Moncef Marzouki, militant longtemps réfugié en France et leader du parti Congrès pour la République (CPR), sera le prochain président de la Tunisie, grâce à son alliance avec les islamistes d'Ennahda. Moncef Marzouki s'apprête à prendre les rênes du pays. Selon un « accord de principe » conclu vendredi dernier entre les partis Ennahda, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakattol, les postes clés ont été répartis de la façon suivante : Moncef Marzouki, leader du CPR, à la présidence, Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahda, au poste de premier ministre et enfin, Mustafa Ben Jaafar, leader du parti Ettakattol, à la présidence de l'assemblée constituante. Concernant les portefeuilles du gouvernement, les tractations se poursuivaient encore hier. Défenseur des droits de l'Homme Leader du Congrès pour la République (CPR), parti de gauche nationaliste qu'il a fondé en 2001, Moncef Marzouki accède donc aujourd'hui au poste de président grâce à son alliance avec les islamistes d'Ennahda. Très engagé en faveur des droits de l'Homme, il est entré en 1980 à la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), dont il est devenu président neuf ans plus tard, avant d'en être exclu en 1994, lorsque les partisans de Ben Ali ont repris le contrôle de l'organisation. Il s'est également engagé dans les années 90 dans l'Organisation arabe des droits de l'Homme, basée au Caire, ou encore dans la section tunisienne d'Amnesty International. Après de nombreuses années dédiées à la défense des droits de l'Homme, il crée en 2001 son parti, le CPR, ce qui le contraint à l'exil en France, où il poursuit le combat contre le régime de Ben Ali. Il ne fait son grand retour en Tunisie, qu'après la révolution, juste après la chute de Ben Ali. À peine revenu sur le sol tunisien, il déclare le 17 janvier sa candidature à la présidence, avant que son parti ne soit légalisé début mars. Une alliance controversée avec les islamistes Présenté comme un opposant historique au régime, ce médecin de formation a une réputation controversée. Certains évoquent un intellectuel brillant au « parcours irréprochable »,connu pour son intransigeance et ses talents de tribun, tandis que d'autres voient en lieu un homme prêt à retourner sa veste pour accéder au pouvoir, allant jusqu'à lui reprocher d'être « le pion d'Ennahda ». Bien que sans surprise, suite au rapprochement entamé cet été, son alliance avec les islamistes ne fait pas l'unanimité. Répondant à ceux qui l'accusaient d'avoir « pactisé avec le diable », Moncef Marzouki s'était défendu : « Ennahda n'est pas le diable (…), il ne faut pas les prendre pour les Talibans de la Tunisie, c'est quand même une fraction modérée de l'islamisme ». Reste à savoir si le futur président serait capable d'arbitrer les aspirations divergentes des laïcs et religieux dans la Tunisie nouvelle. Une première visite à Alger Moncef Marzouki et Hammadi Jebali, le futur Premier ministre, ont choisi Alger comme destination symbolique pour leur première visite officielle à l'étranger. C'est en tout cas ce qu'a affirmé, en exclusivité, le quotidien algérien L'Expression à la une de son édition d'hier. Cette annonce intervient alors que le leader d'Ennahda, Rached Ghannouchi, poursuit actuellement sa visite à Alger, à l'invitation du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika.