« Du jardinage politique ». C'est comme cela que décrit un dirigeant socialiste retiré des affaires la manière dont Fouad Ali Al Himma fait de la politique. La formule dans la bouche de ce vieux politicien n'a pas de relents péjoratifs, tout en laissant paraître tout de même un zeste d'ironie. Tous les observateurs sont d'accord pour dire que les semis du chef du parti de l'Authenticité et de la Modernité PAM n'ont semble-t-il pas pris. « Faute d'une terre fertile et accueillante », diront certains. « A cause de graines pourries et stériles », répliquent d'autres. Il est vrai que depuis les élections partielles de la mi-septembre, le projet de l'ancien ministre délégué à l'Intérieur et ami très proche du Roi a du plomb dans les ailes. La gamelle qu'a ramassée le PAM était aussi bien violente qu'inattendue. Le discours des candidats du tracteur a laissé les électeurs de marbre. Pire encore, les nouvelles figures, sensées rénover le champ politique national, ont subi une véritable bérézina. Lahbib Belkouch et Salah El Ouadie, portés aux nues comme les stars du PAM, ont fait chou blanc. Leur étoile n'a brillé que le temps d'une campagne électorale. C'est dans cette ambiance délétère marquée par une grosse déprime que le PAM réussit ce qui peut être vu, en apparence du moins, comme un coup de maître. Un mariage avec le RNI. La dernière semaine de ramadan voit en effet, les groupes parlementaires des deux partis fusionner sous la même bannière. L'opération est menée au galop et dans le secret le plus total. En plus, à peine quelques jours auparavant, les troupes des deux partis étaient à couteaux-tirés notamment à Tiznit où le candidat estampillé PAM a écrasé son challenger RNI et à Mohammedia où le Rniste Atouani maire de la ville, qui a humilié le candidat du PAM, a été traité de tous les noms d'oiseaux. Magie de la politique marocaine. A l'hôtel Hassan, le PAM a ravalé sa morve post électorale et Atouani a retrouvé un semblant de respectabilité. Les armes sont définitivement rangées. Mais qu'est ce qui a motivé ce revirement spectaculaire ? D'après certains observateurs trois éléments qualifiés de « dommages collatéraux » ont justifié cette solution de repli. Le premier élément est le rapprochement qui commençait à se dessiner entre deux mastodontes politiques : l'USFP et le PJD. Les socialistes et les islamistes commençaient sérieusement à envisager une alliance stratégique contre Fouad Ali El Himma. L'USFP, à travers sa presse, menaçait de se retirer du gouvernement et de se replier dans l'opposition. Une telle perspective n'avait rien de réjouissant pour l'Etat. « On risque de retomber dans les travers de ces années qui ont connu une guerre froide entre le Palais et une partie de l'élite politique », rappelle un militant usfpéiste revigoré par l'idée de retrouver les bancs de l'opposition. Le deuxième élément est la sortie intempestive d'Abdallah Kadiri, secrétaire général du parti national démocratique PND. L'homme, pour les Marocains, est la survivance d'un système politique qu'ils n'aiment pas et qui les rebutent. Le PAM s'est trouvé en conflit ouvert avec le leader « aaroubi » qui accusait « le nouveau venu » de vouloir spolier les biens du parti national démocratique. Une catastrophe en termes d'image. Le troisième élément portait sur le résultat des élections partielles. Echec sur toute la ligne pour le parti de Fouad Ali Al Himma. Candidats sèchement battus et taux de participation confidentiel. Les promesses de campagne se sont évaporées comme par enchantement. Alors assistons nous à une fuite en avant où le PAM continue à avancer malgré des résultats médiocres ou bien s'agit-il d'une sortie par la grande porte. La présente session parlementaire apportera certainement une réponse claire.