Le club des magistrats du Maroc s'impatiente. Après la réunion de son bureau exécutif, dimanche, il a rencontré, le lendemain, le ministre de la Justice et des libertés pour faire le point sur la reprise du dialogue bilatéral. Les magistrats lors d'un sit-in observé le mois dernier à Rabat. Les nombreuses affaires qui font scandale dans le rang des juges ne laissent pas indifférent le club des magistrats. L'association en a fait l'un des sujets au menu de la réunion ordinaire de son bureau exécutif, dimanche 18 novembre. Au cours de ce dernier, c'est une vive inquiétude qui s'est affichée clairement quant à la multiplication de dossiers impliquant des magistrats dans différentes affaires liées plus particulièrement à la corruption ou encore à « l'excès de zèle ». En ce qui concerne ce dernier, l'exemple saillant reste celui du juge Adil Fathi, qui avait adressé une demande au ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid, sollicitant l'arrestation de l'eurodéputée d'origine marocaine, Rachida Dati, pour avoir mis au monde un enfant hors mariage. Fathi, soutenu par ses confrères et consoeurs, devait affronter, hier, le Haut conseil de la magistrature. Indépendance sans plus Ce que revendiquent les magistrats de toute urgence, c'est de disposer de leur « indépendance » la plus totale d'exercer leur profession sans le moindre obstacle de quelconque nature. Un objectif qui, selon le bureau exécutif du Club des magistrats, est loin d'être atteint dans l'état actuel des choses. Réclamée haut et fort au moyen d'un sit-in, le premier du genre, observé le 6 octobre dernier par les juges, l'indépendance de l'autorité judiciaire est en tête du dossier revendicatif soumis par le Club des magistrats au ministre de la Justice et des libertés. Malgré la tempête que ce mouvement protestataire a suscitée, les deux parties ont réussi à dissiper leurs divergences pour accorder une seconde chance au dialogue. Après une première réunion le 5 novembre, une nouvelle devait avoir lieu hier après-midi au sein du département de Ramid. Pour le Club des magistrats, c'est une mise à l'épreuve : « Nous voulons savoir si le ministre tiendra ses promesses », confie une source. Dialogue, une seconde chance Alors que Ramid réitère sa disposition à laisser ses portes toujours ouvertes au dialogue, les magistrats, eux, s'impatientent quant à la mise en œuvre de leurs revendications pour lesquelles ils ont obtenu un accord de principe. En plus de l'indépendance de l'autorité judiciaire, décrétée par la Constitution et soumis au dialogue sur la réforme de la justice, le club des magistrats estime urgent d'améliorer la situation matérielle et sociale des juges en leur garantissant, notamment, une indemnisation pour les heures supplémentaires de travail et pour les responsabilités qu'ils sont appelés à accomplir durant les élections. Le Club attend aussi du ministre l'octroie d'un lieu où devra siéger son association ainsi qu'une aide financière à l'égale des autres. Les deux parties se sont, par ailleurs, engagées à fédérer leurs efforts pour faire de la formation continue une priorité partagée. Quant au recrutement, le Club a sollicité la mise en place de « critères plus clairs » en matière d'affectation des nouveaux juges à leur poste et le droit des juges de suivre l'évolution de leur carrière en ayant accès aux fiches d'évaluation, en attendant l'élaboration de la loi organique portant sur le statut de cette catégorie. Pour concrétiser leur volonté de poursuivre le dialogue à propos de ces revendications, les deux parties ont même décidé de constituer une commission mixte devant approfondir les discussions. Une journée nationale Pour l'instant, le Club des magistrats est convaincu qu'il devra renforcer ses activités à commencer par l'organisation, ce mois-ci, d'une journée nationale de la justice. Prévue le 26 novembre, cette manifestation a pour but de diagnostiquer l'état des lieux du secteur et de mettre la lumière sur leur rôle capital que jouent les magistrats dans le cadre de la réforme du système. Au menu, l'un de moment marquant sera sans nul doute une série d'hommages aux doyens de la profession, ceux qui se sont retirés et d'autres qui exercent encore. Et à partir de cette année, l'association ajoute une nouvelle tache à ses attributions : la publication d'un rapport annuel d'activités afin de mieux se faire connaître auprès de l'opinion publique. Liberté constitutionnelle C'est l'article 111 de la Constitution que brandissent les magistrats pour justifier l'urgence de leur revendication appelant l'indépendance de l'autorité judiciaire. Dans cet article, il est clairement stipulé que « les magistrats jouissent de la liberté d'expression, en compatibilité avec leur devoir de réserve et l'éthique judiciaire. Ils peuvent appartenir à des associations ou créer des associations professionnelles, dans le respect des devoirs d'impartialité et d'indépendance et dans les conditions prévues par la loi. Ils ne peuvent adhérer à des partis politiques ou à des organisations syndicales ». C'est sur cette base que le Club des magistrats revendique une aide financière du ministère de la Justice et des libertés, à l'instar des autres associations. * Tweet * *