L'association Al Wifak organise durant chaque mois de Ramadan une opération iftar au complexe de l'artisanat sis au Boulevard de Bordeaux à Casablanca. Cette année encore, elle n'a pas dérogé à cette tradition. Incursion dans les coulisses de la plus grande opération iftar au Maroc. Une trentaine de bénévoles épaulés par dix agents d'une banque de la place assurent le service au profit des centaines de personnes nécessiteuses. Nous sommes au complexe de l'artisanat sis au Boulevard de Bordeaux, juste à côté de la direction de l'artisanat de Casablanca. Une heure environ avant la rupture du jeûne. Une file indienne se dresse devant les grilles vertes qui font office de portail. Deux vigiles en tenue bleue clair et casquettes bleues marines filtrent les entrées. Passage obligé pour toute personne désireuse de mettre les pieds dans le complexe. Ce n'est nullement un salon encore moins une foire artisanale. Détrompez-vous. Mais c'est bien l'opération iftar organisée par l'Association Al Wifak. Il faut franchir le seuil du portail ou tout simplement jeter un regard furtif entre les grilles pour s'en rendre compte. 17 ans d'humanitaire A l'intérieur , un impressionnant dispositif chatouille les yeux. Pas moins de 1300 tables équipées de 1345 chaises sont installées sur la grande superficie du complexe. La table à manger est bien garnie par des crêpes marocaines, du café au lait, du thé, des œufs , une soupière de «harira», des dattes, du miel, des chebbakias , du pain, des croissants et du fromage. Ce service est assuré par une trentaine de volontaires de l'association épaulés par dix éléments d'une société bancaire de la place. « L'idée nous est venue spontanément en 1995. On avait décidé de faire le ftour pour 70 personnes à la maison des jeunes de Zerktouni. On dénombrait environ 70 personnes. En 1996, on est passé de 140 à 600. En 1998, on a décidé d'agrandir l'opération à grande échelle en décidant de préparer des plats emportés. Vers l'an 2000, vu la grandeur et la capacité, on a pu accentuer le service. Notre but c'est de servir les gens. Il faut avoir de la volonté, de la gentillesse, pour mettre à l'aise les différents bénéficiaires », nous confie El Mostef El Boudali vice-président de l'association Al Wifak. Au service des nécessiteux Ce dernier représente le prototype de l'humanitaire au sens premier du terme. Après des salamalecs d'usage, l'un des vigiles nous indique son bureau. C'est un petit hangar peint en blanc situé au fond du complexe. Une ampoule éclaire la pièce. Habillé d'un jean bleu foncé et d'un polo blanc avec des rayures bleues avec des lunettes transparentes, il nous réserve un accueil chaleureux. On y trouve un réfrigérateur où sont conservés des rafraîchissement, une table avec des blocs notes, et un magasin de 14 m de long et 8 m de large où sont jalousement stockées les nourritures. « Le restant des aliments est distribué aux nécessiteux. Nous avons dressé une liste de nécessiteux et tout le reste sera distribué à ces derniers après le ftour, comme les handicapés, les orphelins, les déshérités,etc », nous souffle-t-il. Il reçoit les dons en nourriture offerts par les bonnes volontés. Cette activité est loin d'être une corvée pour lui. Au contraire, c'est une passion. Il se sacrifie à la tradition depuis 15 ans. « Cela fait 15 ans que je n'ai pas pris l'iftar en famille. Il faut aimer ce qu'on fait et surtout avoir l'esprit du sacrifice » affirme-t-il non sans faire référence à un hadith du Prophète qui incite les musulmans à donner le ftour. Ces hadiths, on peut en lire aussi sur les différentes allées du complexe. Ils sont inscrits sur une dizaine de pancartes bleues perchées sur les tentes blanches. Quand on l'interpelle sur ce fait, il nous sert une réponse empreinte d'humour. « C'est une façon d'encourager les donateurs. La lecture de ces hadiths pourrait les pousser à accroître leurs bonnes actions ». Une mosquée est aménagée à une vingtaine de mètres à gauche de son bureau. « Iftar » d'envergure Le budget annuel de l'opération se chiffre à 150 000 dirhams. C'est la plus grande opération d'envergure de ce genre au Maroc, si l'on en croit El Boudali. En tout cas, l'arsenal culinaire corrobore ses propos. Au nombre impressionnant de tables et de chaises, il faut ajouter, les 15 000 cuillères, les 1 500 bols, les 200 soupières, sans compter les 28 marmites contenant 100 litres de « harira ». Environ, 5300 repas sont préparés quotidiennement. 4 260 sont emportés tandis que 4 260 sont pris sur place. Le service débute vers 12h30 pour s'achever vers les coups de 23 h. Réussir une telle organisation n'est pas une sinécure. Raison pour laquelle l'association débute les préparatifs 2 mois avant le Ramadan avec la demande d'autorisation: la préparation du site, le nettoyage, le débroussaillage, le lavage, l'installation des bâches, etc. A cœur humanitaire, rien d'impossible ! * Tweet * *