la concurrence chinoise. Dès lors, il serait judicieux, pour les instituts bancaires, d'accompagner le cycle d'investissement des entreprises et de financer la recherche et développement. Un critère pertinent de sélectivité pourrait être le niveau de certification des entreprises. Selon l'AMP, sur les 245 entreprises de plasturgie, seules 28 sont certifiées ISO 9000 et aucune ne dispose de la certification ISO 14000, principale normeenvironnementale.