En une semaine, 48 personnes présentées comme des séquestrées des camps de Tindouf ont regagné le Maroc. Le 26 mars, une dépêche de la MAP annonçait qu'un groupe de trente-trois jeunes, dont une femme, âgés entre 23 et 28 ans, a rallié récemment les provinces du Sud. Trois jours plus tard, c'est au tour de 14 personnes, cinq femmes, cinq enfants et 4 hommes, d'en faire de même. «Une fois qu'ils ont foulé le sol du Maroc, c'est au tour de la fameuse inscription sur les listes de l'Entraide nationale qui leur donne le droit de bénéficier de 1.650 DH à chaque fin de mois», souligne une source à Laâyoune. Les caméras d'Al Oula sont là pour immortaliser l'événement et au passage recueillir les impressions des ralliés. C'est de bonne guerre. Le Polisario et la télévision algérienne font la même chose avec les séparatistes de l'intérieur qui visitent les camps de Tindouf. Ce retour massif suscite chez certains habitants de Laâyoune des appréhensions. Noureddine Drif, membre du CORCAS, même s'il ne partage pas cette opinion, assure qu' «effectivement, les avis sont partagés sur le sujet. Certains estiment que ces personnes ont regagné le Maroc sous les ordres du Polisario et qu'il y a une cellule au sein de ce mouvement qui supervise ce genre d'opérations. Ils prétendent également que ces jeunes sont d'anciens combattants envoyés dans les provinces du Sud pour mener, le temps venu, des actions d'envergure. C'est un avis, mais qui demeure très minoritaire. En revanche, la majorité pense que ces personnes sont venus au Maroc à cause des conditions de vie très précaires dans les camps de Tindouf». Ce membre du CORCAS, précise que «ces jeunes qui sont nés dans les camps veulent tout simplement vivre dignement. Les rêves de l'Etat et l'indépendance, ne les emballent plus. C'est la réalité qui nous a été confirmée par les Sahraouis qui se déplacent dans les provinces du Sud dans le cadre du programme d'échanges de visites chapeauté par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR)». Ce membre du CORCAS revient par ailleurs sur les craintes qu'ont certaines personnes à l'égard de ces ralliements. «Ces appréhensions sont la conséquence de l'opération de G'Jijmate, présentée comme une grande victoire, avant de se révéler juste un coup d'épée dans l'eau. Sur les cent personnes qui avaient regagné le Maroc, fin 2007, seuls trois étaient des habitants des camps de Tindouf avant de s'installer en Mauritanie». Et de poursuivre, «une fois au Maroc, l'Etat leur a accordé des maisons qu'ils ont vendues pour retourner d'où ils sont venus: la Mauritanie». Très optimiste, Noureddine Drif dit s'attendre à un retour massif dans les prochains jours des habitants des camps. «Le chiffre pourrait osciller entre 300 et 400 ralliés. C'est une réponse aux visites des séparatistes de l'intérieur à Tindouf». Même son de cloche auprès de Mohamed Taleb, également membre du CORCAS, qui annonce que «les ralliements sont quasiment quotidiens. Depuis 2009, six personnes des camps de Tindouf, en moyenne, regagnent le Maroc. Ces ralliements se font d'une manière spontanée et ne sont organisés par aucune partie. Chaque jour, des jeunes sahraouis se rendent aux membres des Forces armées royales qui prennent ensuite en charge leur rapatriement à Laâyoune. C'est l'hémorragie à Tindouf. Les habitants ayant un laisser-passer de la sécurité algérienne ont un seul objectif: quitter cet enfer soit par un retour au Maroc ou une naturalisation comme citoyen espagnol. Rien que la semaine dernière, une famille venue à Dakhla, dans le cadre du programme d'échange de visites du HCR, a choisi de rester dans les provinces du Sud». Fuir les camps de Tindouf : Le sésame de la nationalité espagnole Pour ceux qui ont la chance d'être inscrits sur les listes du recensement effectué par le régime de Franco en 1974 au Sahara, la nationalité est à la portée de leur main et ce depuis janvier 2008. Même ceux qui n'ont pas cette chance, peuvent solliciter la citoyenneté espagnole arguant qu'ils sont des Espagnols d'origine» ou «descendants d'Espagnols d'origine» avant 1976, date du retour de la souveraineté marocaine sur le Sahara. «C'est un moyen parmi d'autres pour fuir les camps de Tindouf. Nombreux sont, en effet parmi cette catégorie de personnes, ceux qui ont choisi de s'installer dans les provinces du Sud et notamment Laâyoune», déclare Mohamed Taleb. C'est pareil pour les Sahraouis qui ont obtenu la nationalité mauritanienne. Ce membre du CORCAS et du Conseil national du PAM, assure par ailleurs que «la ville de Zouirate en Mauritanie, connaît une forte concentration d'anciens habitants des camps de Tindouf qui s'adonnent au commerce et à la contrebande».