A 80 ans, le président sénégalais Abdoulaye Wade rempile dès le premier tour en passant aisément la barre de la majorité absolue. Ce n'est pas officiel, mais c'est une certitude. Au Sénégal, le chef d'Etat sortant remporte la présidentielle. Les chiffres publiés restent à valider, mais la victoire du président Abdoulaye Wade ne fait plus de doute. Les résultats provisoires du scrutin dans ce pays présenté comme une «vitrine de la démocratie» au niveau du continent africain, sont sans appel : M. Wade passe aisément la barre des 50% avec quelque 55,7% des suffrages exprimés. Et il l'emporte dans la quasi-totalité des 35 départements, la plupart du temps à la majorité absolue. La victoire de ce libéral au second tour, en 2000, représentait une alternance politique historique après quatre décennies de pouvoir socialiste et avait été qualifiée de «raz-de-marée». Celle de 2007 s'apparente, elle, à un véritable plébiscite. L'ancien Premier ministre Idrissa Seck, 47 ans, un temps pressenti pour être le «dauphin» du président Wade avant de tomber en disgrâce, arrive en deuxième position, avec près de 15% des voix. Le candidat du Parti socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng, âgé de 60 ans, arrive pour sa part en troisième position avec environ 13% des suffrages exprimés; un score très bas pour un parti qui a gouverné le Sénégal de l'indépendance en 1960 à l'alternance de 2000. Les résultats provisoires donnent M. Dieng perdant dans son propre département de Mbour (sud-est de Dakar). Un département pourtant considéré comme un bastion socialiste. Assommés par l'ampleur de cette défaite historique, les membres du PS n'ont pas tardé à contester les résultats, tout en dénonçant des «fraudes massives». «Nous n'accepterons pas ces résultats. Nous avons pu arriver à la conclusion que nous avons assisté aux élections les plus tronquées de notre histoire depuis que le Sénégal est indépendant», avait affirmé mardi soir Aïssata Tall Sall, une porte-parole du candidat, Ousmane Tanor Dieng. «Il y a eu des doubles inscriptions, des doubles votes de façon massive. Cela a été possible parce qu'un stock de cartes d'électeurs non distribuées a servi à faire voter des militants et sympathisants de Wade», avait ajouté Mme Aïssata Tall Sall. Des accusations rejetées, mercredi soir, par le ministre sénégalais de l'Intérieur, chargé de l'organisation des élections, Ousmane Ngom : «Ce sont des allégations sans fondement, (...) qui ne reposent sur aucune preuve». Selon le ministre, «il s'est agi d'une réédition de cartes» suite à une notification de disparition ou d'égarement des pièces initiales. Mais, a-t-il assuré, «même si la personne a deux cartes (...) elle ne peut voter qu'une seule fois. Il ne peut pas y avoir de fraude ou de vote multiple, parce que, encore une fois, chaque personne figure une seule fois dans le fichier électoral ».