Le groupe parlementaire du PAM crie sa colère dénonçant l'art et la manière avec laquelle le chef du gouvernement réagit aux critiques de l'opposition. Le PAM ne veut pas servir de « bouc émissaire ». Abdellatif Ouahbi, chef du groupe parlementaire du PAM. et Abdellah Bouanou, chef du groupe parlementaire du PJD. Un scandale ni plus ni moins. C'est ainsi que les députés du PAM qualifient la réaction du Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, aux critiques de l'opposition, au cours de la séance mensuelle des questions de politique générale du lundi 13 août. La séance, dont l'ordre du jour a été la crise économique et les mesures entreprises pour épargner le Maroc, s'est transformée, à des dizaines de minutes de sa fin, en confrontation entre Benkirane et les députés du PAM. Le président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab, a dû faire usage de son autorité, en rappelant à plusieurs reprises l'article 89 de la Constitution sauf que la rage de ces députés ne pouvait s'apaiser. D'ailleurs, Khadija Rouissi s'est retirée de la séance pour exprimer sa contestation. Que reproche le PAM au juste ? « Nous avons assisté à une déviation spectaculaire. Au lieu de se concentrer sur le sujet qui suscite la préoccupation de l'opinion publique : la crise économique, le Chef du gouvernement s'est livré à un show anti-opposition », déclare au « Soir échos » Cherkaoui Roudani, qui a été l'un des premiers députés de son parti à crier sa colère durant la séance. « Si je l'ai fait, c'est parce qu'il me semblait nécessaire et urgent de rappeler au Chef du gouvernement que l'opposition a un rôle à jouer. La constitution accorde à l'opposition un rôle central et majeur, elle en fait une véritable force de proposition. Mais dans l'état actuel des choses, on est très loin du compte. Avec la majorité dans l'exécutif et dans le législatif, L'opposition ne dispose désormais d'aucune chance. En fait, c'est d'une politique sans opposition que rêve le gouvernement », estime-t-il, soulignant ainsi que la crise politique est intimement liée à ce « déséquilibre », mais aussi au « manque de responsabilité du gouvernement». « Une responsabilité sans compétence est une réelle conduite vers la désertion », ajoute Cherkaoui Roudani. Le droit au débat Pour cet autre député du PAM Mehdi Bensaid, c'est « une dictature de la majorité » qui se profile dans l'état actuel des choses. « Nous attendions du Chef du gouvernement des réponses concrètes à nos questions quant à la situation de crise économique et au lieu d'une réponse concrète, Benkirane s'est déchaîné donnant l'impression qu'il se déresponsabilise », affirme-t-il. Le discours de Benkirane se transforme, pour ce jeune député, « en campagne électorale ». « La jeune génération des partis de l'opposition cherche, au cours de ces séances, à élever le débat vers un débat d'idées et non assister à des discours populistes », renchérit Mehdi Bensaid qui tient à préciser que les critiques visent le projet politique et non la personnalité du Chef du gouvernement. « Sinon, nous n'aurions voté aucune loi juste pour nous opposer à la majorité», dit-il. Le PAM est-il visé ? « Non, nous n'avons pas senti que nous étions visés personnellement par le discours de Benkirane ou encore l'intervention du député du PJD Abdellah Bouanou. Nous n'avons jamais endossé une responsabilité dans un quelconque gouvernement et notre parti ne date que de quatre années. Nous avons choisi l'opposition bien avant les élections parce que cela correspondait mieux à notre projet moderniste. Mais nous ne voulons pas devenir le bouc émissaire », confie Cherkaoui Roudani. Dans sa réaction aux critiques de l'opposition, Benkirane a accusé « certains » de lui asséner « des coups sous la ceinture ». « Ceux là ont peur d'une seule chose : qu'on réussisse ! » s'est-il exclamé face aux députés en colère, ajoutant que ceux qui le mettent en défi le rendent plus fort. « Je n'attaque pas les partis mais les partis m'attaquent », justifie-t-il. Cherkaoui Roudani annonce, tout de même, que le secrétaire général du PAM adressera un écrit à Karim Ghellab lui demandant plus de détails et de précisions sur ce qui s'est passé au cours de cette séance. * Tweet * *