La commission parlementaire des Finances et du développement économique a entamé, le 1er novembre, l'examen du projet de loi de finances. Au premier round, les députés de la majorité ont ravi la vedette à ceux de l'opposition. Nizar Baraka et Driss El Azami El Idrissi ont défendu le projet du gouvernement devant les membres de la commission parlementaire des Finances. La température est montée d'un cran à la commission des finances et du développement économique. Ce jeudi 1er novembre, la salle « Al Maghribia », au cœur de la Chambre des représentants, est archicomble. Les députés sont venus si nombreux assister à la discussion générale du projet de loi de finances 2013 que les retardataires ont dû rester debout. Du 1er au 7 novembre, les membres de la commission devront soumettre leurs impressions et remarques aux deux ministres : Nizar Baraka et Driss El Azami El Idrissi, respectivement ministre de l'Economie et des finances et ministre délégué chargé du budget, qui ont présenté ce texte aux députés des deux Chambres du Parlement le 24 octobre. Les oubliés du PLF « Aucun mot dans ce PLF ne se réfère aux élections prévues l'an prochain. Pourtant, ces élections sont intimement liées à la mise en œuvre des budgets consacrés aux investissements des communes», déclare Abdellah Bouanou, président du groupe PJD à la Chambre des représentants. A l'ouverture de ce premier round, le député, membre de la commission, met le doigt sur ce qu'il trouve à la fois « aberrant » et « incompréhensible » rappelant ainsi la situation de paralysie financière dont souffrent les communes face à leurs charges et à leurs rôle de développement local. Ce qui, pour Abdellah Bouanou, fait de l'organisation des élections territoriales une priorité dont l'organisation doit figurer dans le PLF et non dans la case des « oubliettes ». « Dans son programme, le gouvernement a présenté plusieurs engagements, dont celui de mettre en place la régionalisation qu'il n'a toujours pas tenue », remarque-t-il. Les députés de la majorité n'ont pas caressé le gouvernement dans le sens du poil. Nouredine Moudian, président du groupe istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme, a lui aussi évoqué le recul sur certains engagements. « Il n'y a aucune allusion à la caisse de la Zakat qui semblait être pourtant d'une importance capitale dans le programme gouvernemental. S'il s'agit d'un engagement, il faut le tenir ! », s'exclame le député, recommandant au gouvernement de faire preuve de « militantisme contre les lobbys et les poches de résistance » pour maintenir ses promesses et les concrétiser dans des délais clairs. Evaluer avant d'avancer Une vision plus claire, c'est également ce que revendique Moudian en évoquant l'absence de mesures d'accompagnement dans la mise en place des projets du PLF. « A titre d'exemple, le projet immobilier que le gouvernement destine à la classe moyenne au prix de 5.000 dirhams le mètre carré ne donne aucune précision sur les villes qu'il concernera. En dehors de Rabat et Casablanca, il se peut que ce projet ne soit pas aussi attrayant que le veut le gouvernement », affirme le député. Autres exemples, Moudian évoque la baisse des taxes au profit des entreprises et la promotion des investissements pour rappeler que malgré les avantages qu'elles présentent, elles risquent d'être vaines. «Sans accompagnement ni suivi, l'efficacité de ces projets est remise en question », estime Moudian, soulignant la nécessité pour le gouvernement de procéder à l'évaluation des investissements mais aussi à veiller à faciliter les procédures administratives. « Sur le terrain, nous sommes face aux mêmes problèmes : des procédures difficiles qui durent des mois, des corruptions et des complications... Il faut un remède contre cette situation pour améliorer l'investissement étranger surtout », affirme-t-il. Et d'ajouter qu'avant de lancer de nouveaux chantiers surtout dans le secteur public, il est tout aussi nécessaire de s'assurer, d'abord, si les précédents ont atteint leurs objectifs sociaux et économiques. Pas d'action sans stratégie intégrée A quoi servirait une école sans piste pour y accéder ? C'est encore le président du groupe istiqlalien qui se pose la question pour mettre l'accent sur la cohérence des actions gouvernementales. Dans son intervention, à l'ouverture de la discussion, Moudian insiste sur la cohésion à chaque démarche et la nécessité d'entreprendre des projets où l'ensemble des départements ont apporté leur eau au moulin. « Sans coordination, il n'y a pas de rendement », déduit-il. Pour ce député de la majorité, le Maroc dispose d'atouts et doit à présent asseoir un équilibre lui permettant également de jouer un rôle clé au sein de l'Afrique. « C'est vers ce continent que les autres pays en crise, aujourd'hui, se dirigent à la recherche de marchés alternatifs. Le Maroc ne doit ménager aucun effort pour suivre le mouvement et créer de nouvelles ressources », recommande le député. Affaire du Sahara C'est le président du groupe du RNI Rachid Talbi Alami qui a soulevé la question. Il se dit étonné de constater pour la première fois que la présentation du PLF par les deux ministres ne contienne aucune allusion à l'affaire du Sahara. « Saad Eddine El Otmani nous avait annoncé le retrait de confiance de Christopher Ross et voilà que nous l'accueillons de nouveau à bras ouverts sans en connaître les raisons et les arguments », lance-t-il. Et d'annoncer que son groupe vient d'adresser une demande dans laquelle il estime urgent la réunion de la commission des affaires étrangères. Rachid Talbi Alami insiste, par ailleurs, sur le rôle « constructif » que doit jouer l'opposition et la nécessité pour le gouvernement de prendre en compte ses critiques. « Dans le PLF, nous avons constaté une mixture entre les courants classique, marxiste, libéralisme... au point de perdre l'orientation générale », renchérit le député de l'opposition. * Tweet * *