La date du second tour est fixée au 25 mars et les deux camps se mobilisent déjà sur le terrain. L'heure de convaincre les indécis du premier tour a sonné. Macky Sall comme Abdoulaye Wade doivent batailler dur pour réussir à mettre chacun de son côté, ces Sénégalais qui ne croient plus aux politiques. Mais pour l'heure, le candidat de l'opposition semble bien s'en sortir puisque la majorité des autres candidats malheureux du premier tour a le regard tourné vers lui. Moustapha Niasse, le candidat du mouvement Benno Siggil Senegaal, arrivé en troisième position à l'issue du premier tour, Ousmane Tanor Dieng, le candidat socialiste, Idrissa Seck ou encore Youssou N'dour ont déjà affirmé leur soutien à Macky Sall. Et chacun mobilise d'ores et déjà son camp en faveur du challenger du président sortant. « Si nous sommes conséquents avec les engagements souscrits au niveau des Assises nationales et du M23 (ndlr: Mouvement contestataire de la candidature de Abdoulaye Wade), nous ne pouvons pas soutenir Wade qui n'a pas droit à un troisième mandat. Nous ne sommes pas des soutiens, nous sommes partenaires et nous allons travailler ensemble, battre campagne ensemble, gagner ensemble et gérer ensemble », a expliqué le socialiste Ousmane Tanor Dieng. La diaspora aussi se manifeste Macky Sall et son équipe n'entendent rien laisser au hasard, que ce soit les sorties médiatiques ou les rencontres avec les leaders de la jeunesse sénégalaise. Car, la clé de ce second tour est de réussir à convaincre les indécis qui hésitent encore. À l'intérieur comme à l'extérieur du Sénégal, les soutiens fusent. La diaspora sénégalaise en France s'est notamment mobilisée à travers une structure spécialement mise en place dénommée Diaspo-Sen, pour aider l'adversaire du chef d'Etat sortant à remporter le scrutin. Cette structure est composée de chefs d'entreprise et de cadres sénégalais vivant dans l'hexagone « On va apporter à Macky Sall des moyens logistiques, humains et financiers et nous participerons à l'élaboration de l'argumentaire. Nous allons intégrer d'autres segments sociaux qui sont en France et dans la diaspora, des segments différents de l'électorat de base. Cette initiative est née à Paris, néanmoins elle emporte aussi l'adhésion d'autres sénégalais établis en Italie, Espagne, Suisse, Canada, et Etats-Unis. Nous avons tous convenu de ne ménager aucun effort pour permettre au candidat Macky Sall d'être le 4e Président du Sénégal », a assuré Mamadou Lamine Thiam, à la tête de cette structure, cité par la presse sénégalaise. Avec tous ces soutiens déclarés, mathématiquement on pourrait affirmer que Macky Sall a déjà toutes les cartes en main, cependant l'arène de la politique, surtout en Afrique, obéit à certaines règles si complexes qu'on n'est jamais à l'abri de mauvaises surprises. À la reconquête de l'électorat perdu De son côté, le président-candidat Abdoulaye Wade mobilise également ses troupes. Au pouvoir depuis 12 ans, le président sénégalais compte bien s'offrir un troisième mandat à 85 ans. Au premier tour, il est arrivé en tête avec 34,8 % des suffrages exprimés contre 26,5 % pour son adversaire. Ce score, comparé à celui de 2007, où il avait été élu dès le premier tour avec 55,8 % des voix, exprime bien le désenchantement du peuple sénégalais. Le camp Wade part donc à la reconquête de son électorat perdu. Une tâche qui ne sera pas de toute aisance compte tenu du temps très limité. Cette abstention d'une partie de son électorat s'explique par les dérives qui ont marqué la fin de son mandat. Flambée des prix de denrées de première nécessité, délestage, un taux de chômage galopant qui touche notamment les jeunes et surtout le fait d'avoir voulu imposer son fils Karim Wade au peuple sénégalais. Les prochains jours seront donc décisifs pour le chef d'Etat sortant et son équipe. Et comme si cela ne suffisait pas, Abdoulaye Wade doit également faire face à la défection de certains de ses collaborateurs. Selon le site sénégalais d'information Remwi.com, le ministre d'Etat Adama Sall, membre du PDS, parti au pouvoir, aurait rallié le camp de Macky Sall.