Alors qu'ils croyaient avoir la bénédiction de tout le peuple malien en renversant jeudi dernier le régime du président Amadou Toumani Touré, les putschistes doivent maintenant se confronter à la réalité. Après les grands partis politiques qui ont en majorité condamné le coup d'Etat, c'est au tour de la société civile malienne de se faire entendre. En effet, plusieurs centaines de Maliens sont descendus, lundi, dans les rues de Bamako, la capitale du pays, pour dénoncer le putsch et réclamer un retour à la démocratie dans les plus brefs délais. Le mot d'ordre est : « Les militaires doivent dégager ». De même, plusieurs associations dont l'Association pour le progrès et la défense des droits des Femmes (APDF), ont condamné le putsch. « Nous sommes en train de préparer un plan à soumettre aux militaires, et ce plan va se finaliser bientôt. Nous disposons de moyens : nous avons les hommes, nous avons les intelligences, nous avons le courage, nous avons la volonté d'atteindre notre objectif », a déclaré, lundi, le secrétaire général de l'Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), Siaka Diakité, à l'issue de la marche de protestation contre le coup d'Etat. Condamnation unanime Malgré les promesses du chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, qui a assuré sur la télévision malienne de remettre le pouvoir aux mains de civils pour conduire la transition, la situation semble toujours précaire et les condamnations fusent de partout. « Les soldats qui ont renversé le gouvernement malien doivent retourner dans leurs casernes », a souligné, mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'inquiète de l'instabilité dans la sous-région. « L'Union africaine reste déterminée à faire régner l'ordre au Mali. Ce qui se passe actuellement n'est bon ni pour le pays ni pour le continent, nous allons remettre les choses en ordre », a assuré, lundi, le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, lors de la 5e réunion des ministres des Finances du continent, à Addis Abeba (Ethiopie). La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a également tenu un sommet hier à Abidjan en Côte d'Ivoire, où il a été question du Mali. Les participants se sont réunis afin de trouver une sortie de crise. Toutefois, c'est le peuple malien qui pâtit de la situation dans la mesure où plusieurs organisations internationales ont suspendu leurs coopérations avec ce pays, où plus de 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.