La crise malienne s'enlise. Alors que la CEDEAO a maintenu le président intérimaire, Dioncounda Traoré, à la tête de la transition, une convention nationale organisée par des composantes de la société civile a désigné le capitaine Amadou Sanogo comme chef d'Etat. Des manifestants hostiles au chef d'Etat malien intérimaire, Dioncounda Traoré, ont pris d'assaut la présidence lundi, saccageant les locaux. Le Mali a-t-il touché le fond ? Désordre général au nord sous contrôle des rebelles touaregs et de groupes islamistes, la situation au sud n'est pas non plus reluisante. L'impasse perdure toujours quant à la transition, en dépit des nombreux accords signés ces dernières semaines. Alors que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a fixé la période de la transition, qui a officiellement commencé mardi, à douze mois, à l'issue d'un accord avec l'ex-junte, les Maliens demeurent toujours divisés quant au maintien de l'ancien président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré à la tête du pays. En début de semaine, des manifestants hostiles au chef de l'Etat intérimaire ont pris d'assaut sa présidence et ont réussi à saccager les locaux du numéro un du pays après l'avoir agressé. Une scène qui prouve le profond malaise qui règne à Bamako et qui n'augure rien de bon pour l'avenir de ce pays de l'Afrique occidentale, cité comme exemple de démocratie dans la sous-région, il y a encore peu de temps. Cacophonie Alors que le président malien, Dioncounda Traoré, prenait officiellement les rênes du pays, mardi , pour conduire la transition qui sera sanctionnée à la fin par l'organisation d'une élection présidentielle en bonne et due forme, des associations de la société civile ont dans la même journée organisé une convention nationale. Les participants à cette convention initiée par la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), hostile à la médiation de la CEDEAO, ont demandé le départ du chef de l'Etat intérimaire et, par la même occasion, ont désigné le chef des putshistes le capitaine Amadou Sanogo comme président capable de conduire la transition jusqu'à l'organisation des élections. Les différentes composantes de la société civile malienne ayant pris par cette convention nationale reprochent à la CEDEAO de s'être substituée à l'Etat malien. « C'est la Constitution malienne du 25 février 1992 qui doit édifier ou clarifier les relations entre le Mali et ses pairs de la CEDEAO. Nous invitons tout le peuple malien à s'interroger sur la situation qui prévaut dans le pays au regard de l'accord-cadre et des différentes décisions de l'organisation sous-régionale », a souligné la COPAM lors de cette convention. « Nous avons décidé d'instituer le capitaine Amadou Sanogo en qualité de chef de l'Etat du Mali », ont de même indiqué les participants dans un rapport final. C'est donc la cacophonie à Bamako. Restaurer l'Etat La normalisation de la situation semble encore loin malgré les efforts. « L'agression du président Dioncounda Traoré a considérablement mis la sortie de crise en danger, en dépit des efforts de la CEDEAO », a estimé l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé l'armée malienne à protéger les « autorités intérimaires légitimes ». «L'Union africaine (UA) a, pour sa part, souhaité une réelle restauration de l'ordre constitutionnel et le rétablissement de l'autorité de l'Etat dans le nord du pays ». Quant à l'autre moitié du pays, sous contrôle du MNLA ( le Mouvement des rebelles touaregs) et du groupe islamiste proche de Aqmi, Ansar Dine, c'est le désordre qui règne en maître absolu. À Gao où Ançar Dine a instauré l'application totale de la charia, des affrontements ont opposé les islamistes et la population locale faisant de nombreux blessés par balle. Le MNLA, qui a proclamé l'indépendance du Nord-Mali, affirme également être sur le point de mettre un gouvernement sur pied dans les prochains jours avec la participation du groupe islamiste Ansar Dine. * Tweet * * *