Le chef du gouvernement a dû subir, mardi, et sans brancher, les interventions du PAM et de l'USFP. Deux formations de l'opposition qui, chacune, a tenté de se démarquer et de surenchérir. C'est aujourd'hui que le Parlement vote la déclaration du gouvernement Benkirane. Mardi, l'hémicycle a connu les interventions de l'USFP et du PAM. Les présidents des deux groupes à la Chambre des représentants n'ont pas tari… de critiques sur l'allocution de jeudi dernier du chef de l'Exécutif. Irrégularités à la Constitution Ahmed Zaïdi, au nom du parti de la Rose, a commencé son « réquisitoire » par rappeler le non-respect des ministres du cabinet Benkirane des clauses de la Constitution, faisant référence à la passation des consignes entre l'ancienne équipe de Abbas El Fassi et la nouvelle, conduite par le secrétaire général du PJD, avant même qu'il y ait vote de confiance au Parlement. Un préalable constitutionnel, estime Zaïdi, pour l'exercice des fonctions du gouvernement. Et d'ajouter qu'il « ne s'agit nullement d'une question de forme ou de procédure, comme le prétendent certains (…) mais c'est l'essence même des réformes basées sur la prééminence de la loi fondamentale ». De même, le député a souligné que son groupe a alerté « des autres irrégularités à la Constitution qui se sont produites » avant même la formation du cabinet Benkirane, une allusion plus que claire à la polémique sur la constitutionnalité de l'élection de Karim Ghellab à la présidence de la Première Chambre alors qu'il était encore ministre de l'Equipement et du Transport. Une entame rêvée pour les députés USFPéistes dans les rangs de l'opposition. Et comme pour finir en beauté, Zaïdi a estimé que le gouvernement Benkirane n'est pas un cabinet de changement, encore moins de rupture, mais bel et bien de continuité, mais qui manque de clarté. S'adressant au chef de l'exécutif, le député a déclaré que « vos adversaires d'hier sont, aujourd'hui, vos alliés ». Même son de cloche Quasiment sur la même longueur d'onde que Rachid Talbi Alami du RNI la veille, Zaïdi a usé des « archives » pour étayer ses propos, à une nuance près. Si le RNIste a choisi d'interpeller directement Lahcen Daoudi, le président du groupe USFP a pris pour cible le ministre de la Justice et des Libertés, présent ce jour-là. Zaïdi a cité, à deux reprises, des passages des interventions de Mustapha Ramid, datant de 2007, du temps de l'opposition. Dans ces déclarations, l'ancien président du groupe PJD tirait à boulets rouges sur les technocrates au sein du gouvernement Abbas El Fassi. Et comme Lahcen Daoudi, la vieille, Ramid a répliqué par des sourires aux applaudissements des députés de l'opposition. Un mardi noir Mardi n'était pas un jour de chance pour Abdelilah Benkirane. Une fois l'intervention de Ahmed Zaïdi terminée, il a dû subir une autre attaque, encore plus virulente, du président du groupe parlementaire du PAM, Abdellatif Ouahbi. Pour son baptême de feu en tant que député, et en avocat qu'il est, ce dernier s'est livré plus à un jeu de réquisitoire contre un mis en cause assis dans le box des accusés qu'à une déclaration politique. En dépit de cette observation, le passage de Ouahbi n'a pas dérogé à ceux de ses prédécesseurs. Il a rappelé au chef de l'Exécutif le manque de cohésion entre les composantes de l'actuelle majorité qualifiée de « fragile ». S'adressant directement à Benkirane, il lui a rappelé son engagement à exclure les anciens ministres du tour de table de son cabinet. « Une promesse non tenue », a lancé Ouahbi. Le ministère d'Etat, attribué à Abdellah Baha, a eu également son lot de critiques, « N'est-ce pas là une nouvelle rente attribuée à un ancien ami? », s'est interrogé le député PAMiste.