Le RNI compte bien assumer son rôle de chef de file de l'opposition au gouvernement. Lundi, au Parlement, Rachid Talbi en a apporté la preuve en critiquant, point par point, le programme du gouvernement. Lundi à la Chambre des représentants, c'est Rachid Talbi Alami, à la place de Chafiq Rachadi, président du groupe des députés RNI, pourtant présent, qui a exposé la position de la Colombe sur la déclaration du gouvernement. Ne faisant pas dans la dentelle, Alami souligne que sur les 100 pages du projet du cabinet Benkirane, aucune citation du vocable « modernité », longtemps en vogue sous les gouvernements Jettou et El Fassi, a été relevé. Le député s'est permis le luxe de définir ce qu'est la modernité. « Elle est synonyme de démocratie, justice, liberté, citoyenneté, d'ouverture et d'attachement au progrès », a-t-il lancé. Usant et abusant d'un ton ironique, le député a adressé ses « félicitations » aux « camarades progressistes et modernistes qui se sont alliés avec le PJD ». Une allusion plus que claire aux PPS de Nabil Benabdellah. Rachid Alami a relevé, également, l'absence de l'engagement du gouvernement à respecter les accords et conventions internationales, insistant sur les droits de l'Homme. Contestation, toutes ! En revanche, le député a constaté que le PJDiste a consacré plus de temps aux « mesures de renforcement de l'identité nationale », alors que la constitution du 1er juillet 2011 a clairement définie les multiples facettes de l'identité marocaine. L'ancien ministre des Affaires générales sous le gouvernement Jettou a contesté quasiment toutes les mesures énoncées dans la déclaration du chef de l'Exécutif, précisant qu'elles sont l'œuvre du gouvernement de Abbas El Fassi, à l'image de l'augmentation du Budget, de 500 millions de dirhams pour atteindre 1 milliard de dirhams, consacré au Fonds de développement rural ou encore les aides directes aux familles, dans le cadre de la Caisse de compensation, à condition que leurs enfants continuent leur scolarité.L'intervention de l'ancien président du groupe RNI à la Chambre des représentants est également revenue sur la promesse faite par Abdelilah Benkirane de réduire le taux de chômage, à l'horizon 2016, à seulement 8%. Rachid Talbi Alami a déclaré : « Maintenant, au gouvernement, vous reconnaissez les chiffres du HCP ». Et de rappeler, au passage, les multiples contestations de Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, également présent, de ces mêmes chiffres du Haut Commissariat au plan. En guise de réponse, le PJDiste s'est contenté d'un large sourire. Les caméras d'Al Oula étaient présentes pour immortaliser l'instant. Savourant cette petite victoire sur ses adversaires politiques, Alami a lancé aux PJDistes : « L'opposition est facile tant qu'elle est populiste ». Décidément, les temps ont vraiment changé. Les postures aussi. La course aux maroquins épinglée Au cours de son intervention au nom du groupe RNI à la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami a estimé que les premiers indicateurs ne laissent guère d'optimisme quant à la réussite du cabinet Benkirane. Le député a rappelé les frictions et les tensions sur la distribution des maroquins qui ont émaillé la phase de négociations précédant la formation de l'Exécutif entre les partis de la majorité. Alami a rappelé que la volonté de changement, promise par le PJD durant la campagne électorale, ne s'est pas traduite concrètement dans la constitution de la nouvelle équipe gouvernementale. Le député a cité deux exemples : la réduction du nombre de ministères et la nomination d'un ministre d'Etat qui, selon Alami, est contraire à la nouvelle Constitution et ne cadre nullement avec la prose du PJD, du temps de l'opposition, sur la nécessité d'une rationalisation des dépenses publiques.