Une Tunisie laïque ou plutôt islamique ? C'est la question qui alimente tous les débats actuellement au sein de l'Assemblée constituante. Après la révolution, il faut maintenant trouver un modèle de démocratie à la Tunisie, gouvernée par les islamistes d'Ennahda. La nouvelle Tunisie doit-elle imposer la religion ou plutôt laisser le libre choix à ses citoyens et considérer la foi comme une affaire individuelle et privée ? Difficile de répondre à cette question pour le moment. Mais la réponse d'Ennahda est sans équivoque. « L'Islam n'a jamais connu, ni dans ses textes ni dans son histoire, de séparation entre la religion et la politique ou entre le temporel et le spirituel. La politique est un catalyseur qui est promu au rang de culte. La religion ne peut être une affaire personnelle, mais une affaire publique et une façon de vivre. La séparation entre la religion et l'Etat contredit le message de l'Islam et tout appel à leur séparation est une atteinte à la pensée islamique » soutient le parti islamiste, majoritaire au sein de l'Assemblée constituante. « La religion est une méthode totale qui touche à la vie des particuliers, des affaires de la famille, de la situation sociale, des fondements de l'Etat et des relations avec le reste du monde », ajoute Ennahda. Et cette vision est aussi partagée par d'autres groupes parlementaires à l'instar de la formation politique de Hachmi Hamdi, La Pétition populaire, qui veut aussi que la nouvelle constitution soit basée sur l'islam. Droits et liberté de culte « Nous voulons que soit stipulé dans la constitution que l'arabe est notre langue, l'islam, notre religion, le Coran, la Sunna, et l'unanimité des fuqahâ, nos principales sources de législation », prône le parti Liberté et Dignité. Cependant, pour rassurer les partenaires au développement de la Tunisie, qui s'inquiètent de l'instauration d'un régime purement islamique dans le pays, Ennahda se dit prêt à œuvrer pour mettre en place une constitution « respectant les droits fondamentaux du citoyen, la liberté de culte, de pensée, de l'habit, et criminalisant toutes les formes de torture ». Mais cela est loin d'être un gage pour l'opposition et les laïcs tunisiens. « Nous plaidons pour le respect des fondements de l'Etat civil, des droits et des libertés, notamment la liberté de culte, et celle de la société civile », a fait savoir l'opposant Fadhel Moussa. Ils sont nombreux d'ailleurs à pointer l'influence du Qatar dans la situation dans la mesure où Ennahda semble avoir signé un pacte avec ce pays du Golfe, qui a joué un rôle important lors de la révolution tunisienne notamment par le biais de sa chaîne Al Jazeera. Une chose est pour le moment sûre, c'est que le débat est loin d'être clos sur le sujet.