Echec politique ou simple manœuvre ? Le passage du PAM dans l'opposition a provoqué un petit séisme dans le landerneau politique, qui peine encore à lui trouver une explication. En cette matinée du vendredi 29 mai, les bruits couraient déjà que le PAM allait annoncer, le jour-même, une décision importante. Le suspense a été maintenu jusqu'à la mi-journée. Dans un hôtel de la capitale, lors d'une conférence de presse, le SG de la formation, Mohamed Cheikh Biadillah, jette une bombe dans le microcosme politique. Le PAM a décidé de retirer son appui au gouvernement. Effet immédiat : black out total pendant deux jours. L'exécutif n'a dû son salut qu'à un appel téléphonique du roi, depuis sa résidence à Paris. Abbas El Fassi pousse un ouf de soulagement et comme un miraculé vient annoncer aux Marocains sur les écrans de la télévision, son soulagement et sa fierté, voire sa reconnaissance, de se voir renouveler la confiance royale. Khalid Naciri, porte-parole du gouvernement, rajoute une couche en rassurant les Marocains. Le gouvernement et sa majorité sont sains et saufs. Cela alors même que l'exécutif fait face à une opposition forte de 167 députés sur un total de 325. Soit le nombre des députés du PAM, PJD, MP, UC, le parti travailliste et la gauche démocratique. Le gouvernement de Abbas El Fassi est mis en minorité, mais tout va bien. Entre temps, le groupe Rassemblement et authenticité est dissous. Le RNI prend acte. Mustapha Mansouri déclare sans rancune sa disposition à collaborer, en sa qualité de président du Parlement, avec le PAM. Fin du premier acte. Chacun y va de son analyse Près d'une semaine plus tard, la situation reste confuse. C'est du moins ce que soutient la plupart des partis politiques. “Les choses ne sont pas claires”, nous ont affirmé Mohand Laenser, SG du MP, Mohamed Achâari, membre du bureau politique de l'USFP ou encore Mustapha Ramid, président du groupe parlementaire du PJD. Première lecture des événements : Le PAM ne sait plus où donner de la tête. Il se serait écarté de la “feuille de route” pour laquelle il a été créé et qu'il devait exécuter. Au lieu de séduire de nouvelles élites, il assèche les rangs des autres partis. Du coup, l'action politique en est encore plus décrédibilisée aux yeux des électeurs et le PJD se voit offrir une occasion en or pour renforcer sa position. Ce qui expliquerait l'ire de l'Intérieur. Le département de Chakib Benmoussa ne semble pas avoir le PAM en odeur de sainteté, et il tient à le montrer à chaque fois que l'occasion se présente. Une lecture possible, mais pas unique. “Nous avons pris cette décision la veille de son annonce, très tard dans la soirée, lors d'un dîner dans la maison d'un cadre du parti à Casablanca”, confie ce membre du bureau national du PAM. “Nous en avons longuement discuté, cette soirée. Et nous sommes arrivés enfin à la conclusion que nous ne pouvions rien tirer de profitable de notre soutien au gouvernement. Nous avons un seul ministre qui plus est a été nommé bien avant la création du parti”, ajoute notre interlocuteur. “Par contre, poursuit-il, de notre passage dans l'opposition, nous pouvons beaucoup gagner”. Explication : en passant dans l'opposition, le parti se dédouane de la réputation de proximité des centres de pouvoir qui le poursuit depuis sa création. “C'est en étant dans l'opposition que nous pouvons mieux conquérir l'électorat. Nous sommes arrivés également à la conclusion que nous n'avons pas intérêt à laisser le PJD faire ce qu'il veut seul dans l'opposition”, soutient notre source. Réaction du premier intéressé. “C'est une décision qui répond à des calculs électoralistes étroits”, soutient Mustapha Ramid. Opposition version PAM De toutes les manières, ajoute-t-il : “le PAM ne sera point un parti d'opposition. Dans les faits, il votera certes contre le gouvernement mais, au fond, il va agir dans la logique du soutien. Or, l'opposition est plus que cela, c'est un discours au quotidien, des propositions et non seulement le vote”. Et de conclure, “il se peut aussi que tout cela ne soit qu'une manœuvre pour un retour en force au gouvernement”. Dans son nouveau camps, le PAM est traité en empesté. Pour l'heure, les autres partis tiennent à garder leur distance. De collaborer ou cordonner avec le nouveau venu, “il n'en est point question” s'empresse de répondre Mustapha Ramid. “Pour le moment nous n'envisageons rien”, se content de répondre Mohand Laenser. “Il n'y a pas une seule opposition, mais des opposition précise-t-il, et le MP a toujours cordonner avec les autres formations, même le PJD, quand le lui dictent ses intérêts”. D'autres partis, dont notamment l'USFP, préfèrent agir comme si de rien n'était. Tahar Abou El Farah