Les partisans du président sortant Abdoulaye Wade ont affirmé hier lundi qu'il avait remporté, dès le premier tour, l'élection présidentielle de dimanche 25 février avec 57% des voix. L'opposition parle de «bluff». Lundi après-midi, aucun résultat officiel n'avait été publié. Dans la matinée d'hier lundi, la clameur s'amplifiait à Dakar. «Gorgui, ya bari dolé» («Le vieux, tu es très fort» en wolof) scandaient dans les rues de la capitale sénégalaise les partisans du président Wade (80 ans), ce que contestent ses quatorze rivaux qui parlent de «bluff». La commission électorale nationale autonome (Cena) a, quant à elle, mis en garde contre une annonce prématurée des résultats de nature à nuire à la sérénité de ce scrutin qui faisait figure de test dans ce pays de 11,7 millions d'habitants, cité comme une véritable vitrine de la démocratie en Afrique. Dans la nuit de dimanche à lundi, les résultats compilés par les radios privées sénégalaises au niveau de différents départements confirmaient que Me. Wade, père spirituel du «pape sopi» (changement), avait dépassé la barre fatidique des 50%. «L'enseignement majeur tiré de ces résultats, indique de façon irréfutable que le candidat Wade dépasse largement les 50% requis pour être élu au premier tour», a affirmé le Premier ministre Macky Sall, directeur de la campagne électorale du président sortant. «Si le président Wade utilise la radio pour se proclamer vainqueur, on ne le laissera pas faire. Mais tant que la Cour d'appel ne proclame pas les résultats, on ne bouge pas», a averti Khalifa Sall, directeur de campagne du candidat du parti socialiste (PS-au pouvoir de l'indépendance en 1960 à 2000), Ousmane Tanor Dieng (60 ans). Conservant un ton très mesuré, Abdodulaye Elimane Kane, porte-parole du candidat socialiste, pense qu'«il y aura un second tour et qu'Ousmane Tanor Dieng y sera». «Actuellement nous ne pouvons faire aucune déclaration officielle. Les résultats qu'on nous donne ne sont qu'une photographie partielle de la situation. Nous attendons les chiffres complets», précise-t-il. Dans leur livraison d'hier lundi, les quotidiens sénégalais, s'appuyant sur ces premières tendances, ont confirmé la nette avance du président Wade, qui avait été élu au second tour en 2000. «Le plébiscite pour Wade», titrait en manchettes le quotidien privé «Walfadjri», qui estime que les Sénégalais ont voulu livrer ce message : «donnons-lui une seconde chance (…)». De son côté , «Le Matin» critique «une opposition de salon», soulignant que «les communiqués de presse ne peuvent pas se substituer aux actions sur le terrain et l'absence d'un leader charismatique est pour beaucoup dans la situation constatée». Selon des chiffres partiels obtenus hier lundi auprès du ministère sénégalais de l'Intérieur, près de 75% des quelque cinq millions d'électeurs inscrits ont participé dimanche au premier tour des présidentielles, un taux «record» dans ce pays ami du Maroc. Aucun incident violent n'a émaillé le scrutin de dimanche qui s'est déroulé dans le calme et la sérénité, confirmant la maturité politique du Sénégal. Des résultats officiels provisoires étaient attendus dans la journée d'hier lundi. Si aucun candidat ne dépasse les 50% des suffrages, un second tour devra se tenir à la mi-mars.