Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine réuni, samedi, à Addis Abeba en Ethiopie, a exhorté la classe politique malienne et le gouvernement de transition à entamer de vraies consultations en vue d'un gouvernement d'union nationale. Le porte-parole de la Commission de l'UA, Noureddine Mezni , le président ivoirien, Alassane Ouattara, et le commissaire de l'UA à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra, samedi à Addis Abeba. L'Union Africaine (UA) a exigé samedi à Addis Abeba une accélération de la transition politique au Mali, où les insurgés islamistes menacent l'intégrité du pays. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA réuni à Addis Abeba a notamment demandé la fin des « interférences inacceptables » de la junte militaire malienne et de ses soutiens civils dans la gestion de la transition, et sa dissolution effective. Le CPS a également exhorté le président malien de transition Diancouta Traoré et le Premier ministre Cheick Modibo Diarra « d'entamer les consultations nécessaires avec les partis politiques maliens et la société civile afin de former un gouvernement élargi d'unité nationale », selon les conclusions de la réunion, lues par le commissaire de l'UA à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra. Une feuille de route pour la transition Les chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest avaient aussi exigé samedi dernier un « gouvernement d'union nationale » au Mali d'ici le 31 juillet, sous peine de sanctions. Ce durcissement de ton illustre l'impatience des capitales africaines face à la lenteur à faire avancer une transition permettant de tourner définitivement la page du coup d'Etat du 22 mars, alors même que plusieurs mouvements islamistes ont mis à profit cette désorganisation pour prendre le contrôle des principales villes et régions du Nord du pays. « L'unité nationale et l'intégrité territoriale du Mali ne peuvent faire l'objet d'aucune discussion ou négociation », a rappelé le CPS, soulignant la détermination de l'Afrique de n'épargner aucun effort pour leur préservation. Cependant, sur le terrain la situation est un peu plus délicate. Après plusieurs rencontres, certains partis politiques semblent prêt à franchir le pas et disent n'attendre désormais que la feuille de route du Premier ministre qui était à Paris samedi pour rencontrer le chef d'Etat malien par intérim. « Tout le monde est d'accord avec cette idée d'aller à une concertation nationale, de tout mettre sur la table et de discuter ensemble en démocrates. Sinon en respect du pays, nous accepterons la décision qui sera prise par la majorité », a déclaré amadoun Amion Guindo, le président de la Copam, (Coordination des organisations patriotique du Mali), très favorable aux putchistes. Même son de cloche également du côté des membres du FDR,(Front du refus), farouchement opposés aux militaires. « On a beaucoup de points de divergence, mais il y a beaucoup de points de convergence. Nous en sommes à une volonté commune de constituer un gouvernement d'union nationale. Chacun a mis de l'eau dans son vin et chacun pense plutôt à l'avenir de ce pays », a, pour sa parts souligné Oumar Hamadoun Dicko, l'un des leaders de ce mouvement. La CEDEAO sur la sellette Aussi, loin de la crise politique, l'intervention militaire au Nord-Mali constitue l'autre pomme de discorde notamment entre les Maliens et la CEDEAO, accusée d'imposer sa volonté unilatéralement sans consulter le peuple malien. Le chef du gouvernement Cheik Modibo Diarra mise sur le dialogue pour récupérer la moitié du pays occupée par les islamistes alors que ses voisins (le Niger, la Guinée…) prônent l'intervention pour les déloger. « Nous sommes prêts à ouvrir un dialogue avec nos frères maliens qui se trouvent sur le terrain aux côtés ou opposés aux gens d'Aqmi », a-t-il affirmé lors d'une visite de travail au Niger la semaine dernière. Pour le chef d'Etat français, la situation telle qu'elle est, nécessite d'abord « qu'il y ait un véritable gouvernement au Mali qui prenne ses responsabilités et qu'une intervention dans le cadre de l'Union africaine et des Nations unies puisse se faire». Toutefois, François Hollande a tenu à préciser que « c'est est aux Africains de déterminer et le moment et la force ». « Nous devons apporter toute notre solidarité. Au Conseil de sécurité, il y a une résolution qui permet justement de faire cette intervention avec le soutien de l'ONU», a-t-il souligné. * Tweet * * *