C'est bien la première fois que le PJD organisera son Congrès national, alors qu'il dirige la majorité gouvernemental. Interrogé sur cette situation inédite, le député lampiste Abdellah Bouanou déclare au Soir échos que « ce septième congrès se déroulera comme tous les autres congrès. Cela ne changera rien qu'il soit dans l'opposition ou dans la majorité ». « Notre parti a des règles et des traditions bien ancrées, et parmi elles, la démocratie. Nous respectons nos lois internes, les délais, ainsi que les procédures », poursuit-il. Le « seul changement », indique Bouanou, « se verra lors de la séance d'ouverture du Congrès, puisque ce sera le secrétaire général du parti qui prononcera son discours d'inauguration, alors qu'il est en même temps chef de l'Exécutif ». Autre nouveauté à laquelle sera confronté le Parti de la justice et du développement, le cumul des mandats. En effet, si Benkirane, lors du congrès, est réélu à la tête du PJD, il cumulera ainsi les postes de chef de gouvernement et de secrétaire général du parti. Cumul ou pas cumul ? Abdellah Bouanou, par ailleurs membre du Conseil national du parti conservateur, estime qu'il existe deux lectures quant à l'éventualité du cumul de mandats à laquelle sera confrontée Benkirane. « Ou nous allons loin dans la démocratie, et nous décidons qu'il n'y ait pas de cumul de mandats, comme cela se fait dans la majorité des pays démocratiques. Ou alors nous choisissons de donner plus de légitimité à Abdelilah Benkirane, le réélire, pour le renforcer dans son poste de chef de gouvernement », explique-t-il. Toutefois, la continuité voudrait que Benkirane soit réélu à la tête de son parti, comme ce fut le cas pour le gouvernement Abbas El Fassi, ou lors du gouvernement d'alternance, lorsque Youssoufi cumulait son poste de Premier ministre avec celui de SG de l'USFP. Dans l'éventualité d'un cumul de mandats, le chef du gouvernement pourrait utiliser son portefeuille gouvernemental à des fins politiques, et pourrait en faire profiter son propre parti, au dépend des autres. Abdellah Bouanou ne l'entend pas de cette oreille, et rétorque qu'Abdelilah Benkirane « n'est pas de ce genre. Je suis certain que s'il est réélu au poste de SG du PJD, il fera tout son possible pour préserver l'autonomie du parti et améliorer la bonne gouvernance. Je suis sûr qu'il ne tombera pas dans l'erreur de l'abus de pouvoir ». Vers plus de représentativité féminine Toutefois, la tendance paraît équilibrée, les membres du PJD semblent bel et bien divisés quant au cumul de mandats de leur leader. Quid de la représentativité féminine ? Rappelons que lors de l'ouverture de la cession parlementaire chargée de procéder au vote de confiance du programme gouvernemental, le chef du gouvernement, lors de son exposé oral, avait avoué le manque de représentativité féminine dans les instances de tous les partis, et avait alors promis de faire bouger les lignes, en commençant par son propre parti. Le fera-t-il lors de ce congrès ? Pour Bouanou, c'est une chose « évidente », « la représentativité féminine au sein des partis doit augmenter ». Il regrette le fait que « les partis ont présenté pas plus de 5 % de candidates féminines dans les listes locales lors des législatives ». Quant à l'avenir, Bouanou promet de revoir le quota déjà mis en place dans le Conseil national de PJD, puisque 20% des élus du Conseil national sont des femmes. Ce que bien d'autres partis, qui se disent modernistes, n'ont pas encore réalisé. « Nous allons tout de même augmenter ce quota », assure Bouanou, avant d'ajouter : « Nous allons montrer l'exemple ».