Au Parlement, rien ne va plus entre le PJD et le PAM. Alors que ce dernier accuse son adversaire de s'accaparer le rôle de l'opposition adoptant ainsi un « double discours », le PJD estime que ce parti fuit sa responsabilité. Abdellah Bouanou, président du groupe PJD : « Ce n'est pas parce que nous faisons partie de la majorité que nous devons caresser le gouvernement dans le sens du poil ». Ils ne risquent pas d'enterrer la hache de guerre. Le PJD et le PAM s'affrontent de nouveau au Parlement, à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances au sein de la commission des finances et du développement économique. Et pour cause, une divergence d'opinion sur le rôle des députés de la majorité qui mériterait, selon le PAM, de faire l'objet « d'une étude sociologique ». Le président du groupe PAM, Abdellatif Ouahbi, parle d'un dysfonctionnement politique qui porte atteinte à la pratique démocratique de l'opposition et remet en question l'article 10 de la Constitution. « Il faudra penser à changer cet article, puisque la majorité s'adjuge désormais le droit de jouer notre rôle d'opposition », lance-t-il au premier round de l'examen du PLF, jeudi 1er novembre. Ouahbi critique plus particulièrement le PJD qui, à ses yeux, adopte un « double discours ». Benkirane défend ses députés Dans la matinée du même jour, le président du groupe PJD, Abdellah Bouanou, a salué un PLF innovant, disposant d'indicateurs réels et d'une vision claire. Mais il a reproché, tout de même, à ce projet l'absence de toute mention aux prochaines échéances communales et à la régionalisation. Bouanou a également évoqué le manque de recettes qui risque de s'aggraver encore plus par la multiplicité des exonérations estimant nécessaire pour le gouvernement de les évaluer et de les réviser par secteur. « Ce n'est pas parce que nous faisons partie de la majorité que nous devons caresser le gouvernement dans le sens du poil », déclare Bouanou au Soir échos. Une position que conforte d'ailleurs le PJD après avoir soumis la question à la réunion ordinaire de son secrétariat général, samedi 3 novembre. Présidée par Abdellah Benkirane, cette réunion a donné raison à son groupe parlementaire dans le cadre de sa participation à la discussion du PLF. « Le secrétariat général a soutenu l'intervention la qualifiant d'équilibrée et a insisté sur la nécessité pour le groupe parlementaire d'accomplir sa mission dans le respect des principes du PJD et l'intérêt suprême des citoyens », affirme Bouanou, à l'issue de cette réunion précisant que soutenir le gouvernement, en tant que majorité, n'empêche aucunement ses députés d'émettre des remarques dans le but de rattraper les éventuelles erreurs. La goutte qui a fait déborder le vase Bouanou évoque la responsabilité parlementaire de son parti pour rejeter l'accusation du PAM qu'il qualifie d'infondée. « Le PAM s'oppose aux députés de la majorité au lieu de se doter d'un réel projet d'opposition », renchérit-il, retournant ainsi l'accusation contre son accusateur. Aux yeux de Bouanou, le PAM fuit ses responsabilités en stimulant les faux débats et en « insultant » les autres. « A présent, le PAM veut créer au sein du Parlement une ségrégation face à laquelle nous ne resterons pas inertes. Nous sommes en train de réfléchir aux voies à même de nous permettre de réagir convenablement », annonce le président du groupe PAM. Cette « ségrégation » à laquelle ce dernier fait allusion se réfère au contenu du discours de Ouahbi. En exprimant l'avis de son parti sur le PLF, il s'est retrouvé sur un ring ethnique en évoquant l'échec du projet de la ville de Tamesna. « Qui pourrait y vivre à part un berbère qui pourrait y vendre ses pépites !», s'exclame-t-il, attirant la foudre des députés amazighs. C'est la goutte qui fait déborder le vase offrant au PJD un argument valable pour crier sa colère. Le député PJDiste, Mohamed Othmani, n'a pas tardé à demander un point d'ordre réclamant des excuses pour « le mépris des amazighs ». D'autres se sont exprimés sur le portail du parti, notamment Noureddine Berkani et Souad Chikhi qui se sont indignés contre des propos « racistes ». Le PAM estime tout simplement qu'il s'agissait, pour lui, de donner une image sans plus sur une ville fantôme. « Comment puis-je mépriser les amazighs si moi-même j'en fais partie. Mon père provient du Souss, alors que ma mère du Rif. Je suis un berbère ! », déclare Ouahbi au « Soir échos ». Cela n'empêche pas le PJD de revendiquer des excuses au PAM. Que dit l'article 10 de la Constitution ? La Constitution garantit à l'opposition parlementaire un statut lui conférant des droits à même de lui permettre de s'acquitter convenablement de ses missions afférentes au travail parlementaire et à la vie politique. Elle garantit, notamment, à l'opposition des droits, dont voici quelques-uns : -La liberté d'opinion, d'expression et de réunion -La participation effective à la procédure législative, notamment par l'inscription de propositions de lois à l'ordre du jour des deux Chambres du Parlement, -La participation effective au contrôle du travail gouvernemental, à travers notamment les motions de censure et l'interpellation du gouvernement, ainsi que des questions orales adressées au gouvernement et dans le cadre des commissions d'enquête parlementaires - La contribution à la proposition et à l'élection des membres à élire à la Cour constitutionnelle - Une représentation appropriée aux activités internes des deux Chambres du Parlement. * Tweet * *